Vladimir Iliouchine

ou Gagarine est-il le premier ? 

    Il est possible que le matin du 7 avril 1961, soit 5 jours avant le vol de Youri Gagarine, un autre Russe, Vladimir Sergeyevich Iliouchine ait effectué un vol dans l'espace à bord de la capsule "Rossiya" (Russie). Sa mission ne fut pas une réussite et le héros faillit périr dans ce vol. Ceci fut gardé secret pour des raisons de propagande politique. Un de ses collègues avait été lancé 2 mois auparavant, en secret, le 2 février 1961. Quelque chose d'anormal arriva dès le début du vol et le pilote tomba dans le coma. Incapable de revenir sur Terre avant le début de la seconde orbite, il dut rester dans l'espace jusqu'à la 17e orbite afin de ne pas atterrir sur un sol étranger, il périt dans l'espace.


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   Elliott H. Haimoff de Global Science Productions (une société appartenant à l'église de scientologie: voir ultimax ) a produit un documentaire de 51 mn sur le vol d'  Iliouchine avec l' assistance du reporter moscovite Paul Tsarinsky. Ils consacrèrent 5 ans et  500 000 $ pour la réalisation du film et revendiquèrent les preuves  de la réalité du vol. Ce documentaire fut acquit et diffusé par Public Broadcasting Service aux USA. Plus tard il fut repris et diffusé par d'autres médias autour du vol y compris  Discovery Channel, Horizon et Canadian Broadcasting Corporation. Après avoir vu ce film j'ai été intrigué et j'ai cherché à comprendre. Pour vous donner une idée de l'affaire, voici une transcription de ce film dont l'adaptation française de Vidéoadadpt fut diffusée sur Planète et les sites qui vous permettront de l'approfondir.

Vostok de Gagarine    Le 12 avril 1961 les médias soviétiques annoncèrent le lancement, la mise en orbiteYouri Gagarine 1er cosmonaute ? et le retour sur Terre de Youri Gagarine après qu'il eut effectué une orbite autour de notre planète, à bord de Vostok (ci-contre). Officiellement, il fut le premier homme dans l'espace. Cet exploit fut célébré comme il se doit, dans le monde entier, sauf en Chine. Plus loin, l'explication semblera convaincante. Depuis, Gagarine s'imposait parmi les plus grands hommes de l'Histoire.

   Mais le démantèlement du bloc communiste et la mise en place de la démocratie dans la Fédération de Russie, ont donné lieu à une stupéfiante révélation. Certains documents du Kremlin, récemment déclassifiés et mis à la disposition des journalistes occidentaux, ainsi que de nouveaux témoignages, confirmèrent que Youri Gagarine, Le lieutenand-colonel Iliouchinesymbole et figure légendaire de l'empire soviétique, n'était pas le premier, mais le second dans l'espace. Ce titre reviendrait à Vladimir Iliouchine.

  Il serait désormais établi que le lieutenant colonel Vladimir Iliouchine, fut le premier dans l'espace. Bien que de nombreuses fuites aient circulé à cette époque, ce n'est qu'aujourd'hui que les archives du Kremlin et les récits de témoins directs permettent de confirmer ces révélations.

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  Après plusieurs décennies de propagande, de mensonges et de démentis officiels, la lumière put enfin être faite sur l'un des plus grands exploits de l'humanité. Il aura fallu plus de 50 ans d'enquête pour localiser le véritable conquérant de l'espace. A plus de 70 ans, cet ancien général de l'armée de l'air travaille encore comme ingénieur au bureau d'études de Sukkoï, le célèbre avionneur basé à Moscou. Le lieutenant colonel Iliouchine a testé plus de 145 appareils d'essais dont le SU 27, le 1er intercepteur russe.

  Pour rassembler les pièces du puzzle de cette mission spatiale ratée et de l'imposture qui s'en suivie, l'équipe de  reportage d' Elliott H. Haimoff (il produisit plusieurs reportages pour PBS et d'autres radios) a passé 48 heures avec Iliouchine, qui leur a ouvert son musée familial et laissé entrevoir l'incroyable histoire de sa vie. Malgré sa promesse de relater sa version des faits, lors de l'entrevue du 29 juin 1998, il a ensuite annoncé qu'il préférait garder le secret. Cependant, il a divulgué d'autres informations qui prouvent d'une manière irréfutable sa participation au programme spatial soviétique. Pour mieux comprendre ses craintes, il faut se rappeler le fonctionnement du régime communiste de l'époque et le secret défense qui a toujours entouré les programmes spatiaux.

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Le 4 octobre 1957 à 19h28mn34s, l'URSS mit sur orbite Spoutnik 1  Le 4 octobre 1957 à 19h28mn34s, l'URSS accomplit ce que la plupart des experts jugeaient irréalisable. Ils inaugurèrent le début de  l'ère spatiale avec la mise en orbite (226,07/950,59 km, inclinée à 65,1° et parcourue en 96,2 mn) de Spoutnik 1, dont la masse était de 83 kg. La fusée de 29 m de haut avait une masse de 267 t. Plus tard, l'on saura qu'en réalité tout le 3e étage fut satellisé, soit plus d'une tonne, les soviétiques gardèrent cette information secrète pour ne pas dévoiler leur possibilité de lancer une bombe atomique sur les USA. Le succès de cette mission fut accueilli avec un mélange de stupeur et de terreur, car la fusée n'était en réalité qu'un missile amélioré. Le monde prit alors conscience qu'une ogive nucléaire aurait pu être lancée n'importe où sur la Terre. Après le lancement de Spoutnik, relate le Dr Roald Sagdeyev, ancien directeur de l'agence spatiale soviétique, la presse soviétique a publié des communiqués discrets qui annonçaient simplement la mise en orbite de petits objets. Les dirigeants russes ont visiblement été très surpris par l'ampleur des réactions dans les médias internationaux. Ils ont alors compris qu'entre leurs mains, ce petit jouet pouvait devenir devenir un instrument politique et de propagande.

