Europe

   Europe se caractérise par la glace dont l'épaisseur est estimée de un à quelques km. Cette glace apparaît très fissurée et peu cratérisée. 


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  1. Présentation

    Lorsque les sondes Voyager nous firent découvrir Europe, les scientifiques furent frappés par sa surface brillante et lisse. En passant à 773 760km et à 205 720 km, les photos, qu'elles nous transmirent, firent voir une vue d'ensemble qui faisait penser que de la glace recouvrait  sa surface. Son relief est très peu prononcé, moins de 100 m. Le second satellite de Jupiter se caractérise par un albédo élevé (0,64 ou 64%) et une croûte de glace peu cratérisée dont l'épaisseur est estimée de un à quelques km avec beaucoup de fractures. Cette glace apparaît très fissurée. Des volcans de glace ou des geysers sont trahis par la présence de flux de matière gelée sur la surface provoquant des traînées sombres visibles sur les vues de Galiléo.

   Ces fissures peuvent avoir des centaines voire des milliers de mètres de large et des milliers de km de longueur. Elles seraient remplies d'eau gelée, venue de l'intérieur. Elles sont provoquées par un mouvement expansion dû à la marée gravitationnelle, dont Io, Ganymède et Jupiter seraient les principaux responsables. 

   Il ressemble à un oeuf, dont la coquille est fêlée. Sa taille est proche de celle de la Lune

    Sur la photo ci-dessous, la tache brillante est du cratère d'impact:  Pwyll.

 la tache brillante est du cratère d'impact:  Pwyll.

  1. Caractéristiques

Découvert par

Simon Marius et Galiléo Galilée

Date

1610

Masse (tonnes)

4,8.1019

rayon (km)

1 569

distance moyenne à Jupiter en km

670 000

période de rotation (jours)

3,551181

période orbitale (jours)

3,551181

vitesse orbitale moyenne (km/s)

13,74

excentricité de l'orbite

0,009

inclinaison orbital (degrés)

0,47

vitesse de libération (km/s)

2,02

albédo

0,64

magnitude

5,29

température

-143°C à -183°C

    Galiléo a confirmé toutes les données de ses prédécesseurs. Il les a complétées par des découvertes importantes et notamment la présence d'une atmosphère relative, d'un océan de plusieurs dizaines de km de profondeur et une banquise, qui se renouvelle fréquemment, formée de véritables icebergs qui se déplacent. Cette banquise sera auscultée par Europa Orbiter en 2006. Grâce à un radar, la profondeur de glace pourra être déterminée. La recherche de molécules et surtout la détection de méthane seront au La planisphère d'Europe programme. Le méthane n'est produit que par l'activité microbienne, donc la vie. La sonde préparera le terrain pour une mission suivante chargée de percer la glace et d'y faire voyager un petit sous-marin. 

    

 

Ci-dessus la planisphère d'Europe. En grand format 240 kO. 

  1. Le sous-sol

Cette vue d'artiste nous montre l'intérieur d'Europe     Cette vue d'artiste nous montre l'intérieur d'Europe, selon les mesures du champ magnétique déduites de Galiléo. Le noyau métallique est composé de fer et de nickel. Le bloc rocheux est entouré d'une coquille d'eau ou de glace liquide. L'ensemble est dessiné à une échelle représentative.

  Le cœur serait constitué d'éléments radio-actifs qui, en se désintégrant, distilleraient une chaleur importante. Autour de ce noyau rocheux, un manteau d'eau existerait (>50 km ?). Il aurait tout simplement donné naissance à une croûte de glace (< 5 km ?) en raison des basses températures de l'extérieur: de - 183°C à -143°C. 

