Planètes en construction
En utilisant les instruments sensibles de Spitzer, les scientifiques ont vu les premières briques des planètes et des éléments de prévie au plus profond des disques de poussières entourant les jeunes étoiles. Certaines des premières données
du nouveau télescope spatial infrarouge Spitzer indiquent que la Voie
Lactée - et par analogie les galaxies en général - fabrique de nouvelles étoiles à un rythme
beaucoup plus prolifique que les astronomes ne l'avaient imaginé.
Cette découverte inclue
celle d'une quantité significative de glace organique et
d'ingrédients à la base de la vie, éparpillés à travers un certain
nombre de zones hébergeant des planètes en construction ou des
disques de poussières entourant des bébés étoiles et formant la
base des planètes. Pour
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![]() ESO |
"Les données préliminaires suggèrent que chacune des trois cents ou plus protoétoiles ont des disques planétaires, " indique Churchwell. Avant le lancement de Spitzer, les scientifiques ne pouvaient étudier que seulement quelques uns de ces disques, mais aucun des détails vus par Spitzer. Le télescope spatial IR est plus de mille fois plus sensible qu'IRAS, le télescope spatial infrarouge lancé en 1983. Les scientifiques utilisent l'accroissement de sensibilité pour étudier les disques protoplanétaires plus près de l'étoile. Dan Watson et William Forrest de l'université de Rochester ont étudié vingt étoiles dans un autre nuage, le nuage moléculaire du Taureau, qui se trouve plus proche que RCW49, à environ 420 années-lumière (voir ci-contre). Ils ont constaté que les disques entourant cinq étoiles, contiennent de la glace organique. Watson et son équipe ont identifié de l'eau, du méthanol et l'anhydride carbonique à quelques degrés kelvin, à l'aide du spectrographe infrarouge de Spitzer (IRS), qui décompose la lumière infrarouge pour indiquer diverses signatures chimiques. C'est la première fois que les chercheurs trouvent sans ambiguïté ces molécules dans un nuage de poussières formant des disques planétaires. Ces matériaux peuvent aider à expliquer l'origine des planétoïdes glacés comme des comètes. Ces poussières entourées de glace proche du zéro absolu peuvent s'agglutiner dans des comètes ou astéroïdes, lesquels s'écrasent sur des planètes, dispersant la matière organique nécessaire au développement de la vie. Les scientifiques croient que ces comètes ont pu avoir doté la Terre de plusieurs de ses matériaux biogéniques de prévie et une partie de son eau. Mais jusqu'à maintenant le rapport isotopique hélium deutérium de l'eau sur Terre ne permet pas de se prononcer.
Le potentiel des protoétoiles à former les systèmes planétaires est
le principal intérêt des astronomes. Les étoiles sont formées à
partir de disques d'accrétion de poussières froides et de gaz. Les étoiles naissantes se développent
à partir de tourbillons de matière à l'intérieur du disque. Les
astronomes pensent que le même disque fournit la matière première
des planètes. Churchwell a noté que les protoétoiles développent des
systèmes planétaires à partir de ces disques d'accrétion.
Le dessin ci-dessus montre le spectre obtenu avec le spectrographe
infrarouge de deux jeunes étoiles enfouies au fond d'un disque
protoplanétaire. Ces épais disques de gaz et de poussières sont le
surplus de matière ayant servi à la création des étoiles. Les
courbes sont la représentation graphique des caractéristiques lumineuses
d'un objet. Ces caractéristiques ou empreintes digitales,
à l'intérieur d'un spectre, permettent aux astronomes d'identifier la composition chimique de l'objet.
Dans les deux spectres infrarouges, la présence de produits chimiques importants
pour la formation de nouveaux mondes
est clairement visible. La large dépression au centre de chaque spectre signifie la présence
des silicates chimiquement semblables au sable de plage. En fait,
ces silicates peuvent être comparés avec les célèbres plages vertes
d'Hawaï, qui doivent leur couleur aux cristaux d'olivine contenus dans
le sable. Dans le fond, cette
vision artistique dépeint une vue rapprochée des minuscules cristaux
d'olivine composant les grains de poussières, comme le pensent une partie
des scientifiques, devenant le ciment de la glace profondément enfouie dans le disque.