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Sergueï Khrouchtchev, fils de Nikita Khrouchtchev   La réussite de la mission ne fut possible que grâce à l'intelligence et à la détermination du directeur du programme spatial soviétique: Sergueï Korolev, appelé aussi l'homme sans nom. Selon le Dr Sergueï Khrouchtchev, fils de Nikita Khrouchtchev le secrétaire général du parti communiste, aujourd'hui  Senior  Fellow à l'université Brown (New England), Korolev n'était pas un ingénieur de génie, ni un scientifique. C'était un bon ingénieur doué d'une organisation exceptionnelle. Il réussit à gérer un nombre incroyable de personnes. Sergueï Khrouchtchev d'ajouter que sans lui, ils n'auraient rien fait, car tous ces chercheurs se seraient dispersés comme des fourmis.  Il les rassembla et les fit travailler pour lui. Personne ne connaissait Sergueï Korolev, personne ne l'avait rencontré raconte Dennis Ogden, correspondant à Moscou (1955 à 1963) du journal communiste britannique Daily Worker. Il ajoute que personne n'avait jamais entendu parler de lui. Il était toujours cité comme le concepteur, mais jamais nominalement. Il n'apparaissait pas dans les conférences de Presse. Le Comité Nobel contacta les dirigeants soviétiques, dans l'intention d'offrir le prix au concepteur du vecteur du Spoutnik avec toute la reconnaissance et les financements qu'un tel honneur implique. Mais Nikita Khrouchtchev n'était pas prêt à laisser Korolev accepter ce prix en son seul nom et il lui refusa l'autorisation de quitter le pays pour recevoir sa récompense. Il n'y avait aucune explication rationnelle. Sans parler des américains, les Russes eux-mêmes ne comprenaient pas pourquoi on refusait de donner le nom de Korolev, alors que le comité voulait lui remettre le Prix Nobel. La seule réponse fut: " Non, le Nobel ne nous intéresse pas, c'est un secret !". Pour Dennis Ogden, c'était symptomatique d'une société qui commençait à sortir de l'hystérie stalinienne.

  A la fin des années 50, les USA comme l'URSS, savaient que le défi suivant serait d'envoyer un homme en orbite terrestre. Plusieurs pilotes d'essais militaires s'entraînèrent dans chacun des deux pays. Le programme soviétique resta une des branches les plus secrètes de l'armée. Ces pilotes furent appelés Cosmonautes (Astronautes aux USA, Spationautes en France et Taïkonautes en Chine). Le colonel Youri Lyzlov, des forces stratégiques spatiales (1960 à 1986) déclara que les cosmonautes ne seront célèbres qu'après être revenus de l'espace. Avant cela, le secret le plus absolu devait être la règle. Cette interdiction visait à ne pas attirer l'attention sur les futurs cosmonautes, mais c'était aussi un moyen de pouvoir dissimuler la vérité en cas d'accident. Dans les années 60, Thomas Maggard raconte que les photos étaient réduites à l'essentiel et certains détails de l'arrière-plan étaient modifiés sans raison apparente. Sur une photo par exemple, un cosmonaute, à l'entraînement, fut effacé.

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Le missile, R-16 ICBM  En 1960 se produisit une catastrophe qui illustra tragiquement la paranoïa qui entourait le secret défense soviétique. Un missile, R-16 ICBM, se révéla défectueux au moment du lancement. Au lieu de décoller, il resta fixé à la rampe. Au mépris des consignes de sécurité les plus élémentaires, le Kremlin ordonna au chef de projet et à ses ingénieurs de réparer immédiatement la fusée, pour un lancement le jour même. On était en pleine guerre froide.

 Mikhail Yangel (constructeur du missile) et le maréchal Mitrofan Nedelin, responsable des forces stratégiques spatiales voulaient offrir en cadeau à Khrouchtchev, pour célébrer l'anniversaire de la révolution bolchevique du 7 novembre, le lancement réussi du premier missile R-16. En 1960, en pleine guerre froide, l'URSS et les USA sont engagés dans une véritable frénésie de constitution de leurs arsenaux de missiles intercontinentaux. Chez les soviétiques, la difficulté de transformer la Sémiorka en missile opérationnel en raison de l'oxygène liquide, justifia la création du missile R16 (SS-7). C'est le combustible composé Le 24 octobre 1960 une gigantesque boule de feu, de plus de 120 m de diamètre, jaillitd'acide nitrique et d'UDMH qui fut choisi. Le 20 octobre 1960, le missile se trouvait sur une plate-forme du site 41. Le 24 octobre 1960, le maréchal Nedelin, responsable des forces stratégiques spatiales, était assis sur une chaise à proximité immédiate de la fusée, fumant une cigarette. Il était exaspéré des reports successifs. Il incitait le personnel à s'activer. Tout le monde savait que c'était contraire aux règles de sécurité, mais personne n'osa s'opposer au chef de peur de perdre son emploi, relate le Dr Roald Sagdeyev, qui continue en racontant qu'ils étaient plus de 200, y compris les responsables, à se démener lorsqu'une gigantesque boule de feu, de plus de 120 m de diamètre, jaillit, anéantissant tout sur le pas de tir. Il était 18h45, soit 30 mn avant le lancement. De très fortes explosions durèrent environ 20 secondes et l'incendie fit rage pendant 2 heures. Les lueurs  furent visibles jusqu'à 50 km.

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  Quelques minutes avant le désastre, le général Mrykin invita Mikhail Yangel, Kouznetsov et Iosifiyan, (ingénieur en chef des systèmes électriques), à fumer une cigarette en aparté. Iosifiyan persuada aussi Bogomolov, lequel ne fumait pas, de venir avec eux probablement pour discuter de la situation. Dans les mémoires de Chertok, Iosifiyan et Bogomolov voulait parler à Yangel de retarder le lancement (62). Quelques minutes plus tard, sains et saufs par miracle à l'extérieur du complexe, Yangel et les autres, virent la catastrophe qui s'étalait devant eux. Lorsque Yangel informa Khrouchtchev, ce dernier, en colère, lui demanda pourquoi il était toujours vivant.

  Aucune liste des morts n'ayant été dressée, personne ne connaîtra jamais le nombre des victimes. Le plus incroyable, c'est que les soviétiques affirmèrent que la tragédie n'avait pas eu lieu. Il faudra attendre 30 ans avant que le gouvernement ne révèle l'affaire. D'autres documents déclassifiés du Kremlin indiquent que 7 cosmonautes périrent au cours d'entraînements:

  • Aleksei Ledovskiy est décédé le 1 Novembre 1957 lors d'un vol suborbital à Kasputin Yar au bord de la Volga. Il faisait partie du groupe des cosmonautes fantômes.

  • Serenti Shiborin est décédé le 1 Février 1958 lors d'un vol suborbital. Hermann Oberth, le théoricien américain de l'espace, déclarait en 1959, qu'un pilote était mort lors d'un vol balistique à Kapustin Yar. Cependant, il ne révéla jamais ses sources. En décembre 1959, l'agence de presse italienne, Continentale, relatait, selon une source communiste  tchécoslovaque de haut rang, le décès de plusieurs cosmonautes dont Shiborin.

