Mars

 9 - Relief, tectonique et magnétisme

      Un grand nombre d'informations se rapportant à des phénomènes contemporains indiquent que Mars possède une activité propre. Le relief de Mars a surpris par sa diversité et son gigantisme dont celui des volcans, qui pourraient être endormis. Dans le Système solaire, elle occupe une place à part.


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  1. Nouveau Monde

   Depuis la découverte du monde martien par Mariner 4, beaucoup de choses ont changé. Ce monde commence à nous devenir familier surtout depuis janvier 2004 où 2 petites voitures l'ont parcouru sur une distance considérable si nous la comparons aux prévisions.


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   Tout commença le 3 janvier 2004 pour Spirit lorsqu'il se posa à 17h35 heure européenne sur le fond du cratère Gusev dont les coordonnées sont longitude 175,472636° et latitude sud 14,5684°. Gusev est intéressant car il semblerait que l'eau s'y soit trouvée au début de la vie de la planète. Cette eau se serait écoulée vers une zone grande comme le Mexique et le Texas réunis par l'intermédiaire d'une longue vallée, Ma'adim Vallis (flèche blanche). Elle est profonde de 2 100 mètres et coupe profondément les montagnes méridionales qui sont topographiquement au-dessous du cratère Gusev (voir illustration ci-contre). H. Irwin III, G. Franz du National Air and Space Museum (NASM) et d'autres ont publié des preuves que la zone inférieure a été  remplie,  par le passé, avec de l'eau dans plusieurs lacs dont l'ampleur, si c'était sur Terre, se prolongerait à travers le Texas et le Mexique. Les zones inférieures sombres présentes dans l'image de Mars Global Surveyor de cette région furent leur point de départ. Les courbes de niveaux purent être établies grâce aux données de l'altimètre laser MOLA. Ainsi les lacs d'autrefois apparurent par colorisation en bleu du niveau zéro, avec une différence de teinte selon la profondeur, bleu foncé pour le plus profond.   

    Pour Opportunity cela se passa le 25 janvier à 6h05 heure européenne, de l'autre côté du cratère Gusev, sur Meridani Planum dans le petit cratère Eagle de 22 m de diamètre et 10 m de profondeur, avec pour coordonnées longitude 354,4734° et latitude sud 1,9462°. Les scientifiques furent étonnés par les affleurements rocheux qu'ils y ont découverts et par la consistance du sol qui apparaît être constitué d'un mélange de gros grains gris qui s'avérèrent être de l'hématite qui se forment habituellement en présence d'eau et de fins grains rougeâtres. Aux scientifiques de déterminer si l'eau provient d'un océan disparu, de dépôts volcaniques altérés par de l'eau chaude ou bien d'autres conditions environnement ales des débuts.

Ce panorama 3D montre l'affleurement à une dizaine de mètres du rover Opportunity.

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Ce panorama 3D montre l'affleurement à une dizaine de mètres du rover Opportunity. Les scientifiques
 pensent que les roches sont soit des dépôts de cendres volcaniques, soit des sédiments fixés par le vent ou l'eau.

  1. Gusev ou une française à l'honneur

 

Ma'adim Vallis et Gusev
http://athena.cornell.edu/images/did_you_know/gusev.jpg

   Elle commença à s'intéresser à la planète Mars en septembre 1985 lorsqu'elle prépara son master en géologie planétaire qu'elle défendit en juin 1986. Elle étudia 2 grands chenaux. Le premier Dao Vallis et l'autre Ma'adim avec en bout le cratère Gusev qui, pensait-on, a dû  être un lac temporaire. Ensuite elle prépara un doctorat sur l'évolution de l'eau sur Mars. Elle choisit 5 grands chenaux afin de se forger une idée et parmi ceux-ci figurait (ci-contre) Ma'adim Vallis, 600 km et Gusev, à l'extrémité, d'un diamètre de 160 km pour une profondeur d'environ 1 500 m. Sur l'image ci-dessus, Ma'adim se trouve en haut et à gauche de l'image. Les Columbia Hills se situent à l'entrée (flèche).

   En 1990, les russes désirent se poser dans le cratère Gusev. Or, personne n'avait travaillé sur celui-ci sauf Nathalie Cabrol. Naturellement, ils firent appel à elle pour en savoir plus, bien qu'elle n'avait pas encore obtenu son doctorat. Elle fut invitée à Moscou en juillet 1990 et présenta, à 25 ans, son travail à l'Académie des Sciences devant un parterre de sommités du monde scientifiques.