   Les mesures de Galiléo permettent d'extraire 2 scénarios sur la constitution de la partie "liquide". L'un, celui de gauche (image ci-dessous), laisse entrevoir l'existence d'une couche de glace chaude et convective, localisée quelques km sous la croûte glacée. L'autre, ci-dessous à droite, une couche d'eau liquide de > 50 km. Si la profondeur atteint les 100 km, cela voudrait dire qu'Europe possède plus du double d'eau que la Terre. A la différence de la Terre, le sulfate de magnésium pourrait être un des composants majeurs de l'eau salée. Les océans terrestres contiennent du chlorure de sodium.

Vue schématique laissant entrevoir l'existence d'une couche de glace chaude et convective une couche d'eau liquide de > 50 km
  1. L'eau

   Sur Terre, si l'eau était uniformément répartie, elle aurait une épaisseur de 2,7 km. Sur Europe,  la masse d'eau estimée serait supérieure à celle de la Terre. Son volume est évaluée à 2 ou 3 fois celui de la Terre, pour une épaisseur de plusieurs dizaines de km. 

    Cette eau serait liquide par suite de la chaleur engendrée par l'activité magnétique de Jupiter, qui tel un four à micro-ondes, chauffe l'intérieur d'Europe. Son effet est accentué si l'eau est salée, hypothèse sérieusement envisagée, surtout depuis le 3 janvier 2000, où Galiléo après un survol à 351 km, a vu son magnétomètre détecter une modification du champ magnétique. Cela ne peut se produire que si  un matériau conducteur intervient à l'intérieur d'Europe, tel l'eau liquide salée. Dans ce cas, le flux magnétique développe alors un courant électrique, dont l'effet Joule chauffe l'intérieur d'Europe et son eau. Cette énergie s'ajoute à celle de la radio-activité du noyau et à celle des marées gravitationnelles. 

   La manifestation d'une activité interne est à relier à celle de Io. Le couplage existant, par suite des forces de marées, entre Jupiter, Io, Europe et Ganymède n'y est pas étranger. Un malaxage permanent de l'intérieur existe comme sur Io. 

   Le noyau, chauffé et malaxé, voit cette énergie transférée  vers la surface. Les mouvements de convection provoquent, de même que les effets de marée, les fractures de la croûte. C'est une géothermie basse énergie qui crée une tectonique. Cette chaleur a eu pour conséquence la réduction d'épaisseur de la couche de glace. Les fissures permettent à l'eau de s'écouler en surface avant d'être rapidement congelée. Cette eau devrait être boueuse et chargée de cailloux. La remontée de fluides le long des fractures expliquent la jeunesse de la surface qui se manifeste par une absence de cratères: tout au plus, quelques millions d'années.

nous voyons des zones rouge sombre, s'étirant le long de rides, résultat d'une activité géologique

   Sur cette vue de 200 km x 250 km, nous voyons des zones rouge sombre, s'étirant le long de rides, résultat d'une activité géologique mentionnée ci-dessus. Certains pensent qu'une activité bactérienne pourrait être à l'origine de la couleur rouge. Mais rien ne le confirme. La couleur bleue indiquerait des plaines de glace ancienne. Certains pensent qu'une activité bactérienne pourrait être à l'origine de la couleur rouge. Mais rien ne le confirme. La couleur bleue indiquerait des plaines de glace ancienne.

    Un  processus de formation dynamique de la glace continue d'avoir lieu, témoin, l'absence de cratères anciens (3 de plus de 5 km ont été repérés). Pourtant dans cette partie de l'espace, les astéroïdes ne doivent pas manquer. Les cratères sont donc rapidement comblés et effacés par de nouvelles arrivées d'eau.

retour à Jupiter , Terre (eau) , Système solaire (eau), Univers (eau)

  1. Cratères d'impact

 Cet oeil est l'impact qu'une comète ou bien qu'un astéroïde a laissé sur la surface glacée d'Europe.