  • Andrei Mitkov décédé le 1 Janvier 1959 lors d'un vol suborbital à Kasputin Yar. Il faisait partie du groupe des cosmonautes fantômes.

  • Ivan Kachur décédé le 27 Septembre 1960 lors d'un vol orbital. Il faisait partie du groupe des cosmonautes fantômes.

  • Piotr Dolgov est décédé le 11 Octobre 1960 lors d'un vol orbital. Le vol fut suivi pendant 20 minutes par des stations en Turquie, Japon, Suède, Angleterre et Italie. Il faisait partie du groupe des cosmonautes fantômes.

  • Grachev décédé le 15 Septembre 1961 lors d'un vol orbital. Il faisait partie du groupe des cosmonautes fantômes. Un cratère lunaire porte son nom, sur la face arrière de la Lune.

  • Alexis Belokonyov décédé le 15 Mai 1962 lors d'un vol orbital. Il faisait partie du groupe des cosmonautes fantômes. 

  Ces cosmonautes ne furent jamais reconnus comme les pionniers qu'ils ont été, eux qui ont sacrifié leur vie pour la conquête de l'espace. Ils restent de simples noms sur la liste secrète des cosmonautes disparus à l'entraînement. Pour Gordon Feller, historien et journaliste de l'Union soviétique et éditeur de Russian Business News, la plupart de ces hommes ont réalisé qu'ils s'étaient faits roulés et ils étaient très en colère. Hélas, ils ne pouvaient rien faire. Ils n'avaient nulle part où aller et il n'y avait pas de presse libre. Ils ont raconté leur histoire aux membres de leur famille, mais que pouvaient-ils faire de plus ? Pour le colonel Youri Lyzlo des forces stratégiques soviétiques, tout était basé sur la propagande et le secret. Tout le monde le savait bien et ce que disaient les radios et les journaux était une chose, mais la réalité était très différente. 

  A cela, Dennis Ogden (correspondant à Moscou (1955 à 1963) du journal communiste britannique Daily Worker) ajoute que ce que les responsables soviétiques de la propagande ne comprenaient pas, qu'en rapportant les difficultés, les problèmes, les erreurs, les accidents et les défaillances, ils auraient dressé un portrait beaucoup plus favorable de l'URSS. A force d'affirmer que tout était parfait, ils minimisaient les accomplissements du pays et de son peuple. Présenter les choses de cette façon, c'était sous-estimer l'héroïsme, la lutte et les efforts du peuple soviétique. C'était une approche vraiment idiote.

  L' Union soviétique, en médiatisant ses avancées technologiques et en dissimulant ses échecs, permit au communisme d'avoir une très bonne réputation. Partout le communisme était synonyme de réussite. Khrouchtchev est littéralement obsédé par l'idée d'être le premier à envoyer un homme dans l'espace. Il ordonna à Korolev de s'y employer à n'importe quel prix. A l'époque le lieutenant colonel Vladimir Iliouchine était sans conteste le plus célèbre et le plus expérimenté des pilotes d'essais soviétiques. Déjà détenteur de plusieurs dizaines de records de vitesse et d'altitude. En 1959, il établit un nouveau record du monde d'altitude de près de 30 000 m à bord d'un intercepteur SU 9. Cet exploit lui vaut d'être élevé au rang de héros de l'Union soviétique, la plus haute distinction militaire qui est réservée à de rares élus.

  Iliouchine, né le 31 mars 1927, descend d'une grande famille de militaires et d'ingénieurs en aéronautique. Son père Sergueï Vladimirovich Iliouchine était considéré comme un héros et fut un membre privilégié de "l'establishment" soviétique. Il fut un des plus grands constructeurs d'avions. Il construisit la plupart des bombardiers et des chasseurs qui ont sauvé le pays de l'invasion nazie, pendant la seconde guerre mondiale. Lors de la bataille de Stalingrad, l' il-2 sturmovik (ci-dessous) fut le plus célèbre des appareils soviétiques. C'était un avion d'attaque au sol et cela a conféré à son concepteur une grande influence auprès de Staline et de Khrouchtchev.

l' il-2 sturmovik fut le plus célèbre des appareils soviétiques
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  Sergei Vladimirovich Iliouchine compta, par ailleurs, parmi les hommes les plus puissants du pays, lui-même décoré à 3 reprises du titre de héros de l'Union soviétique, il occupa une place de choix au sein du pouvoir puisqu'il était un des principaux représentants du soviet suprême. Après la guerre, il ne tarda pas à réaliser que l'avenir de l'avion passait par une transition de la production militaire, vers la production civile. Il prouva une nouvelle fois son génie en dessinant certains des meilleurs avions commerciaux jamais conçus. Beaucoup considèrent alors le complexe aéronautique Iliouchine comme l'un des plus grands avionneurs civils du monde. Il était très respecté par son travail en tant qu'ingénieur aéronautique et sa contribution majeure au développement de l'aviation civile russe, juste après la guerre, fut primordiale.

  Craignant de rester à jamais prisonnier de la réputation de ce père écrasant, Vladimir Iliouchine mit tout son coeur pour sortir de son ombre. Il était bien décidé à ne pas reprendre le complexe aéronautique familial, au lieu de quoi, il intégra l'école des pilotes d'essais et s'employa par la suite à concevoir et tester des avions de chasse. En 1952, dans un ultime acte de défis, il se fit engager chez Sukkoï, rival direct et ennemi personnel de son père. On raconte que Sergei Iliouchine fut pris d'une telle rage contre son fils, qu'il mit des années à lui pardonner. Vladimir Iliouchine Tout au long des années 50, les 2 hommes n'eurent aucun contact. Dans un premier temps, Vladimir Iliouchine repoussa les propositions qui lui furent faites d'aller dans l'espace. Il n'apparaît pas sur les photos de 1959 publiées dans un reportage du magazine populaire "Ogonyok". A cette période, il avait concentré tous ses efforts à obtenir le record du monde d'altitude. Il rétorqua que l'espace était tout juste bon pour les rats et les chiens de laboratoires. En effet, la capsule spatiale doit être pilotée par des ingénieurs restaient au sol, grâce à des dispositifs télécommandés, les cosmonautes n'avaient pratiquement rien à faire. Le voyage ne présentait donc pas un grand intérêt pour le meilleur pilote d'essais de son temps, un inconvénient certain qui n'empêcha pourtant pas la plupart des collègues d' Iliouchine, eux-mêmes des aviateurs accomplis, de rejoindre le corps des cosmonautes. Mais peu de temps après avoir été fait héros de l'Union soviétique, le pilote changea d'avis. Bientôt il réalisa que son record d'altitude ferait pâle figure, à côté d'une première mise en orbite. A cause, peut-être, d'un formidable coup politique de son père, Vladimir Iliouchine fut autorisé à rejoindre le groupe des cosmonautes un an après que ce groupe soit formé. Il mit alors tout en oeuvre pour devenir le premier homme de l'espace. La conquête spatiale lui apparaissait désormais comme une opportunité personnelle de se démarquer enfin de son père, en devenant à son tour un héros immortel dans un autre domaine que l'aviation. Il subit un entraînement spécial intensif et apparut rapidement comme le plus talentueux des cosmonautes du groupe. Au début de 1961 des photos, publiées en URSS, montraient Vladimir Iliouchine subissant un entraînement spatial.