Gusev et Ma'adim Vallis

Nathalie Cabrol   En décembre 1991, elle défendit sa thèse et fut post-doc à Meudon. Devant les difficultés à pratiquer sa spécialité, elle partit aux Etats-Unis où elle fut invitée par Edmond Grin pour travailler sur le cratère Gusev. Puis, en 1994, le destin est intervenu sous la forme de Chris McKay, un scientifique planétaire au centre de recherches du NASA's Ames Center (Seti) en Californie. Il consacrait son temps à Meudon deux fois par an. Ils s'étaient rencontrés aux cours de conférences, mais ne s'étaient jamais parlés. C'est au cours d'une rencontre qu'ils en vinrent à parler de Gusev et que l'idée d'une exploration fut émise. Compte tenu des problèmes de survie de Meudon, Chris McKay lui proposa de venir aux Etats-Unis, ce qu'elle fit en 1994. A partir de ce moment sa carrière était toute tracée. Elle devint la spécialiste du cratère Gusev au NRC (National Research Council). En 1998, elle faisait partie des spécialistes de Mars à la NASA. Sa principale recherche  se situe autour des environnements favorables à la vie sur Mars, l' exploration (robotique et humaine) et l'étude des analogues terrestres.

     Après son choix de quitter la France, son 2e grand moment fut lorsqu'elle fut choisie comme scientifique à la mission Mars Exploration Rover 2003 (Spirit et Opportunity). Tout commença en 1999 lorsque Bob Haberle du Nasa Ames Center, lui montra une carte où il avait mentionné les zones où l'eau liquide pourrait avoir été présente. Qu'elle ne fut pas la surprise de Nathalie Cabrol de constater que la carte correspondait à 86 % à ce qu'elle avait mentionné sur la sienne. Lors de la conférence de Sciences lunaires et planétaires en Mars 2000 à Houston, après 25 ans, le visage de Mars changea. D'autres études montrèrent que l'eau pouvait être encore présente, tout au moins dans le pergélisol, sinon dans les calottes polaires.

   C'est en quelque sorte sa faculté à convaincre qui décida la NASA à envoyer Spirit dans le cratère Gusev. Elle et son mari Edmond Grin ont convaincu leurs collègues de choisir le cratère Gusev parmi plus de 184 projets d'atterrissage.

   Pendant des années Nathalie Cabrol et Edmond Grin ont étudié le cratère de Gusev de loin, en utilisant des informations glanées lors des missions précédentes. Mais le 3 janvier 2004 à 17h35 heure européenne, leur rêve était de venu réalité lorsque le rover Spirit atterrit en douceur dans le cratère et qu' ils pouvaient le guider, par procuration, depuis le centre de contrôle sur Terre. Au cours des semaines suivantes, l'équipe du rover annonça avoir découvert des preuves sur la circulation de l'eau il y a bien longtemps, confirmant les espoirs du couple Cabrol - Grin.

    En étudiant les images prises avec les caméras panoramiques à bord des rovers, Nathalie Cabrol et Edmond Grin obtiennent également des instantanés de la jeune Terre. A la différence de Mars, la surface de la Terre est constamment en transformation, effaçant les enregistrements géologiques passés. En conséquence, nous n'avons
aucun enregistrement des organismes qui peuvent avoir vécu avant les roches les plus anciennes, il y a 3,9 milliards d'années.

   Contrairement à la Terre toujours en bouleversement, Mars est une planète relativement stable, avec peu ou pas d'activité tectonique pour modifier les couches géologiques. En conséquence, la surface de Mars présente le rêve d'un géologue, avec des roches très vieilles prêtes à être examinées de manière approfondie et leur composition chimique contrôlée par les instruments scientifiques des rovers. Puisque Cabrol et Grin en apprennent plus sur la surface de Mars aujourd'hui, ils espèrent également gagner en perspicacité dans l'étude des structures de la Terre primitive.

   En 2004 elle a reçu une première récompense (award) pour son travail dans l'équipe scientifique des rovers martiens MER, pour la planification et la mise en application exceptionnels des opérations scientifiques, permettant l'obtention de données qui ont dépassé les espérances d'avant le lancement.

   La deuxième récompense fut pour son support technique et ses efforts pour le développement des équipements scientifiques, pour le support technique, les tests des logiciels et la caractérisation de l'environnement martien dans le cadre des préparatifs des missions MER 2003.

   J'ai connu Nathalie Cabrol avec Audouin Dollfus à la SAF au cours d'un après-midi consacré à la planète Mars. J'en ai gardé un très bon souvenir. Je conseille la lecture de ses nombreux ouvrages.

Nathalie Cabrol: http://web99.arc.nasa.gov/~ncabrol/

Son CV élogieux: http://web99.arc.nasa.gov/~ncabrol/NathLife_new/CV03.html

 

   Cette photo est issue d'un tour d'horizon fait par Spirit au sommet Husband Hill des Columbia Hills dans le cratère Gusev. Ces collines sont situées à l'embouchure de Ma'adim Vallis. 

http://marsrovers.jpl.nasa.gov/gallery/press/spirit/20050429a/Spirit_Lookout_L256t-A413R1_br2.jpg

     Sur une colline surplombant la vallée et la plaine environnante, qu'offre le fond du cratère Gusev, c'est une position avantageuse pour le rover Spirit. Il nous a fait parvenir cette splendide vue, tirée du panorama sur 360° du 29 avril 2005, appelé " Larry's Lookout ". Les mesures dans les traces de Spirit ont révélé que le soufre atteignait une abondance jamais atteinte auparavant. Ce secteur est à une minéralogie sensiblement différente de West Spur, de la première partie dans les Columbia Hills, ci-dessous. L'image de West Spur fut acquise au sol 149 (3 juin 2004) depuis une distance de 300 m. Spirit vient de parcourir les 3,5 km qui le séparait des collines. Plus d'une année terrestre sépare les 2 images. 