   Cet oeil est l'impact qu'une comète ou bien qu'un astéroïde a laissé sur la surface glacée d'Europe. Enregistrée par Galiléo en avril 99, cette photo révèle clairement des fractures concentriques qui couvrent une étendue de 160 km, soit approximativement l'Islande ou Hawaï. Les grosses lignes rouges et les fines lignes bleu-vert recouvrent les fractures de l'impact et doivent donc être plus jeunes que la surface formée après l'impact. Des lignes obliques et presque rectilignes ressemblent à des rayures sur une vitre qui serait posée sur le cratère. Est-ce que l'eau l'aurait comblé puis gelée ? La couleur rouge sombre peut résulter d'une mixture de glace d'eau relativement souillée. 

      L'image ci-dessous a été prise le 19-12-96 et représente la région du cratère Pwyll située 11° S et 276° W  mesurant 1240 km de long. Le Nord est en haut et le Soleil vient de l'Est. Le diamètre des éjectas est de 40 km et les raies claires s'étendent dans toutes les directions et sur plus de 1000 km. Ces projections traversent différents terrains et indiquent qu'elles sont plus jeunes. Leur brillante couleur blanche peut indiquer qu'elles sont composées de fines particules de glace fraîche, à l'opposé des teintes bleues et brunes de vieux matériaux ailleurs sur l'image.

Le cratère Pwyll d'un diamètre de 26 km, semble avoir été créé par un astéroïde    

 Le cratère Pwyll d'un diamètre de 26 km, semble avoir été créé par un astéroïde qui a pénétré en profondeur (10 à 15 km) permettant aux matériaux incandescents de remonter. Il semble être une des caractéristiques les plus jeunes de la surface d'Europe. Il ne faut pas oublier que la gravité causée par Jupiter est telle, que la vitesse de libération est élevée, 20km/s. Aussi la force de percussion est très importante entraînant une perturbation de grande ampleur.

 

 

 

   Ci-dessous, gros plan sur Pwyll. Les régions centrales sont rougeâtres. La remontée de lave en provenance du manteau semble en être l'origine. En conséquence l'océan, à cet endroit, doit être brûlant.

 

gros plan sur Pwyll. Les régions centrales sont rougeâtres

 

     Ci-dessous, une vue du cratère Pwyll, à l'aide d'une simulation sous un angle de 45°. Le relief vertical a été exagéré 5 fois afin d'identifier certaines caractéristiques. Le piton central, qui atteint 700 m de hauteur est très clairement visible.  Pwyll est un cratère inhabituel du Système solaire, car il possède un pic central plus haut que les bords du cratère. En bleu sont représentées les altitudes les plus faibles et le rouge, les plus élevées.

une vue du cratère Pwyll, à l'aide d'une simulation
NASA/JPL

  1. La glace

   Voici une vue spectaculaire du sol d'Europe, prise à 500 km d'altitude. Nous voyons un cahot de creux et bosses. Les taches noires pourraient être des cratères d'impacts. Nous ne voyons que de la glace, mais qu'est-ce que la glace ?

  Loin du Soleil, dans le nuage protoplanètaire, la température était si basse et la pression si faible, que les éléments ayant une température de sublimation très basse se sont solidifiés. Ainsi sont apparus les grains de glace d'azote, de gaz carbonique, de méthane. Quant à la glace d'eau, au-delà de Mars, la glace est une banalité. Elle s'étend jusqu'aux confins du Système solaire. On la retrouve selon les différents arrangements de sa structure moléculaire.

une vue spectaculaire du sol d'Europe, prise à 500 km d'altitude 

 

  Au-dessous de -163°C , on trouve les glaces amorphes, les molécules sont soudées de façon aléatoire, elles sont sans structure. C'est dans l'espace que nous les retrouvons. Au-dessus de cette température, il y a les cristallines faisant partie d'un objet. Plus la pression augmente et plus les formes cristallines deviennent compactes. Il en existe une dizaine de variétés. Leur classement se fait à l'aide de chiffres romains. Celle que nous connaissons est de type I. Elle se forme à une température de 0° à -123°C et sous une pression de 1 atmosphère. Les cristaux y sont constitués en forme de tétraèdre (pyramide) sur des atomes d'oxygène où ils sont au centre et sur les sommets. Les atomes d'hydrogène se placent dans les trous restés vacants. Ce groupe possède en réalité plusieurs variétés tels les glaciers où la glace constitue des roches métamorphiques et la neige, un sédiment. L'enfouissement et le  tassement font partie de sa modification en roche sédimentaire.