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  Pour Gordon Feller, le spécialiste de l'Union soviétique, les " Iliouchine " ont apporté à l'Union soviétique un sens très développé de la dynastie. Il y a plusieurs familles qui ont beaucoup compté dans l'histoire de la Russie et les " Iliouchine " sont de ceux-là. Il faut préciser qu'ils se sont toujours distingués dans la même sphère aéronautique et aérospatiale. Selon lui, ce n'est pas un hasard si Vladimir Iliouchine  fut choisi pour cette mission, c'était le candidat idéal. Il avait le bon âge, la trentaine, l'entraînement idéal et un nom célèbre. Si cela avait marché, il était le personnage rêvé. C'est pour cette raison que Feller s'intéressa à cet événement, parce qu'il était logique que les dirigeants communistes l'aient choisi. 

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  Grâce à ses accomplissements professionnels et à l'influence politique de sa famille, le lieutenant colonel Iliouchine se vit enfin offrir l'occasion de devenir le premier homme dans l'espace. Pendant des mois, il se soumit avec ténacité aux séances intensives de rattrapage sans lequel il ne pouvait prétendre être remarqué parmi les cosmonautes qui se préparaient depuis au moins 2 ans. Le colonel Youri Lyzlov déclara qu'il connaissait bien Vladimir et que c'était quelqu'un de très gai et d'intelligent, toujours prêt à rendre service. Pendant l'entraînement, il était très concentré et vérifié toujours méticuleusement les moindres détails. Il accomplissait toutes ses tâches à la perfection s'imposant ainsi comme le meilleur du groupe. Malgré le secret dont s'entoura le programme soviétique, plusieurs fuites précédèrent le vol de Vladimir Iliouchine , sans doute parce qu'il restait aux yeux du monde l'homme qui s'était le plus éloigné de la Terre en battant le record d'altitude.

  Dennis Ogden se souvint d'une photo d' Iliouchine en habit de cosmonaute et on en parlait comme le futur homme de l'espace. Le capitaine Anatoly Gruschenko, armée de l'air soviétique de 1960 à 1972 et aujourd'hui aux USA, était chargé de filmer le lancement sous tous ses aspects. Il raconte que Vladimir Iliouchine était le plus gentil, le plus liant et le plus heureux des pilotes. Il était confiant, déterminé et prêt à réussir sa mission.

  D'après les documents déclassifiés, Iliouchine fut placé dans la capsule "Rossiya" (Russie) qui a été lancé dans le plus grand secret à l'aube du 7 avril 1961. Anatoly Gruschenko raconte qu'il était survolté à l'idée de participer à cet événement. Il se disait que la plupart des gens se contente de lire l'histoire et lui, il en fait partie.

  A l'époque, la CIA et les services de renseignements militaires ne font aucune déclaration pour confirmer ou démentir la détection du lancement ou du vol lui-même. Même après plusieurs décennies, les archives de la CIA et du Département d'Etat restent classifiés. Sans doute les services secret occidentaux ne tenaient-ils pas à dévoiler leur capacité à détecter les lancements et les orbites soviétiques ou bien leurs sources.

  Parmi les premiers reporters qui rompirent le silence, Dennis Ogden affirme avoir vu Iliouchine en combinaison spatiale dans un reportage où il était cité comme faisant partie du corps des pilotes préparés à devenir cosmonautes. Aussi, lorsqu'il entendit dire que Vladimir Iliouchine était allé dans l'espace, il n'en fut pas surpris. Certain de cette information, il chercha à obtenir la confirmation auprès des autorités: ministère de la presse, la Pravda, les Izvestia, l'Agence Tass, l'Etoile Rouge. Partout il obtint la même réponse: "Nous ne savons rien". Ce n'est que plus tard qu'il réalisa qu'on lui mentait. Il fit un compte-rendu dans le Daily Worker, le journal communiste anglais. Il révéla qu'il fut menacé plusieurs fois et craignait pour sa vie et celle de son informateur.

   Avant d'avoir achevé la première révolution,  Iliouchine ne répondit plus aux appels radio des contrôleurs du vol. Il avait perdu connaissance. C'était une répétition tragique que ce qui c'était passé en février. Compte tenu de l'importance de Vladimir Iliouchine, il fut décidé de tenter un atterrissage d'urgence à la 3e orbite. Selon les lois de la mécanique céleste, il ne pouvait revenir au point prévu qu'à la 17e révolution. Les archives révèlent que l'atterrissage eut lieu à la 3e orbite et eut pour conséquence la pose de la capsule, Rossiya, en Chine communiste à une période où les relations entre les deux pays étaient très tendues.

  Si les américains font amerrir leurs capsules par soucis d'économie, les Russes les font atterrir, parce qu'ils disposent d'une très grande surface terrestre. Mais à ce moment-là, les procédures de rentrée n'était pas au point. La procédure normale voulait que le cosmonaute s'éjecte de la capsule à 20 000 pieds (~ 7 000 m) et il touchait le sol en parachute. Les documents du Kremlin indiquent qu'étant inconscient, Ilyushin ne put s'extraire du Vostok et fut gravement blessé lors du brutal atterrissage, mais il s'en sortit vivant. Il fut ainsi le premier à revenir vivant d'un séjour spatial. Capturé par des villageois chinois, puis remis aux autorités chinoises qui le firent hospitaliser. Il fut gardé pendant un an, au titre d' "honorable invité", un euphémisme réservé aux agents étrangers.