http://marsrovers.jpl.nasa.gov/gallery/press/spirit/20040608a/03-SS-02-hills-B133R1_br.jpg

 

  1. Dissymétrie 

   A l'échelle globale, une première constatation s'impose: il existe une dissymétrie entre le relief général et les 2 hémisphères. Cela se traduit par un hémisphère sud nettement parsemé de grands cratères, de dimensions supérieures à une dizaine de kilomètres et un hémisphère nord beaucoup moins tourmenté. Or c'est dans ce dernier que l'on a découvert les formes les plus surprenantes. En outre, l'hémisphère nord recèle en abondance les traces de coulée de laves qui se sont infiltrées à travers  la croûte pour recouvrir les plaines.

  

http://www.msss.com/mars_images/moc/
2005/01/26/2005.01.26.M0204443.medium.jpg

   Au contraire, c'est dans l'hémisphère sud que sont identifiés les cratères plus anciens, formés par l'impact de gros planétésimaux. Hellas (à droite) n'est pas sans rappeler les grands cirques lunaires et les bassins observés sur Mercure. Situé à 45° Sud et 290° Ouest, il représente un disque de plus de 2 000 km de diamètre avec une profondeur de 4 000 m. Presqu'à la même latitude, mais à 45° Ouest se trouve Argyre (à gauche), un autre cratère d'impact de grande dimension. Ces grands basins, tout comme Elysium, sont habituellement recouverts de givre qui leur donne une apparence d'un blanc très brillant.

     Quand on s'intéresse aux cratères d'origine plus récente, ceux pour lesquels les géométries dessinées par les impacts météoritiques sont relativement altérés, on s'aperçoit que leur morphologie dépend de leur diamètre. Par exemple lorsqu'il dépasse 15 km, une sorte de monticule apparaît au centre au milieu d'un terrain plat. La différence avec la Lune doit provenir de la gravité plus forte, retenant la matière éjectée par l'impact. Sur Mars cette particularité offre des possibilités d'observer des images inattendues. Comme par exemple celui aperçu par Mars Global Surveyor.  Ce cratère est situé dans Chryse Planitia, non loin du site de Viking 1, et il ressemble à une tête de mouche. Les 2 dépressions, les yeux, ont été creusées par le vent ou de l'eau. Cette zone a été modifiée par les 2 types d'érosion, avec d'une part l'action de l'eau se produisant dans un passé très lointain par l'intermédiaire d'inondations qui ont traversé la partie occidentale de Chryse Planitia, Maja Valles,  et d'autre part l'action du vent dans une histoire plus récente. Ce cratère est localisé par 22,5° N et 47,9° W.

  1. Plateau Tharsis

    Un autre aspect apparaît sur l'image globale ci-dessus et qui est significatif de l'histoire de la planète. D'après la répartition générale du relief, il est indiscutable que la croûte a dû "travailler". Celle-ci, à l'origine uniformément répartie, à l'image de la croûte lunaire, a probablement subi une redistribution, à cause de mouvements convectifs à l'intérieur du manteau. En effet les scientifiques ont observé que la plupart des terrains où apparaissent d'innombrables cratères, dans l'hémisphère sud, sont relativement anciens et s'élèvent à plus de 3 000 m au-dessus du niveau moyen. Dans l'hémisphère nord, au contraire, les larges plaines immergées de laves sont en général à plusieurs milliers de mètres au-dessous du niveau moyen. Enfin, le plateau Tharsis, dans la région équatoriale (0° de latitude et 115° de longitude Ouest), apparaît comme un renflement de la croûte martienne. C'est sur ce plateau haut de 8 000 m que se situe les volcans les plus hauts. De plus c'est à cet endroit qu'une anomalie positive a été mesurée dans le champ de gravité. On a vu là une indication montrant que les couches immédiatement sous-jacentes au plateau, soit sur une profondeur de 150 km, sont composées du matériau plus dense appartenant au manteau supérieur. Cela, ajouté à la présence des volcans, suggère fortement que cette région est, de toute la planète, celle où doit se trouver localisée la plus grande activée interne. Or, celle qui s'est déroulée au niveau de Tharsis, remonte à une époque relativement récente, il y a 500 millions d'années. Cela signifie-t-il qu'il s'est passé quelque chose qui a contraint le manteau et provoqué le dôme Tharsis ? Il est certain que, lors du processus de formation de ce plateau , il a pu se produire une ponction des matériaux appartement au manteau supérieur. Celle-ci aurait pu provoquer des fractures importantes de la croûte. Or, nous pouvons effectivement apercevoir la trace de cette redistribution dans ce qui ressemble à un fossé d'effondrement, long de 7 000 km, traversant toute la région Tharsis, du nord à l'est. A cause de cette faille, des zones pour le passage du magma ont pu s'ouvrir par la suite dans la chambre magmatique. Ce serait là l'origine de l'activité volcanique dans cette région (apparemment les chercheurs n'ont pas trouvé de tectonique des plaques). Le gigantisme des formations volcaniques et la composition basaltique des roches très résistantes qui couvrent la région de Tharsis se trouvent ainsi expliqués.


