Images insolites de Mars

   Dame Nature n'a pas besoin de petits hommes verts pour réaliser ce que l'imagination humaine interprète. Voici quelques images insolites qui furent découvertes par les sondes américaines et notamment Mars Global Surveyor: le visage, les cœurs, le cercueil, les tuyaux, la carte de France.

 mise à jour:  le 13/03/01 carte de France

  1. Le visage de Cydonia


http://mars.jpl.nasa.gov/mgs/msss/camera/images/moc_5_24_01/face/1976pio.gif

   L'image la plus célèbre fut celle du visage de Cydonia (région de Mars). Lors des opérations Viking 1 en 1976, une seule photographie a intéressé une certaine presse, qui profita de la crédulité des personnes non informées, pour s'enrichir. "Ce visage ne pouvait être que l'œuvre d' extraterrestres" a-t-on pu lire dans la presse dite "spécialisée" et de rajouter "la Nasa nous cache des choses ! ". Avec un petit traitement d'image, le visage devenait facilement humain.  Mais ci-dessous, la réalité est différente. 


http://www.msss.com/education/facepage/face.html

Pour tourner autour du "visage"
avec QuickTime:
http://www.apple.com/fr/quicktime/

   C'est grâce à un jeu d'ombres provoqué par  le Soleil formant un angle de 20 degrés et du manque de résolution des premières images que cette formation montagneuse ressemble à une tête humaine en donnant l'illusion d'avoir des yeux, un nez et une bouche. Les points noirs sont dus à des erreurs de transmission et soulignés par l'agrandissement de la photo, le"visage" étant extrait d'une image de 1873 km de côté. Naturellement les valeurs dimensionnelles ne furent pas communiquées, afin que les gens ne puissent réfléchir (1500m de long et quelques dizaines de mètres de haut).  Or, Mars Global Surveyor, en orbite depuis juillet 1997, a photographié le site. 

     Un des aspects clé de la mission étendue de Mars Global Surveyor (MGS) est de pouvoirNadir pointer la camera MOC (Mars Orbiter Camera) sur une caractéristique particulière digne d'intérêt. Cette chance arrive lorsque la sonde repasse sur une région 10 fois par semaine. Durant la 1ère partie de la mission (mars 1999 - janvier 2001) presque toutes les opérations programmées de MGS furent menées au nadir.

 Pour bien comprendre dans quelles conditions sont prises les vues, voici une explication du nadir.   Le nadir est à la fois un point et une ligne. C’est le point au sol situé directement à la verticale d’un capteur. En d’autres mots, si on trace une ligne droite entre le centre de la Terre et le capteur, le nadir est situé au point d’intersection de cette ligne avec la surface du globe. Il se trouve à l'opposé du zénith. L’ensemble des points de nadir d’un capteur constituent la ligne de nadir (image ci-contre). En photographie, il y a deux points de nadir. Le premier, le nadir au sol, est situé au niveau du sol et correspond au point situé directement sous l’appareil. Le second, le nadir photographique, est situé sur la pellicule photographique directement à la verticale du point de nadir au sol (image ci-dessous). Notez que le point de nadir photographique n’est pas nécessairement situé au centre de la pellicule. Le signal reçu du nadir est une forte réflexion spéculaire de cibles situées à très faible distance en portée. Il en résulte sur l’image des tons très brillants. A cause de la compression des impulsions, le signal puissant se restreint à un petit nombre de pixels en portée. Sur les images à faisceau unique, les ambiguïtés de nadir peuvent apparaître près de la bordure des Nadir images en mode large, obtenues en temps réel ou au centre des images. Dans cette opération, les opportunités d'attraper une petite caractéristique spécifique digne d'intérêt sont rares pour ne pas dire inexistantes. En avril 1988, près d'un an avant que Mars Global Surveyor n'atteigne son objectif, la cartographie de Mars, quelques tests pour vérifier le comportement de la sonde furent menés avec succès (le site d'atterrissage de Pathfinder, le site de viking 1 et la région de Cydonia. Lorsque Mars Polar Lander fut perdu en décembre 1999, les possibilités de Mars Global Surveyor furent mises à contribution pour rechercher sur le site d'atterrissage probable. Continuant la recherche de sites d'atterrissage, les scientifiques planifièrent des observations similaires aux observations au nadir durant la prolongation de la mission. La nouvelle mission commença le 1 février 2001. Le 8 avril 2001 la première opportunité depuis avril 1988, se présenta et la caméra fut pointée sur le célèbre "visage de Mars" qui avait été porté sur le devant de la scène par une certaine presse dite à sensation.

http://www.ccrs.nrcan.gc.ca/ccrs/graphics/glossary/2805_1.gif

http://www.ccrs.nrcan.gc.ca/ccrs/graphics/glossary/2805_2.gif


 Ligne de nadir Des images en basse résolution que le Viking Orbiter recueillies en 1976, révélèrent une forme qui "ressemblait à un visage humain", qui fut localisée dans une zone de transition située entre les hauteurs des régions cratérisées à l'ouest d' Arabia Terra et les basses plaines du nord de Mars,  parmi un millier de collines, buttes, de mesa (plateau formé par les restes d'une coulée volcanique), de crêtes et des bosses. Cette image fut popularisée, par la suite, dans certains livres , tabloïdes, interviews à la radio et télévision et même par des grandes firmes cinématographiques, comme une oeuvre façonnée par des êtres vivants. Etant donné la popularité de ce "visage", une nouvelle vue à haute résolution  fut prise hors de la ligne du nadir (A) (en radar, la ligne de nadir correspond à la portée au sol nulle) le 8 avril 2001, pour obtenir une image  différente du nadir, pour mieux la contrastée, car au nadir il existe un effet fantôme qui se manifeste par des formes linéaires brillantes dont la distance en portée est à peu près constante. 