   Gordon Feller raconte qu'en lisant les archives soviétiques, il constata que plusieurs documents signalaient, à une époque où les relations sino-soviétique étaient tendues, que les officiels du parti communiste chinois avaient posé diverses questions sur la nature du programme spatial des soviets et sur le rôle d' Iliouchine. Il remarqua aussi que les questions étaient toujours liées à un incident survenu sur leur territoire. 

  Dans son livre Uncovering Soviet Disasters, James Oberg raconte que pour l'URSS, le pire venait de se produire. La mission était un fiasco avec leur cosmonaute aux mains de l'ennemi. Les dirigeants furent totalement désarçonnés. Certains éléments indiquent qu'ils envisageaient d'abord de rendre public l'accident, mais plus tard ils décidèrent d'ignorer les médias étrangers. Finalement, ils démentirent avec obstination en invoquant diverses explications aussi incohérentes que contradictoires. Mais il était trop tard. Dennis Ogden fut parmi les premiers a révélé l'affaire, mais aujourd'hui encore, il refuse de donner le nom de son informateur, haut placé et digne de confiance. Le Times de Londres publia les mêmes informations, de même que les Hongrois, les Yougoslaves et les autres correspondants qui étaient au courant. Ils s'appelaient pour se faire part mutuellement de l'événement et essayer d'obtenir des confirmations. Le jour même, un journaliste français, Edouard Brobovsky, révéla le nom d' Iliouchine et un bulgare ainsi que plusieurs représentant de l'US Air Force révélèrent qu'un essai avait eu lieu. Or, toutes ces sources étaient indépendantes. Cela n'avait pas circulé par le bouche à oreille.

  Au moment de l'atterrissage d'urgence, des fuites révélèrent aux correspondants étrangers à Moscou qu'un vol humain avait eu lieu ou était imminent. Juste un jour après l'échec d' Iliouchine, une décision rapide fut prise pour lancer sa doublure: Youri Gagarine. 

La cabine de Gagarine après le vol.   http://www.russianspaceweb.com/vostok6_sa_2.jpg

   Le vol de Gagarine se termina presque en tragédie au moment de la désatellisation, la cabine (ci-contre) ne pouvant se déconnecter du module de service. Après plusieurs tentatives infructueuses, le module d'atterrissage se sépara finalement, sans raisons apparentes. La manoeuvre de désorbitation se produisit à peu près 10 minutes plus tard et Gagarine se posa en parachute loin de la zone prévue et de l'équipe de récupération. Il fut accueilli par des insultes et des jets de pierres, les paysans l'ayant pris pour un espion américain. L'affaire de l'U2 venait de se produire. Gagarine leur cria qu'il était l'un des leurs et tout rentra dans l'ordre. 

   Quant aux suites du vol d' Iliouchine, les soviétiques continuèrent pendant des décennies à démentir avec véhémence ce qu'ils appellent un tissu de mensonge. Les responsables de la propagande furent chargés de discréditer et de dénigrer les reporters et correspondants étrangers. Ce n'est qu'après la chute du communisme et le démantèlement de l'URSS, que l'accès aux archives du Kremlin permettra de confirmer la véracité de l'histoire.

  Ce sont ses collègues soviétiques qui en parlèrent devant lui, relate Gordon Feller. Ils en parlaient à mots couverts, dit-il, ce qui lui mit la "puce à l'oreille" et le convainquit qu'il y avait quelque chose qui ce ou c'était passé et cela valait la peine de s'y intéresser. Mais ce n'est que 8 ans plus tard qu'il eut accès aux documents. Dans une société qui s'articule autour du secret, les archives doivent être protégées à tout prix, pas pour préserver la mémoire, mais pour préserver la fiction. C'est pour cela, qu'aujourd'hui, il est encore très difficile de mettre la main sur des documents d'archives. Ce n'est que depuis la chute de l'empire soviétique et la déclassification d'un certain nombre de documents probants, que la lumière a enfin pu se faire.

  Gordon Feller a bénéficié d'un coup du sort comme il en arrive parfois. Il réussit à s'introduire dans une bibliothèque et il a eu l'opportunité de lire des choses auxquelles il n'aurait pas eu accès autrement. Il y avait 3 types de documents:

  • ceux sur la préparation du lancement

  • ceux sur la catastrophe elle-même

  • ceux sur les discussions qui suivirent.

  En avril 1961, les médias soviétiques furent de plus en plus véhéments, contradictoires et incohérents dans leur obstination à donner leur point de vue. Selon une première version officielle, le lieutenant colonel Ilyushin n'avait jamais intégré le corps des cosmonautes et il serait en excellente santé. Plus tard, les soviétiques reconnaissaient Vladimir Ilyushin recevant le titre de héros de l'Union soviétique qu'il avait suivi la préparation, mais précisaient qu'un mois avant le vol, il fut victime d'un accident de voiture, ce qui l'empêcha de partir dans l'espace. Plus tard encore, ils prétendirent qu' Iliouchine n'avait pas fait partie du projet, à cause d'un accident survenu en 1959. Les médias soviétiques situent l'accident à un an après et affirment qu'il est resté dans le coma jusqu'en 1961. A l'époque toutes ses contradictions confortaient les journalistes occidentaux dans leur scepticisme. Un des éléments les plus probants fut notamment une photo de Vladimir Iliouchine, datée de décembre 1960, recevant le titre de héros de l'Union soviétique pour son record d'altitude à 28 857 m à bord d'un T- 431, modifié en Su-9. Il n'était visiblement pas dans le coma. A aucun moment le gouvernement ne fit intervenir Iliouchine pour démentir ces informations, mais maintint cependant, par l'intermédiaire des médias, qu'il n'était pas le premier homme dans l'espace. Tout ceci fait dire à Ogden que le pire ennemi de l'URSS était elle-même et qu'il était totalement stupide de vanter l'efficacité de sa propagande.

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  Pour expliquer la présence de Vladimir Iliouchine à Hangchow en Chine continentale pendant 35 jours, les organes de presse officiels annoncèrent qu'il a été envoyé dans un centre médicale de rééducation. Mais là encore, la énième version présenta de multiples incohérences. Pour Thomas Maggard, il y a eu 2 communiqués pour signaler sa présence dans un hôpital de Pékin et dans un autre à Hangchow. Mais il était invraisemblable qu'un homme victime d'un accident de voiture en URSS, fut soigné en Chine, d'autant qu'il était un le plus grand pilote d'essais et le fils du plus grand constructeur d'avions soviétique et que les deux nations était sur le pied de guerre. Des troupes étaient amassées le long de la longue frontière commune. Les médecins soviétiques étaient-ils si mauvais ? Pourtant les dirigeants reconnurent que les infrastructures médicales étaient bien meilleures que les chinoises. Après des recherches, Dennis Ogden ne trouva aucune trace d'un soviétique soigné en Chine.