 

Tharsis from MOLA
http://ltpwww.gsfc.nasa.gov/tharsis/tharsis-valles-s1.jpg

     La figure ci-dessus montre la topographie du dôme Tharsis. Elle montre aussi comment la formation de ce soulèvement volcanique  a pu affecter le climat et l'écoulement précoce de l'eau sur la surface martienne. le Nord est en haut. (Image Credit: MOLA Science Team)

En haut Alba Patera

Situé au nord du dôme Tharsis, Alba Patera montrent les 2 faces d'un vieux volcan de 1  500 km de diamètre. Il est entouré par un réseau de grandes failles qui prirent naissance lorsque le dôme se souleva de 10 000 m sur 6 000 km. Les failles forment un réseau parallèle bordant des dépressions à fond plat d'une centaine de mètres de profondeur.

Au-dessous à gauche Olympus Mons avec ses 25 000 m de hauteur. Les flancs sont recouverts par des coulées successives de lave qui se sont largement étalées dans les plaines. La caldeira est formée de cratères successifs formés par l'effondrement de leur plancher lors des éruptions.

A droite: Ascraeus Mons

Au centre du triplet: Pavonis Mons

Et enfin, le plus au sud, Arsia Mons avec ses  21 000 m de hauteur, ses 300 km de diamètre et sa caldeira de 80 km de diamètre. Mars Odyssey nous envoie cette image prise avec la caméra infrarouge THEMIS.

Medium image for 20050613A

http://themis.la.asu.edu/medimages/20050613A-med.jpg

    Les structures en forme d'arc le long des parois indiquent plusieurs périodes d'activité, avec éruptions et effondrements après une éruptions. Le plancher de la caldeira est très plat et a été rempli de lave.

   Cette image est une mosaïque de plusieurs images en infrarouge. Les enchancrures au SW et NE sont alignées avec Pavonis Mons et Ascreaus Mons. Cela peut indiquer un large système de fracture qui serait responsable des éruptions qui formèrent les trois volcans.

   Appelés volcans boucliers, ces formations sont de type effusif, car ils doivent à des coulées successives de lave, leur morphologie externe. La grande taille de ces volcans s'explique par l'épaisseur de la croûte martienne qui empêche la tectonique des plaques. Les modèles de structure interne prévoient une écorce de 50 à 60 km d'épaisseur moyenne avec par endroits 80 km et 8 km sous les grands bassins. Elle envelopperait un manteau riche en olivine et en oxyde de fer et au cœur, un noyau métallique de 1 500 à 2 000 km dont la température serait de 2000°C. Il serait constitué de sulfure de fer, moins dense que le métal pur.

    Le volcanisme martien apparaîtra à tous égards "normal". Le moindre volume de laves s'explique par une plus petite dimension. La surface de Mars est 3,53 fois plus faible que la surface terrestre, tandis que sa masse est 9,3 fois plus faible. cela se traduit par un rapport masse/surface 2,6 fois plus petit. C'est ainsi que l'intérieur de Mars fut moins chaud que celui de la Terre, entraînant une croûte plus épaisse. Le magma a eu beaucoup de mal à sortir, mais les effets furent spectaculaire aux endroits où il put le faire. 

  En restant toujours à la même place, les volcans se développent tant que la source magmatique est présente. Ayant tous la même altitude, il est possible que cela corresponde à la limite au-delà de laquelle, le magma ne peut plus monter, en raison de la gravité. La source magmatique se situerait à 200 km de profondeur contre 60 km pour les volcans hawaïens qui ne montent pas si haut (9 000 m depuis le fond océanique) et ont un diamètre à la base de 120 km. Les volcans de Tharsis semblent relativement jeunes et leur activité paraît s'être étendue sur des milliards d'années.

   Les laves martiennes doivent être regardées comme moins abondantes que les laves terrestres. Elles apparaissent plus siliceuses que celles d'Hawaï. Pour une pente de 4% la proportion de silice serait de 50,5% et pour 8%, de 56%. Elles seraient similaires à la croûte terrestre.

    Mars est un monde sismique relativement calme. 2 secousses furent enregistrées pendant une année martienne: la première, de magnitude 7 sur l'échelle de Richter, le 22 novembre 1976 et l'autre de magnitude 3, le 3 janvier 1977. Cela pourrait être la preuve d'une activité qui se déroulerait encore de nos jours.


Voir les volcans martiens.

  1. Olympus Mons

   L'épaisseur de la croûte empêche la tectonique des plaques et de ce fait le dégazage s'effectue au même endroit, créant les volcans les plus grands du système solaire. Le plus célèbre est Olympus Mons (ex Nix Olympica) dont la caldeira de 90 km de diamètre, culmine à 27 km avec une base de 700 km. C'est le plus jeune des volcans de Tharsis. Il serait né il y a 2,5 milliards d'années, tandis que les autres seraient apparus il y a 3 milliards d'années. Arsia et Olympus auraient été encore très actifs, il y a 200 millions d'années.