Elle se trouve dans la haute atmosphère. Sa structure est à l'image d'un cube dont les sommets sont occupés par d'autres atomes d'oxygène de la molécule d'eau. Sur Europe la température varie de -143°C à -183°C.

 

    En laboratoire les conditions de températures et de pressions sont reproduites pour créer la glace VII. Ces glaces, plus lourdes que l'eau, supportent 100°C sous des dizaines de milliers de bars.

    La connaissance de l'espace nous a permis de découvrir d'autres mondes de glace différents du nôtre. Le passage d'un type de glace à l'autre nous montre le changement de la structure atomique avec d'importantes conséquences macroscopiques entraînant la modification de l'objet. Que nous réserve Europe ?

 

 

 

  1. Falaises de glace

 

Vue ( 1,5 x 4 km) du chaos de Conamara

  Cette vue ( 1,5 x 4 km) du chaos de Conamara (8°N - 273°W)montre, avec une résolution de 9 m, des falaises le long des bords verticaux de plaques de glace. La texture de serpillière des vieux terrains a été cassée en plaques , séparées par des matériaux dont la texture donne l'aspect d'un fouillis inextricable. Les falaises elles-mêmes sont rugueuses et grossièrement échancrées. Des débris lisses sont accumulés au pied des falaises. Comparativement, la hauteur et la taille des falaises au découpage échancré font penser aux célèbres falaises de Mount Rushmore dans le Sud Dakota.

    Cette photo a été prise le 16 décembre 1997 à une altitude de 900 km. Le Nord est en haut à droite et la lumière du Soleil vient de l'Est.

 

  1. Couleur de glace

   En regardant les images d'Europe, nous voyons l'existence d'une action géologique. Des blocs de glace flottent sur la croûte, comme des icebergs. Certains sont inclinés, d'autres tournent sur place.

une petite région du Conamara montre la relation entre la couleur et la structure de la glace

 

   Cette vue (70 x 30 km) d'une petite région du Conamara (9°N - 274°W) de la croûte mince et fracturée, montre la relation entre la couleur et la structure de la glace. Les surfaces de couleurs blanches et bleues ont été couvertes par une fine pellicule de particules de glace éjectées au moment de la formation du grand cratère Pwyll ( 26 km de diamètre) qui se trouve à 1000 km au sud. Un petit nombre de cratères de moins de 500 m sont associés à cette région. Ils ont probablement été formés par la projection de gros blocs de glace éjectés lors de la formation de Pwyll. La surface non recouverte, de couleur rouge-marron,  a été "peinte" par des matériaux transportés et répartis par la vapeur d'eau libérée  de dessous la croûte quand elle s'est fracturée. La couleur d'origine de la glace de surface était probablement d'un bleu profond, comme cela s'est vu ailleurs sur Europe. Le traitement de l'image a été effectué spécialement dans le visible.

   Le Nord est en haut de l'image. Cette image est constituée d'un ensemble de vues prises au cours de 3 orbites. La basse résolution couleur ( violet, vert et infrarouge) a été acquise en septembre 1996, puis combinée avec la moyenne résolution de décembre 1996, pour produire des images de couleur synthétique. Elles furent recombinées avec celles de haute résolution prises le 20 février 1997. Cela donne cette image de 54 mètres de résolution, prise à 5340 km.

 

  1. Thera et Thrace

Thera et Thrace sont 2 régions rouge sombre d'un énigmatique terrain chaotique

  Thera et Thrace sont 2 régions rouge sombre d'un énigmatique terrain chaotique, localisé par 50° S et 180° de longitude. Elles couvrent une surface de 525 x 300 km. Elles pourraient avoir été formées par l'action de l'océan enfoui sous la surface, qui aurait fait fondre la glace avant de geler à nouveau, ou bien de remontée de glace plus profonde.