  Après le vol d' Iliouchine les dirigeants soviétiques sont dans l'impasse. Nikita Khrouchtchev ne peut pas compter uniquement et efficacement sur la propagande pour escamoter le fiasco. Son fils, le Dr Serguéï Khrouchtchev, Senior Fellow à l'université de Brown raconte que lorsque son père est arrivé au pouvoir, la société soviétique était ouverte. Mais avant cela, tout était secret et beaucoup de choses le sont encore. Elles n'ont jamais été expliquées. Les dirigeants se disaient qu'il était inutile de parler des échecs, car ils ne servaient pas les intérêts du communisme. L'ancien directeur de l'agence spatiale soviétique, Roald Sagdeyev raconte que les échecs n'étaient connus que par un cercle très restreint. Il y avait une sorte de transmission orale entre amis. Avec le recul, il ne peut s'empêcher de penser qu'ils ont eu beaucoup de chances de ne pas rencontrer plus de problèmes, car cette façon de dissimuler les erreurs nuisait énormément au programme spatial, d'autant plus que la méfiance était de rigueur. Gordon Feller d'ajouter qu'en économie, comme en politique, la doctrine marxiste-léniniste se targuait d'être une analyse scientifique objective des lois humaines et naturelles. Alors si la théorie est bien appliquée, tout doit être totalement parfait dans la pratique. C'était donc terriblement gênant, non seulement d'en parler à l'extérieur, mais aussi de l'admettre dans les coulisses du pouvoir. Après cela, les dirigeants n'avaient personne à présenter au public, alors même que Nikita Khrouchtchev avait fait du programme spatial le fer de lance de la propagande. Un tel échec était intolérable.

   Par une coïncidence, plus qu'étonnante, le samedi 8 avril 1961, au lendemain de la mission malheureuse d' Iliouchine, Korolev organisa une réunion intense avec divers membres de l'armée et du gouvernement pour leur présenter le prochain premier homme dans l'espace, la doublure d' Iliouchine: le lieutenant Youri Gagarine. Mais cette rencontre ne sera rendue publique qu'après le vol de Gagarine, quant aux images, elles ne seront diffusées que plusieurs années plus tard.

  L'annonce se fit par l'intermédiaire du chef d'Etat-major en des termes sibyllins: "Il est très difficile de faire un choix parmi 6 cosmonautes parfaitement entraînés, mais il faut le faire. Le Haut Commandement de l'Armée de l'air recommande donc le lieutenant Youri Gagarine pour le premier vol dans l'espace. Guermamm Titov sera sa doublure." Dès qu'il fut informé, Gagarine déclara: " Permettez-moi d'assurer au gouvernement soviétique, au parti communiste et au peuple tout entier, que c'est avec fierté que j'accomplirai avec fierté la mission qui m'a été confiée et que je parviendrais à surmonter les difficultés qui pourront se présenter, comme doit le faire un bon communiste."

  Avec le recul, il est difficile de concevoir que le premier homme dans l'espace ait été choisi si rapidement un samedi, avec seulement 3 ou 4 jours de préparation pour le vol le plus mémorable de toute l'histoire de l'humanité. Comparé à Iliouchine, héros détenteur de multiples records, Gagarine fait pâle figure. Frais émoulu de l'école d'aviation, il est encore considéré comme novice. Il n'a aucun accomplissement notable à son actif, mais il est jeune, intelligent, séduisant et membre dévoué du parti communiste.

  5 jours après le vol d' Iliouchine, l'URSS annonça le succès de la mission de Gagarine. Il faut préciser que Nikita Khrouchtchev présent lors du premier lancement, était en vacances au bord de la Mer Noire au moment du vol de Gagarine. La nouvelle qu'on lui apprend au téléphone le prend totalement par surprise. Il rentre immédiatement à Moscou pour y organiser une formidable cérémonie en l'honneur du nouveau héros. D'après certains historiens, c'est le stress dû à l'échec d' Iliouchine, qui aurait poussé le premier secrétaire du parti communiste à partir se reposer au bord de la Mer Noire. Korolev aurait alors prit les choses en main, décidant de lancer Gagarine, sans se soucier des conséquences et sans même prendre la peine de prévenir Nikita Khrouchtchev de la possibilité d'un nouvel échec.

   Il est clair que Gagarine était un instrument politique et le premier secrétaire et son pays l'ont exploité au maximum. Au retour, il fut d'abord accueilli à Moscou, puis il fit le tour du monde. Il était le porte-parole de l'URSS. Il était décrit comme le soviétique moyen, intelligent et courageux. C'était exactement l'image que les dirigeants voulaient donner du communisme.

   Dans un dossier du Département d'Etat américain récemment déclassifié, une note intéressante révèle qu'après le succès de Gagarine, tous les pays du globe ont envoyé des lettres de félicitations à Nikita  Khrouchtchev, tous sauf la Chine, qui a gardé un silence mystérieux. Pourquoi les dirigeants chinois Mao tsé dong et Liu Shaoqi, se sont-ils abstenus d'envoyer une lettre de félicitations à Gagarine. Pourtant toutes les missions soviétiques suivantes furent applaudies par les chinois. Peut-être était-ce un moyen pour montrer au monde qu'ils n'étaient pas dupes: Gagarine n'était pas le premier.

  Pour l'URSS, l'exploit de Gagarine fit oublier Iliouchine. Ceux qui connaissent la vérité comme Dennis Ogden, son informateur, les ingénieurs et techniciens qui ont participé au lancement, furent contraints de se faire les complices d'une composition du silence motivé par le jeune capitaine Anatoly Gruschenko de l'Armée de l'Air (1960 - 1972). Ce dernier déclara que son supérieur l'appela pour lui ordonner, dans des termes très clairs, de détruire tout ce qu'il avait sur Vladimir et de ne pas dire un mot sur cette affaire. Au son de sa voix, il avait compris que sa famille et lui écoperaient d'un aller simple pour la Sibérie avec une adresse définitive.

  Quant à Dennis Ogden, il raconte qu'il fut convoqué au ministère de la presse pour rencontrer un certain Arlobov, ministre. Le comité central l'avait chargé de faire une enquête sur son article. Il s'est penché par-dessus la table et lui dit qu'il ne voulait savoir qu'une chose, le nom de son informateur. il lui répondit qu'il ne pouvait pas pour une question d'éthique. Alors il perdit son calme et insista, car cette personne avait fait beaucoup de tord à son pays. Il ne fut pas expulsé, car il eut été mal vu à l'étranger d'expulser un journaliste communiste.