  Situé à 1 500 km et au NW des volcans de Tharsis, sa base fait environ 700 km de diamètre. Sa hauteur de 25 000 m et sa caldeira de 90 km furent la grande surprise des premières photos de la planète Mars. Sur les 2 vues ci-dessous, un grand escarpement de 6 000 m est visible au premier plan. Olympus Mons fut constitué lors des épanchements successifs. Les coulées successives ont par ailleurs laissé des traces spectaculaires. Sur son sommet, on distingue un complexe de caldeiras. Celui-ci correspond à un enchevêtrement de petits cratères volcaniques formés à la suite de véritables explosions qui se produisirent lorsque la pression, due aux remontées de laves, fut trop grande, et que les bouchons de laves, solidifiés lors de précédentes éruptions, furent projetés violemment à grande distance de la cheminée. Le plus grand cratère effondré mesure 25 km de diamètre pour une profondeur de 3 000 m.


http://www.space4case.com/mars/mars99.html

  Il y a une différence entre les flancs est et ouest. A l'est, la lave a été produite entre 200 et 20 millions d'années. Elle a fusionné avec une couche de glace sur le bouclier volcanique. Ce qui signifie que de l'eau liquide était présente il y a 20 millions d'années. Sur le versant ouest, la lave a été produite entre 200 et 2,5 millions d'années. Elle a emprunté l'eau souterraine pour former des glaciers, il y a 4 millions d'années. 


http://www.xtec.es/recursos/astronom/mars/mgs/mgs2/nov10-4-s.gif

  La figure ci-dessus montre une coupe du relief d'Olympus Mons relevé par l'altimètre laser MOLA (Mars Orbiter Laser Altimeter). Le profil fut mesuré à partir de Mars Global Surveyor au cours d'une orbite elliptique de 35 heures. Avec une base de 600 km, Ce profil ne respecte pas l'altitude du volcan, mais indique sa taille dynamique. En comparaison, l'Everest ne mesure pas la moitié.

  Le profil montre le flanc nord qui s'est effondré, formant comme une auréole gigantesque de presque 500 km de large, au pied du volcan. La topographie détaillée fourni par MOLA sera utilisé pour comprendre le mécanisme d'effondrement. A la lumière des dernières données, l'effondrement serait provoqué par des dégels successifs, occasionnant des coulées de boue monstrueuses.

  La résolution spatiale de ce profil est de 330 m et la résolution verticale de 40 cm. L'exagération verticale est dans un rapport de 40.


 Credit: MOLA Science Team. 

 


http://www.dlr.de/mars-express/images/110204/
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http://www.dlr.de/mars-express/images/110204/
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  Cette vue à l'aplomb de la caldeira montre la complexité du sommet du volcan le plus important du Système solaire. La caldeira possède une profondeur de 3 000 m

   La largeur de l'image est de 102 km pour une résolution de 12 m/pxl. 

  Nous voyons distinctement les effets de la gravitation  qui a provoqué un effondrement en forme de langue d'une partie de la paroi de la caldeira. 

   Largeur 40 km avec une résolution 12 m/pxl. 

   Cette image est la première vue en haute résolution du sommet du volcan, réalisé par la caméra stéréoscopique de la sonde européenne Mars Express le 21 janvier 2004 (orbite 37), depuis une altitude de 273 km. Le centre de l'image est à 18,3° N et 227° E. Le sud est en haut.

Credit: ESA/DLR/FU Berlin (G. Neukum)

 

http://www.dlr.de/mars-express/images/110204/ 

  1. Hauteur limite

     Tous les matériaux solides ont une résistance limite, au-delà de laquelle ils se fluidifient. Ceci implique que les montagnes sont limitées en hauteur, car au-delà de cette limite, elles s'affaissent sur elles-mêmes par suite de la liquéfaction de la base.

    Les chercheurs pensent que cela s'est produit pour Olympus Mons et ses confrères qui semblent limités à 25 000 m. Sur Terre, c'est le Mauna Kea qui bat l'Everest, avec ses 10 200 m depuis sa base, au fond du Pacifique. L'influence gravitationnelle intervenant, cette hauteur limite sera différente selon la taille du corps céleste. Cela explique aussi pourquoi certains petits objets (astéroïdes comme Cérès avec ses 600 km) sont sphériques et d'autres, un peu plus petit, patatoïdes.