   Thera (à gauche) mesure 70 km de large sur 85 km de long et apparaît légèrement au-dessus du niveau moyen des plaines alentours. Des fractures incurvées le long de sa limite font penser à un effondrement. Au contraire, Thrace (à droite) est plus long, montre un petit monticule et paraît être au-dessus des vieilles plaines brillantes qui l'entourent.

  Pour obtenir cette image, 2 images furent prises avec une résolution de 225 m, lors de la 17e orbite (26-9-98) et colorisées en basse résolution par les données de la 14e orbite. Les couleurs sont créées à partir du violet, vert et proche infra-rouge (968 nm). Le Soleil est au Nord-Est.

  1. Flexi

Non ce ne sont pas des arabesques dessinées par des petits hommes verts. Ce sont tout simplement les effets de la marée sur un océan sous la glace. Pour l'instant ce serait la meilleure preuve de l'existence d'un océan. Ces  craquelures sont provoquées par la montée, d'une trentaine de mètres, des eaux, lors des marées. A 10 rayons joviens de Jupiter, Europe subit son influence, ainsi que celle de Io et Ganymède. Les chercheurs américains ont appelé les courbes: flexi. Ce sont des craquelures qui apparaissent comme une série d'arcs joints à chaque extrémité en forme d'onde sur toute la surface. C'est l'orbite excentrique causée par Io et Ganymède qui est responsable d'un effet de marée particulier. Lorsque l'effet de marée dépasse la limite de rupture, la glace cède et forme des craquelures. Celles-ci se propagent en faisant un chemin courbe qui suit la trajectoire de l'orbite d'Europe, qui est tiraillé entre Jupiter, Io et Ganymède. La craquelure s'interrompt, lorsque la tension sur la glace retombe au-dessous du point de rupture. Chaque courbe fait de 75 à 200 km de longueur et correspond à une orbite de 3,5 jours, la période orbital d'Europe. Pour en savoir plus, il faut attendre Europa Orbiter qui sera la prochaine mission.

 

  1. Atmosphère

    Une atmosphère très tenue de molécules d'oxygène, représentant les 100 milliardièmes de la pression terrestre, a été détectée par le HST (Hubble Space Télescope) en 1995. Cet oxygène n'est pas produit comme sur Terre par des organismes, c'est un processus purement chimique.

     Galiléo a découvert (en 1996) une ionosphère autour d'Europe, ce qui indique qu'une atmosphère existe. Mais ceci a déjà été découvert sur d'autres corps du Système Solaire lointain.  Sur Europe, sa densité maximale n'est que de 10 000 électrons/cm³, contre 20000 à 250000 dans l'ionosphère de Jupiter, soit 2 fois moins.

     Une ionosphère est une couche de particules composées d'électrons et de ions, qui sont des atomes ayant perdu ou gagné des électrons. L'atome n'étant plus neutre, il devient un ion. Cette couche se situe au-dessus des couches atmosphériques. Elle se crée lorsque les molécules de l'atmosphère s'ionisent. 

     Sur Europe, les radiations solaires de très grande énergie, et surtout ultra-violettes, ainsi que celles issues du champ magnétique de Jupiter, cassent les molécules. La plupart de ces particules frappent le sol gelé et fractionnent les molécules d'eau. La vapeur d'eau générée consécutivement à ces impacts de haute énergie, s'évapore. Dans l'atmosphère se retrouvent molécules d'eau, atomes d'oxygène et hydrogène qui ont été dissociés. Dans ce cocon, la température dépasse celle régnant à la surface. . Un processus transforme, d'autre part, les atomes en oxygène et hydrogène moléculaire. L'extrême légèreté de l'hydrogène le conduit directement dans l'espace, tandis que l'oxygène, plus lourd, s'accumule à une altitude de 200 km et forme le nuage que le Télescope spatial a détecté en le 2 juin 1994. Cet oxygène se volatilise lentement dans l'espace, mais il est constamment renouvelé.