  Tout au long de cette histoire de propagandes et de démentis, Vladimir Iliouchine fut relégué dans les supercheries, des inventions fabriquées par des reporters occidentaux et à l'imagination débordante. Ogden lui-même fut étiqueté comme menteur éhonté. Cependant les soviétiques ont fait l'impossible pour découvrir qui le renseignait. A l'époque, le KGB le fit suivre en permanence afin de capturer son informateur. Les 2 hommes finissent par craindre pour leur vie. Il raconte qu'un jour lors d'une réception, il sentit que celui qui le filait était derrière lui. En passant la porte, il vit son informateur devant lui. Ce dernier comprit aussitôt et fit semblant de ne pas le voir.

  La Chine et l'URSS partageaient la même hostilité envers l'occident, aucun communiqué de presse ne fut émis concernant le séjour de Vladimir Iliouchine en Chine ou les conditions de sa libération. Le marché conclut entre les deux puissances pour négocier son retour, reste mystérieux. On parle d'accord économique. Il fut sans doute échangé contre des espions, de l'assistance technique et de l'argent.

  Il rentra tranquillement chez lui environ un an après sa mission. Il recommença à travailler chez Sukkoï dans la plus grande discrétion. Thomas Maggard explique que Vladimir Iliouchine représentait une situation problématique pour Nikita Khrouchtchev, tout d'abord parce qu'il était un célèbre pilote d'essais et ensuite parce qu'il appartenait à une grande famille, ceux que l'on considérait alors comme l'élite soviétique. Il semble qu'il fut décidé d'un commun accord que Vladimir garderait le silence.

  L'ingénieur de génie Korolev fut lui-même victime de l'hystérie et du secret qui entoura le programme spatial. Tout comme Iliouchine, il fut privé de la reconnaissance qui lui revenait de droit. Korolev était le concepteur en chef de la fusée qui lança Gagarine. Le comité Nobel voulait attribuer à cet homme un prix pour ce qu'il avait accompli. Nikita Khrouchtchev s'y opposa. Il restera l'homme sans nom jusqu'en 1966, après sa mort. Pour Gordon Feller, il est difficile d'imaginer lorsqu'il mourut, qu'il fut spolié de 2 prix Nobel. Parce qu'il vivait dans une société dominée par la paranoïa et la dissimulation, sa contribution unique à la conquête de l'espace n'a pu être connue du monde qu'à titre posthume. Avec le recul, quand on contemple ces destins et ces personnalités: Khrouchtchev, Korolev, Gagarine et Iliouchine, on ne peut s'empêcher de remarquer qu'il y a une dimension très shakespearienne dans l'existence menée par chacun des cosmonautes après les événements. Bien sûr, si Gagarine n'était pas le premier homme dans l'espace, il le savait probablement. C'est peut-être cela qui l'a fait sombrer dans l'alcoolisme, au point de ne plus pouvoir se maîtriser en public. Il semble qu'il était devenu incontrôlable pour le parti communiste parce qu'il disait des choses très gênantes, voire carrément dangereuses.

   Certains racontent même qu'il a lancé un jour, un verre de champagne au visage de Brejnev, alors secrétaire général du parti, lors d'une réception officiel. Peu de temps après, en mars 1968, il s'écrase aux commandes d'un Mig dans des circonstances suspectes. Par un ultime coup du sort, c'est Vladimir Iliouchine qui dirige la commission d'enquête sur l'accident. Les comptes-rendus sont vagues et laissent de nombreuses questions en suspend.  Iliouchine lui-même signale que le corps de Gagarine n'a jamais été retrouvé. Dans l'épave, un doigt de l'ancien héros fut récupéré et beaucoup d'experts se demandent s'il n'a pas été assassiné par le KGB, sur ordre de Brejnev. Quant au véritable conquérant de l'espace, il continue à vivre avec le souvenir de la vie qui lui fut volée, même s'il sait, au fond de lui, qu'il a permis à l'homme de franchir une étape importante dans la conquête de l'espace.

  La conclusion sera apportée par le capitaine Anatoly Gruschenko de l'Armée de l'Air (1960 - 1972) qui a immigré aux USA il y a plusieurs années. Il se réjouit de la disparition du système communiste en Russie et surtout qu'il n'a plus à se taire pour protéger la réputation de l' Union soviétique et de ses dirigeants. Il déclara que si le KGB venait le chercher, il leur cracherait au visage pour ce qu'ils ont fait à Vladimir qui devrait être vénéré comme le véritable héros qu'il est. Né le 31 mars 1927, après avoir eu une vie bien remplie, il vit à Moscou.

 

Que penser de ce documentaire ?

    Aucune confirmation visuelle n' y est visible. Il n'y a aucune photo ou film montrant Ilyushin à l'entraînement ou au cours de sa mission. Bien que Elliott H. Haimoff décrive la mission d' Iliouchine, les images montrent seulement ce qu'il est en train de raconter. Elles sont trompeuses, rien concernant l'événement n'est visible. C'est tout juste un film d'archives montrant des cosmonautes à l'entraînement. Parfois des intervenants importants font part de leur vécu (Dr. Roald Sagdeyev, Dr. Sergei Khrouchtchev en regard de l'aspect général du système soviétique et de son programme spatial, mais rien sur le vol d' Iliouchine. Les seules évidences qui attesteraient du vol sont:

  • Interview de Dennis Ogden, le reporter qui rompit le silence en 1960.

  • Interview du Captaine Anatoly Gruschenko, qui réside aux USA et qui prétend avoir filmé le décollage.

  • Interview du Dr. Tom Maggard. Il n'était pas présent, mais a obtenu des informations d'un informateur de haut rang.

  • Interview de Gordon Feller, qui déclara avoir consulté les archives du Kremlin concernant le vol.

  "Les déclarations extraordinaires exigent une preuve extraordinaire." - ici nous sommes confrontés à une déclaration, pouvant changer le cours de l'histoire, basée sur les propos de deux hommes.