    Supposons une roche à la base d'une montagne de hauteur h avec une surface de base S comprenant cette roche. Le poids F exercé sur cette surface est égal à la masse de la colonne de roche de hauteur h, multiplié par le champ gravitationnel : F = mg = rVg = rShg ou r est la densité (masse volumique) de la roche et Sh le volume de la colonne. La pression P (force par unité de surface)) sur la surface S donne donc P = F/S = rhg. Avec P max la pression maximale que peut supporter le matériau dont la montagne est constituée, il vient:

h max = Pmax / rg

   A partir de cette équation supposons une montagne constituée de silicates. Ceux-ci supportent une pression max d'environ 6,5.108 N/m2 et la densité peut-être estimée à 2,6 c'est-à-dire 2 600 kg/m3. Pour une telle montagne terrestre avec g = 9,81, l'équation donne une valeur max de 25 500 m. Or, le Mauna Kea ne fait que 40% de cette valeur. Pourquoi ? Un autre effet entre en ligne de compte. Sur la Terre, l'intérieur est encore chaud et fluide. La croûte a tendance à s'enfoncer sous le poids de la montagne.

 

  1. Activité récente

 

   Tout d'abord, les images de la sonde  européenne Mars Express ont révèlé que de récents dépôts glaciaires et de lave ont coulé sur Mars suggérant que la planète rouge est plus active que beaucoup de scientifiques ne le pensaient.

   Mars Express a photographié des écoulements de lave qui se seraient produits il y a deux millions d'années et cela implique, selon les scientifiques, que les volcans martiens pourraient encore éjecter du magma sur la surface.

   Sur les flancs d'Olympus Mons, des images montrent des matériaux laissés par des glaciers qui étaient en
activité il y a encore quatre millions d'années. Les chercheurs concluent que le gigantesque volcan pourrait encore être couvert de neige, de glace et de poussières à très haute altitude.

   Pour dater les événements, les scientifiques utilisent le comptage des impacts météoritiques par unité de surface. Les régions qui sont lisses comme une peau de bébé ont dû être " resurfacées " récemment, géologiquement parlant.
Le " resurfaçage " peut être fait par de la lave, par l'usure des glaciers ou même l'érosion par le vent. Les structures géologiques révèlent une sorte de processus au travail. 

   Certains champs de lave ont dû être créés très récemment à l'échelle géologique, en raison d'un petit nombre de  cratères d'impact pour le professeur Gerhard Neukum responsable scientifique de la caméra stéréoscopique à l'université libre de Berlin.

   Mais si les volcans sur Mars sont encore en activité, comme Neukum et ses 10 collègues de plusieurs pays le suspectent, pourquoi l'activité n'a-t-elle jamais été repérée ? Des  manifestations se produisent de temps en temps sur de brèves périodes, a déclaré le professeur Neukum et d'ajouter qu'ils seraient extrêmement chanceux si cela se produisait lors d'un survol de Mars Express.

  Les preuves de l'activité glaciaire passée comportent des structures taillées dans la surface tout comme les glaciers terrestres, avec les roches transportées au bas de la pente. En particulier, une arête  mis en évidence sur Olympus Mons s'élevant à plus de 400 mètres au-dessus du terrain environnant. Neukum et ses collègues pensent que c'est une calotte de glace recouverte de poussière.

   D'autres études ont prouvé que les deux pôles martiens contenaient de la glace de l'eau mélangée avec la neige carbonique, et d'autre part, la glace persisterait également sous terre loin des pôles à faible épaisseur.

   D'autre part, les scientifiques ont longtemps cherché à déterminer si la planète Mars avait été géologiquement active  ces derniers millénaires. Une étude en 2001 basée sur des images de Mars Global Surveyor, confirmée récemment par Mars Express, a laissé entrevoir une activité volcanique récente.

   Cette  nouvelle étude, rapportée dans l'édition du 23/12/04 de Nature, concerne cinq volcans: Olympus Mons, Ascraeus Mons, Arsia Mons, Albor Tholus et Hecates Tholus.

   Chaque volcan est dominée par une caldeira, une dépression au sommet qui est le reste effondré des éruptions précédentes. De multiples activités, jusqu'à cinq dans certains cas, se sont produits dans chaque caldeira.

    Pour le professeur Neukum, les coulées de lave furent similaires à celles des volcans hawaïens.

    En déterminant l'âge de différents écoulements de lave, les chercheurs ont constaté que certains des volcans semblent avoir été en activité approximativement 3,5 milliards d'années. Les volcans terrestres, en revanche, naquirent et s' éteignirent en un million d'années, en moyenne.

   Dans l'article consacré à cette recherche, les chercheurs écrivent que la très longue activité des volcans martiens implique également  des points chauds permanents à l'intérieur de la planète. Aujourd'hui, le défi est de savoir pourquoi ces points chauds diffèrent entre les deux planètes

http://www.space.com/scienceastronomy/mars_vulcanism_041222.html

 

  1. Flots de lave et cratère d'impact

 

Perspective view of ‘hourglass’ shaped craters, looking south-ea
http://www.esa.int/images/181-170305-0451-6-3d-01_L.jpg

    Cette image, prise par la caméra stéréo à haute résolution de Mars Express, montre des écoulements très probablement constitués par un ou des glaciers. Cette forme de sablier inhabituelle est située dans Promethei Terra à l'est de Hellas Basin, localisée par 38° S et 104° E.