L'épaisseur, révélée par le
taux d'absorption des silicates, indique que le cocon poussiéreux entourant
la
protoétoile enfouie, est extrêmement épais. Les
autres creux d'absorption sont produits par l'eau en bleu, le méthanol en
rouge et le dioxyde de carbone en vert. Le fait que l'eau, le méthanol et
le carbone apparaissent sous forme solide suggère que la matière
entourant la protoétoile est très froide.
CoKu Tau 4
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Watson, enthousiaste, a déclaré qu'ils avaient vu des embryons de planètes habitables. Les étoiles, que son équipe examine, sont toutes suffisamment jeunes, de quelques milliers à un million d'années . Des étoiles, comme le Soleil dans son premier âge, entourées de matière organique peuvent se développer jusqu'à former des systèmes solaires.
Ce processus aurait débuté autour d'une étoile connue sous le nom de Cohen-Kuhi Taureau 4 ou CoKu Tau 4. Tandis que la plupart des disques protoplanétaires que les scientifiques détectèrent, sont solides, celui autour de CoKu Tau 4 possède un trou au milieu. Il y a plusieurs explications possibles pour ce trou, explique Watson mais la cause la plus réaliste est une planète géante gazeuse, satellisée autour de l'étoile, balayant la poussière. Ce serait la planète la plus jeune, jamais découverte. Les calculs indiquent que la planète possible pourrait être au moins aussi massive que Jupiter et sa formation pourrait apparaître similaire au chemin que nos planètes gazeuses ont suivi, il y a des milliards d'années.
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Mais CoKu Tau 4 est seulement âgé d'environ 1 million d'années et la théorie favorite la plus courante, sur la formation des planètes, indique qu'elle devrait prendre la forme d'une planète géante gazeuse en plusieurs millions d'années. Cette théorie, connue comme "accrétion du noyau", soutient que la formation de planètes est un processus en deux étapes dans lequel un noyau de glace ou de roche se forme d'abord, suivi de l'accrétion rapide des gaz et des poussières. Ce n'est que lorsque le noyau sera assez gros qu'il pourra retenir le gaz autour lui. De toute façon, CoKu Tau 4 est encore trop jeune pour que cela se produise, ce qui donne une nouvelle vie à la théorie défavorisée "instabilité du disque". Dans cette théorie, la propre pesanteur des nébuleuses protoplanétaires les disloquent en blocs de poussières et de gaz, qui se contractent et s'effondrent en géantes gazeuses.
Bien que ces résultats n'affectent pas leur avis sur la formation des planètes telluriques, qui ne peuvent se former que par collision de matériaux solides, ils indiquent que des systèmes solaires comme le nôtre pourraient être plus fréquents que les chercheurs le pensaient précédemment. Il y a une abondance de pépinières stellaires comme celles de RCW49, dans la Voie Lactée. Si des géantes gazeuses peuvent se former rapidement autour de quelques étoiles, elles seraient capables de mieux protéger les petites planètes semblables à la Terre de la plupart des risques inhérents à un système solaire externe. Et si elles ne faisaient pas ce travail parfaitement, certains de ces matériaux organiques arriveraient à s'écraser sur une de ces planètes telluriques.
Disques protoplanétaires
Comment peut-on dire qu'une étoile possède un disque protoplanétaire autour d'elle, quand le disque est trop petit pour être directement visible ? En utilisant la spectroscopie, les scientifiques peuvent déduire la température et la composition chimique de la matière autour d'une étoile, même s'ils ne peuvent pas voir le disque. La spectroscopie nécessite la diffusion de la lumière d'une étoile dans un spectre (en lumière visible, la lumière blanche est diffusée dans l'arc-en-ciel lorsqu'elle traverse un prisme) et permet de mesurer exactement la quantité de lumière présente dans chaque longueur d'onde.