  

  1. Magnétisme

les effets de la marée sur un océan sous la glace   Le champ magnétique de Jupiter change de direction à l'endroit où se trouve Europe, tous les 5½ heures. Ce changement de champ magnétique peut donner naissance à un courant électrique dans un conducteur, tel un océan. Ce courant produit un champ identique au champ magnétique terrestre, mais avec le pôle Nord, vers lequel l'aiguille d'une boussole se dirigerait sur Europe, proche de l'équateur et en mouvement permanent. En effet, il s'inverse toutes les 5½ heures. Avant le survol d'Europe, Galiléo identifia un pôle Nord magnétique, mais n'avait pas déterminé si sa position changeait dans le temps. 

  La nouvelle évidence fut recueillie durant un survol spécialement programmé, afin d'observer scrupuleusement le déplacement du pôle Nord dans le temps. Et en effet, le 10 janvier le dépouillement des données montra que la position était changée, fournissant, selon le patron du magnétomètre, Margaret Kivelson, la preuve de l'existence d'un océan. Il n'est pas possible que ce soit les courants électriques en provenance de l'intérieur d'Europe, car la glace n'est pas un bon conducteur d'électricité, mais si elle est mélangée à du sel, alors elle le devient.

  Selon Kivelson, il n'y a pas d'autres matériaux conducteurs proches de la surface d'Europe. Elle ajoute que le courant doit circuler en partie dans la glace fondue au-dessous de la surface. Mais selon son sentiment, depuis qu'Europe est plus chaud vers l'intérieur, il est probable que la glace soit complètement fondue. De plus, plus l'on va vers l'intérieur, plus la force du courant magnétique généré en surface, doit décroître.

  Ces dernières découvertes sont prises au sérieux. Les précédentes images montrent une surface torturée, apparemment formée lorsque la glace s'est rompue et réaménagée, tout en flottant. Les études futures sont en bonne voie pour analyser la couche liquide et ses propriétés. La question se pose maintenant de savoir si Ganymède ne vit pas le même phénomène. Aussi Galiléo a été programmée pour y effectuer 2 survols cette année.

  1. L'acide sulfurique

   Le spectromètre de Galiléo a permis la découverte d'acide sulfurique sur la surface gelée d'Europe. Cela confirme combien la Lune galiléenne est un endroit bizarre. L'acide recouvre de larges parties de la surface. Cela pourrait anéantir tout espoir de vie. Bien qu'il existe sur Terre des bactéries vivant dans de l'acide, c'est tout de même un produit malsain. Pourtant des avis contraires se manifestent, tel le Dr Kenneth Nealson, chef du département d'astrobiologie, qui s'enthousiasme de cette découverte. Il lui paraît que, bien que cet acide soit nocif, la présence de la vie ne peut pas être exclue. En effet pour faire de l'énergie, ce qui est essentiel pour la vie, on a besoin de carburant et de quelque chose pour le brûler. Le soufre et l'acide sulfurique sont connus comme oxydants ou source d'énergie pour ce qui vit sur Terre. Cette découverte encourage à chercher quelque chose de possible entre l'acide sulfurique à la surface et un carburant naturel produit à l'intérieur chauffé d'Europe.

   Quant à Carlson, le responsable du spectromètre, il déclare que ces découvertes l'ont aidé à résoudre un puzzle de longue haleine. Le spectromètre a montré que la chimie était présente sur Europe. Les taches rouge foncé peuvent être causées par du soufre coexistant avec de l'acide sulfurique. Il propose une théorie sur les atomes de soufre qui proviendraient du volcanisme de Io, éjectés avec des matériaux dans le champ magnétique de l'environnement jupitérien et envoyés vers Europe. Une autre idée ferait venir l'acide sulfurique de l'intérieur d'Europe, sous la croûte de glace, par des geysers d'acide ou suintant à travers des fissures de la glace.