http://www.ccrs.nrcan.gc.ca/ccrs/graphics/glossary/2805_3.gif  

http://mars.jpl.nasa.gov/mgs/msss/camera/images/moc_5_24_01/face/face_E03-00824_proc_50perc.gif

 En suivant le lien, vous arriverez sur l'image d'origine dont le côté mesure 3,6 km. Sur l'image du dessus, ce qui apparaît être l'œil droit est en fait un trou profond, très visible sur l'image stéréoscopique, anaglyphe, du dessous, avec une paire de lunettes disposant d'un filtre rouge pour l'œil droit et vert ou bleu pour l'œil gauche. Sur l'image du dessus, le point vert vert est le bord en surplomb, tandis qu'au point rouge se trouve un amoncellement de gravas tombés au fond du trou. L'écart entre les 2 points indique la paroi du trou. Au fond du trou on voit une évacuation sur la partie droite.

http://mars.jpl.nasa.gov/mgs/msss/camera/images/moc_5_24_01/face/face_anaglyph.jpg

  Une image prise en juin 2000 fut combinée avec celle prise en avril 2001 pour produire l'image stéréoscopique, anaglyphe, ci-dessus, de la partie Ouest de la colline. Sous l'anaglyphe, en suivant son lien, vous arriverez sur à une image dont la largeur est de 1 km. L'éclairage vient du côté inférieur gauche.

   Le visage restera un bel exemple de la façon dont une information peut-être exploitée pour induire en erreur les crédules à qui l'on veut extraire de l'argent (livres, films, émissions de télévision). L'interprétation d'images spatiales est un métier de spécialistes qui ne s'improvise pas. Il faut savoir maîtriser les données brutes et les paramètres avoisinants. Comprendre la résolution d'image et traduire la taille d'un pixel en mesure sur le terrain par l'intermédiaire des dimensions du capteur, de la focale et de l'angle de champ ne sont pas à la portée du premier venu. J'en sais quelque chose pour l'avoir pratiqué pendant 10 ans.


 
Un traitement d'images doit être appliqué aux images pour faire ressortir des caractéristiques propres à l'objet. Ce traitement nécessite les étapes suivantes:

  1. retirer les différences sensibles entre les pixels adjacents. Cela retire les marques verticales propres à l'intégration sur le CCD.

  2. réhausser les détails en agissant sur le contraste, la brillance de l'image et le filtrage mathématique. 

  3. réajuster par ordinateur l'image qui était déformée par la prise de vue oblique, pour obtenir une projection Mercator idéale.

 

      Ce qui est étrange, c'est de ne pas avoir entendu parler du 2ième " visage ", découvert dans la région de Pavonis Lacus, dans le prolongement de la chaîne des volcans. Une autre image, tout aussi médiatique, n'a pas eu le succès escompté. Les études de la caméra de Mars Global Surveyor ont débuté avec celles de Mars Observer en 1985. Hélas, cette sonde n'arriva pas à destination. Il a fallu attendre MGS pour qu'enfin la caméra fasse des magnifiques photos. Les martiens ont tenu à saluer l'exploit par un sourire. Ils se sont servis du Galle Crater, à l'est d'Argyre Planitia, pour dessiner ce vaste visage souriant de 215 km de diamètre. Il est situé par 51,1°S et 31,3°W. Voir sur la vue globale dans les images. Il avait été repéré par le Viking Orbiter 1. La teinte blanche bleutée est due au givre en cette journée d'hiver martien.

  vaste visage souriant de 215 km de diamètre
http://spaceflightnow.com/news/n0305/17happyface/happyface.jpg

  Je me rappelle qu'il y a quelques dizaines d'années, il en fut de même avec l'un des satellites de Mars (Phobos). Les orbites étant très mal connues, la même "presse" avait parlé de satellite artificiel car l' orbite était rétrograde, donc construit par une intelligence extraterrestre. Naturellement, l'exploit de Mariner 4 et de ses mesures furent passés sous silence.

    Tout ceci provient d'une erreur d'interprétation par suite d'une médiocre résolution des instruments, qui fit croire à Schiaparelli (1835-1910) qu'il avait découvert des "canaux". Il fut l'astronome qui effectua l'étude la plus complète lors de l'opposition de 1877. Il donna les noms aux principales formations, que l' Union Internationale a conservés.

   Or, l'observation avec des moyens modernes pour l'époque, mais rudimentaires de nos jours, trompa les astronomes. En voyant évoluer la calotte polaire et l'apparition de zones sombres à sa périphérie, la vision de végétation devint attrayante. Les aberrations des lunettes, ainsi que la turbulence de l'air firent croire à la présence de  canaux et permit à l'idée du "Martien" de progresser. Depuis l' aventure spatiale, nous savons ce qu'il en est maintenant.

Images Credit: NASA/JPL/Malin Space Science Systems

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