  Ce (ou ces) glacier, avec une grande quantité d'éboulis, s'écoula du flanc d'un massif dans un cratère en forme de cuvette d'impact (celui de gauche) large de neuf kilomètres, qui a été rempli presque à ras bord. Le glacier s'est ensuite écoulé dans un cratère de 17 kilomètres de largeur, 500 mètres en contrebas, tirant profit de la pente de haut
en bas.

   La surface de Mars aux latitudes moyennes et même près de l'équateur, était formée par des glaciers il y a encore quelques millions d'années. Aujourd'hui, la glace d'eau pourrait exister aux faibles profondeurs comme les restes fossiles de ces glaciers. 

   De nombreuses arêtes concentriques sont visibles et ressemblent à des fins de moraines (tas d'éboulis qui se forment lorsqu'un glacier pousse devant lui des roches  qui restent après le retrait). En outre, il y a des bandes parallèles qui sont interprétées comme des moraines moyennes, montrant le sens d'écoulement de ces glaciers.

   Dans les zones où les glaciers glissent sur une pente élevée, des fissures sont visibles, tout comme pour les glaciers terrestres où des fissures se forment quand les tensions à l'intérieur de la glace augmentent, provoquées par la pente et le terrain irrégulier.

   D'autres structures glaciaires incluant des sillons se prolongent sur plusieurs kilomètres et des collines allongées sont observées sur la surface des montagnes à une certaine distance de zones potentiellement glacées. Ces collines pourraient être semblables aux collines arrondies composées de débris, structures formées sous la glace par écoulement glaciaire ayant pour résultat la compression et à l'accumulation des roches endommagées. Sur Terre, ces collines arrondies apparaissent dans d'anciennes régions glacières comme dans les Alpes bavaroises en Allemagne. Ces structures glaciaires sont vues dans un contexte spatial cohérent, confirmant que ce que les scientifiques voient vraiment sont d'anciens glaciers martiens.

   L'âge de ces surfaces glacées, qui semblent être intactes au-dessus d'une large zone de terrain glacé, présente un intérêt particulier. La preuve typique d'une perte significative du volume de glace, comme les dépressions (kettle hole) actuelles dans des régions exemptes de glace en Islande (ci-dessous), est presque entièrement absente. L'analyse statistique du nombre de cratères formés par des impacts de météorites utilisés pour la détermination de l'âge, montre aussi qu'une partie de la surface, avec ses caractéristiques glaciaires actuelles, a été formée  il y a seulement quelques millions d'années. En planétologie, cet âge est considéré extrêmement jeune.



http://www.fettes.com/Cairngorms/images/kettle.JPG

 

    Sous ces latitudes, la glace à la surface de Mars n'est pas stable sur une longue période à cause de la très faible atmosphère. En théorie, il ne fait pas assez froid pour permettre l'existence de glaciers à l'équateur, certaines journées d'été voient la température atteindre les 20°C cependant que pendant les nuits d'hiver elle descend sous la barre des - 50°C. Mais sous la pression atmosphérique régnante, la glace se sublime (de la glace à l'état gazeux) sans passer par l'état liquide, et elle s'échappe  dans l'espace où elle est dissociée par le vent solaire.

3D anaglyph view of ‘hourglass’ shaped craters

   Par conséquent, les glaciers doivent s'être il y a quelques millions d'années, à une période où il faisait un peu plus chaud et probablement que l'atmosphère était plus épaisse et sont  inactif par suite d'un manque d'approvisionnement continu en glace. Depuis lors, ils ont été protégés contre la sublimation par une mince couche de poussière. Sur Mars, la poussière est presque omniprésente et expliquerait pourquoi de la glace fossile actuelle se trouve à  quelques mètres de profondeur, ne pouvant être détectée que par d'autres instruments tels que des spectromètres ou le radar Marsis de la sonde européenne Mars Express à partir du 17 juin 2005, date à laquelle le radar sera pleinement opérationnel.

   Si ces conclusions s'avèrent exactes, les résultats indiqueraient un changement de climat sur Mars au cours des derniers millions d'années. Un changement si spectaculaire qui a été débattu pendant quelques années par des chercheurs. Il pourrait avoir été provoqué par un décalage à l'axe de rotation en quelques millions d'années, un phénomène connu depuis de longtemps par les scientifiques. 

 

un flot de lave qui a commencé à remplir un cratère d'impact

    La caméra de Mars Global Surveyor vient de nous faire découvrir (17/4/03) un flot de lave qui a commencé à remplir un cratère d'impact. Ce cratère mesure environ 3 km de diamètre, soit 2 fois Meteor Crater. Nous sommes au Sud du plateau Tharsis par 33,5° Sud et 137,5 ° Ouest. Le Soleil éclaire par le haut gauche.

http://www.msss.com/mars_images/moc/
2003/04/17/2003.04.17.R0400338.medium.jpg

 

MGS MOC Release No. MOC2-333

Image format supérieur:

http://www.msss.com/mars_images/moc/2003/04/17/2003.04.17.R0400338.jpg

  1. Cratère fracturé

 


http://www.dlr.de/mars-express/images/270704/valles_m_fract_crater_700h.jpg

   Au nord de Valles Marineris la caméra stéréo à haute résolution de Mars Express a vu un cratère dont la caldeira est fracturée. Avec une résolution de 12,5 m/pxl, les chercheurs ont pu saisir les détails du cratère sud, une partie d'un système double situé par 0,6° S et 309° W, qui possède une structure en plaques polygonales. Le cratère a un diamètre de 27,5 km pour environ 800 m de profondeur.