http://www.spitzer.caltech.edu/Media/releases/Image ssc2004-08c_fichiers/ssc2004-08c_small.jpg
http://ipac.jpl.nasa.gov/media_images/ssc2004-08c_small.jpg
L'illustration supérieure représente le spectre d'une étoile sans le disque circumstellaire ou tout autre matière environnante. La distribution de la lumière à n'importe quelle longueur d'onde donnée suit une ligne spécifique et bien connue, déterminée par les lois de la physique et la température de l'étoile. Dans le cas d'une étoile, la majeure partie de la lumière est produite à des longueurs d'onde plus courtes (le côté gauche du diagramme), dues à sa haute température de surface. Se déplaçant vers la droite du diagramme, les longueurs d'onde se dirigent vers les énergies inférieures (indiquant des températures plus basses) et la lumière de l'étoile s'atténue.
Sur le deuxième diagramme, nous voyons le spectre d'une étoile avec, autour, un disque de poussières et de gaz qui produit sa propre lumière infrarouge et modifie la forme du spectre. La matière circumstellaire est plus froide que la surface de l'étoile, ainsi elle émet la majeure partie de sa lumière à des longueurs d'onde infrarouges plus longues, plus près du côté droit du diagramme. Aujourd'hui, il y a un excès d'émission infrarouge, qui ne peut pas venir de l'étoile elle-même. Le disque a donc trahi sa présence.
A l'étape suivante, dans le troisième diagramme, nous voyons le spectre d'une étoile avec un disque circumstellaire autour d'elle. Dans ce cas-ci, la partie intérieure du disque a été balayée, peut-être par la formation d'une planète. La poussière la plus proche de l'étoile était également la plus chaude, ainsi son absence signifie qu'il y a moins d'émission à partir du disque à température plus élevée. La seule poussière produisant la lumière infrarouge est beaucoup plus froide que l'étoile et rayonne seulement à des longueurs d'onde plus longues. Cette basse température fait une bosse sur le spectre indiquant un disque dont le centre est absent et c'est peut être le premier indice que des planètes se sont formées à l'intérieur du disque.
La conclusion viendra du Dr. Michael Werner, Spitzer scientifique dans le projet au JPL pour qui les résultats augmenteront nettement notre compréhension sur la façon dont les étoiles et les planètes se sont formées et nous aideront finalement à comprendre nos origines.
Les données sont en cours d'analyse par une équipe de 20 scientifiques de la ville de Madison et alentours, où fut fabriqué Glimpse ou Galactic Legacy Infrared Mid-Plain Survey Extraordinaire. Les résultats seront archivés et livrés à la communauté astronomique par le Spitzer Space Science Center à Pasadena, Calif.
Les données de Spitzer seront essentielles jusqu'à la prochaine génération de missions que la NASA conçoit pour chasser d'autres planètes habitables. La mission d'interférométrie spatiale (SIM), dont le lancement est prévu en 2009, sondera les étoiles voisines pour trouver des planètes et SIM permettra à des chercheurs de déterminer si le trou dans le disque de CoKu Tau 4 était provoqué par une planète.
JPL manages the Spitzer Space Telescope mission for NASA's Office of Space Science, Washington. Science operations are conducted at the Spitzer Science Center at the California Institute of Technology, Pasadena, Calif. JPL is a division of Caltech. Spitzer's infrared spectrograph was built by Cornell University, Ithaca, N.Y., and Ball Aerospace Corporation, Boulder, Colo. The instrument's development was led by Dr. Jim Houck of Cornell. Spitzer's infrared array camera was built by NASA Goddard Space Flight Center, Greenbelt, Md. The camera's development was led by Dr. Giovanni Fazio of Smithsonian Astrophysical Observatory, Cambridge, Mass.
http://www.spitzer.caltech.edu/Media/releases/ssc2004-08/release.shtml
http://ssc.spitzer.caltech.edu/pubs/apjss/churchwell.pdf
http://www.aas.org/publications/baas/v36n2/aas204/77.htm
http://www.astro.wisc.edu/sirtf/obs.survey.html
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