   A l'opposé, il y a pléthore de récits de première main révélés en Russie, après la chute de l' Union soviétique par ceux qui étaient intimement liés aux événements de cette période. Les journaux intimes et les mémoires des directeurs de programmes ou autres, des cosmonautes et des ingénieurs soviétiques au centre du programme de l'espace ont été édités. Des documents personnels et officiels, les journaux intimes et les notes contemporaines de cette période furent vendus aux enchères et achetés par des musées et des instituts occidentaux. Les plus grands secrets de l'Union soviétique - l'échec du programme lunaire, le désastre de Nedelin, les terrifiantes ogives bactériologiques et nucléaires développées pour leurs missiles - sont dévoilés à l'étranger. Il est certain que la vérité sur Iliouchine devrait être incluse parmi de telles révélations. Mais il n'y a pas eu le moindre indice de source russe. Au cours des deux années qui suivirent la révélation du documentaire d'Haimoff, personne n'est venue  pour le justifier. Un ami d'Ilyushin a déclaré qu'il n'avait jamais entendu parler de telles sornettes.

   En réponse aux doutes au sujet du documentaire, Haimoff a fourni la réponse suivante:

   "Je suis absolument dégoûté par tous ces sceptiques et les clones du genre James Oberg (l'auteur de Uncovering Soviet Disasters) qui ont été dupés pendant ces 40 dernières années; ils sont justes l'expression de leur  aigreur, n'étant pas capables de révéler cette histoire les premiers. Pas un, évidemment, ne peut même prétendre être aussi impliqué que nous dans l'ensemble de cette affaire. Tout ceux qui affirment que ceci est un mythe ou une escroquerie, sont en réalité des escrocs eux-mêmes, pouvant seulement être considéré comme des marionnettes de la propagande russe.....Nous voulons laisser l'Histoire décider de la valeur de la propagande soviétique soutenue au cours des 40 dernières années en tant que modèle de pensée, en sachant la vérité de cette affaire et ne voulant pas passer pour idiot ignorant."

  A cela , un détracteur rétorqua: "Je ne voudrais pas décrire Haimoff en termes acerbes. Mais considérer la quantité de documents qui existent, cela contredit l'affirmation que le vol d' Iliouchine s'est  produit. Nous avons les journaux intimes, jour après jour, de Kamanin, chef des cosmonautes au moment du lancement de Gagarine. Nous avons les mémoires des chefs du projet Vostok, Chertok, Feoktistov, Mishin et beaucoup d'autres qui décrivent avec une pléthore de détails leurs propres activités en relation avec le lancement. Nous savons qui est arrivé au centre spatial pour le lancement et à quel moment, quelles procédures officielles étaient en cours lors du choix des équipages, la préparation du véhicule de lancement, etc... Plus important, nous savons les relier aux procédures et préparations des lancements postérieurs. Il n'y a rien qui indique la véracité du vol.

  Il y a des centaines de photographies réalisées sur des cosmonautes à l'entraînement, de la préparation au retour de vol. Même à l'époque soviétique, les censeurs faisaient des erreurs et laissées voir des photographies montrant des cosmonautes ou des sondes inconnus.
Ceux-ci ont fourni des documents pour les observateurs soviétiques de
l'espace au moment où le secret entourait le programme. Mais malgré ces centaines de photos réalisées avant et depuis la chute de l'Union soviétique, il n'y en a aucune montrant
Iliouchine à l'entraînement, encore moins de son lancement. Contre cette masse incroyable de documents, les défenseurs de la théorie d' Iliouchine n'ont apporté aucun document, aucun témoignage de première main, sauf les déclarations de Mr Gruschenko, mais aucune photo de document.

  Nous sommes disposés à garder un esprit ouvert. Naturellement, si des preuves sont fournies, l'Histoire en serait bouleversée. Mais dans un monde où l'ancien chef du programme soviétique des armes bactériologiques a admis que les missiles ICBM furent équipés d'ogives contenant de l'anthrax et le bacille de la peste, où l'ancien chef du programme lunaire a admis les milliards de roubles gaspillés pour battre les américains, où la mort de centaines de techniciens, ingénieurs, cosmonautes, officiers dans des accidents au sol fut admis, comment l'histoire d' Iliouchine pourrait-elle être gardée secrète ? "

   Voilà, en conclusion, c'est à vous de la tirer: Gagarine, premier ou deuxième ? Le KGB a-t-il était suffisamment prévoyant pour faire disparaître toutes les preuves ? L'avenir nous le dira.

   Paul Tsarinsky a écrit sur le site My Hero.

"... J'étais stagiaire d' Elliott H. Haimoff....un reporter professionnel qui a produit beaucoup de film pour PBS et autres médias. Durant mon stage j'ai été mené à traduire des documents russes en anglais. C'est ainsi que je pris connaissance de l'affaire Iliouchine. J'assure que toute cette histoire est réelle. Il n'y a pas si longtemps il (Haimoff) est allé en Russie pour interviewer Iliouchine. De retour de là-bas, il fit son documentaire et le montra. Il me raconta que la plupart de ses articles sont issues des archives du Kremlin, lesquelles furent accessibles aux occidentaux au cours des années 90.

   Pour plus d'infos, je vous conseille de visiter les sites ci-dessous et l'équipe du site: "My Hero" encourage les visiteurs à lire les informations additionnelles et à donner leur avis et leurs commentaires de cette histoire controversée.

   Robert G Kennedy III dit tout ce qu'il en pense: http://www.ultimax.com/    

http://myhero.com/explorers/feedback.asp

http://www.areacom.it/arte_cultura/lostcosmo/ilyushin.htm 

http://www.space-ship.com/astros/ilyushin.htm

http://www.users.wineasy.se/svengrahn/trackind/Torre/TorreB.html

http://www.friends-partners.ru/partners/mwade/spaceflt.htm

http://www.lostcosmonauts.com/

http://www.astronautix.com

http://www.adlermediatv.com/index.htm

http://www.fas.org/spp/guide/russia/piloted/oberg8810.htm

http://www.friends-partners.org/pipermail/fpspace/2001-July/002009.html

http://www.aulis.com/nasa8.htm

http://www.russianspaceweb.com/r16_disaster.html

  Beaucoup d'informations de cette époque, furent interceptées, lors de conversations radio, par les frères Achille et Giovanni Battista Judica-Cordiglia à Torre Bert en Italie et révélées dans le journal Corriere della Serra. 

Pravda.ru; Apr. 4, 2001; News (English): "Gagarin Was Not The First Cosmonaut" 

Launchspace, Oct./Nov. 1998, Cover Story: "A Tribute to our Fallen Heroes" 
Uncovering Soviet Disasters: Exploring the Limits of Glasnost - chapitre 10: "Dead Cosmonauts". Edition de 1988 de James Oberg, ingénieur et historien: Random House, New York

 

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