   Le co-auteur de Carlson, le professeur R. Johnson de l'université de Charlotesville,  proposerait que le sodium et le sulfate de magnésium peuvent avoir filtré sur la surface depuis l'océan sous-terrain et avoir été altérés par les fortes radiations. Cela produit de l'acide sulfurique gelé et d'autres composants soufrés. Les nouvelles découvertes sont compatibles avec les analyses précédentes, qui suggéraient déjà la présence de sulfure. 

  1. La vie ?

   La possibilité d'eau liquide sous la glace a alimenté les spéculations sur les possibilités de vie. Europe renferme la plus grande quantité d'eau du Système Solaire. Les exobiologistes placent leurs espoirs dans le fait que la vie pourrait trouver asile dans des sources géothermales sous-marines, comme cela se passe sur Terre, au fond de l'Atlantique. Pourquoi pas des bactéries hyperthermophiles ? Il ne faut pas oublier que les molécules organiques sont présentes un peu partout dans l'espace aussi bien dans les comètes que dans les nuages moléculaires.

   Selon un rapport de l'université de Stanford que j'ai sous les yeux, le professeur Chyba, spécialiste en géochimie et sciences environnementales, déclare que la chimie peut être évoluée sur Europe, favorisant l'émergence d'une vie microbienne. Le rôle des puissantes radiations issues de Jupiter et le froid glacial (-170°C) favoriseraient ces réactions chimiques. Les particules de très grandes énergies cassent les molécules d'eau et de CO2 pour donner par recombinaison d'autres produits comme par exemple le formaldéhyde. Or la plus communes des bactéries terrestres, Hyphomicrobium, survit dans le formaldéhyde qui est sa seule source de carbone. Pourquoi ne nagerait-elle pas dans l'océan d'Europe? Les radiations produisent aussi des oxydants tel le péroxyde d'oxygène et d'hydrogène qui peuvent brûler le formaldéhyde et autre combustible basé sur le carbone. Mais les oxydants et les molécules organiques formés sur la surface d'Europe ne seront bien adaptés que s'il y a un océan. L'eau est source de vie et elle protège des radiations ultra-violettes. La connaissance de l'épaisseur de la croûte sera déterminante pour la poursuite du scénario. Si des microbes sont dans l'eau, il leur faut trouver un moyen d'accéder au formaldéhyde. Les fontes de glace ou les fractures peuvent leur permettre de trouver le chemin les y conduisant pour trouver nourriture et oxydants. Mais cela peut entraîner un accroissement dramatique de la population microbienne, comme cela se produit périodiquement sur Terre. Et Chyba de souligner que le recyclage des océans terrestres a lieu tous les 10 millions d'années, permettant de garder l'équilibre. Sur Europe, il est inutile de penser à des formes de vie terrestres. Il y fait trop froid, le Soleil est trop loin et Jupiter, avec ses radiations, trop près.

  Nous en saurons plus dans 6 ans, le 13 Août 2006, lorsqu' Europa Orbiter arrivera sur les lieux et aura réussi son atterrissage.

 

 

Tiré des propos de Mr François Robert du Muséum d'histoire naturelle et de Mr Pierre Thomas de l'Ecole Normale Supérieure de Lyon.
Air et Cosmos n° 1704.
Ciel et espace n° 315, 321, 325, 338, 343, 355.
Nombreux documents Nasa/JPL.
Bibliographie (Vagabond de l'espace, l'Astronomie, notre ciel, Atlas de l'astronomie, à l'affût des étoiles, science au présent, Astronomie Populaire, Astronomie Universalis)

 

retour à la Vie

Credit: NASA/JPL/University of Arizona.

University of Arizona: http://pirlwww.lpl.arizona.edu/

Galiléo: http://galileo.jpl.nasa.gov/

photojournal: http://photojournal.dlr.de 

JPL/caltech: http://www.jpl.nasa.gov

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