  Jusqu'à maintenant les chercheurs ne peuvent qu'émettre des suppositions sur la naissance de cette structure. Sur Terre, de telles structures polygonales naissent par étirement d'un matériau qui casse dans les zones les plus faibles. Les modèles polygonaux terrestres peuvent apparaître entre autres dans de la lave qui refroidit, dans l'argile qui sèche ou dans les sols qui gèlent.

   La couleur a été déterminée au nadir et la perspective fut déterminée à partir des voies stéréoscopiques. La résolution a été fortement réduite pour une présentation sur internet.

  L'équipe scientifique de la caméra stéréo à haute résolution, dirigée par Gerhard Neukun (université libre de Berlin), comprend 45 co-responsables de 32 instituts et 10 nations.

http://www.dlr.de/mars-express/images/270704/

 

  1. Cratère Henri en 3D

    Pour voir la 3D, pas besoin de lunette, il faut loucher. En louchant, il faut faire surperposer les point bleu et rouge. Lorsque ceci est obtenu, votre cerveau va reconstituer une 3e image entre l'image vue par l'oeil gauche et celle vue par l'oeil droit, qui sera l'image en relief. C'est facile après un petit entraînement.


http://www.marsunearthed.com/CrossEyed_3D/HenryCrater_X3D.JPG

  1. Cratère Holden en 3D

Pour voir en 3D, pas besoin de lunette, il suffit de loucher. Si vous avez acquis la méthode avec l'image ci-dessus, vous devez admirer le plongeon offert par cette image.


http://www.marsunearthed.com/CrossEyed_3D/Holden_X3D.JPG

  1. Chaos sur Mars

 

 


http://www.esa.int/images/161-040205-0456-6-3d2-01-AureumChaos_L.jpg

  Le terrain sur Mars peut être terriblement chaotique. En fait une région est appelée avec précision par la distribution aléatoire des monticules qui ne suivent aucune logique.

   La région d'Aureum Chaos (3º S et 335º E) est ponctuée de grands mesas et de protubérances distribuées de façon anarchique à la différence des chaînes de montagnes bien alignées rencontrées souvent  sur la Terre. Mais les scientifiques ne savent pas pourquoi.

   Sur Terre, des chaînes montagneuses sont généralement forgées par les collisions entre les plaques tectonique. Sur Mars, il y a peu d'activité tectonique mais d'autres forces remodèlent le paysage. Une grande partie de l'activité géologique martienne a eu lieu il y a bien longtemps et aujourd'hui, elle semble s'être arrêtée, en attendant que la contradiction vienne des volcans.

   Aureum Chaos est située dans la partie est de Valles Marineris, l'énorme faille martienne avec ses 5 000 km de longueur et ses parois de 6 000 à 8 000 m. Les mesas d'Aureum Chaos s'étendent de quelques km à des dizaines de km. 

   La sonde européenne, Mars Express, a permis de révéler les détails de ce terrain chaotique. Sur une image une nette séparation  s'est produite entre le terrain chaotique à gauche et une plaine lisse, à droite. Une zone très brillante est visible au milieu de l'image. Les scientifiques pensent qu'elle est faite de couches successives créées par l'évaporation de liquide ou par une activité hydrothermique. Une autre image (ci-dessus) montre la même région en perspective.

    Les scientifiques européens sont frappés par la complexité de ce chaos. Il est possible que le bassin ait été rempli de sédiments il y a très longtemps et c'est ensuite que le chaos serait apparu. Le terrain extrêmement rocailleux pourrait avoir été créé par effondrement de la surface quand la glace, le magma ou l'eau était à fleur de terre ou d'une manière ou d'une autre déplacés hors de la région.

    En examinant la lumière réfléchie de la région, les scientifiques comptent en apprendre plus sur les minéraux qui la composent, ainsi que les diverses structures géologiques.

    Les chercheurs commencent à peine à comprendre ce qu'il y a sous la surface de la Planète Rouge. Mars Express a révélé des blocs de glace énormes proches de l'équateur. Et en 2002, Mars Odyssey a trouvé des signes forts de la présence de glace d'eau en grandes quantités, à peine cachées sous la surface de Mars.

   D'autres études récentes suggèrent qu'il puisse encore y avoir les volcans actifs sur Mars (ci-dessus).

    Les scientifiques pensent de plus en plus au passé chaud et humide de Mars. Aujourd'hui par suite de modification climatique, l'eau qui a jadis coulé en surface pourrait être enfouie dans le sous-sol sous forme de glace. Si cette vision s'avère exacte, alors les conditions nécessaires à la vie pourraient être présentes quelque part, sous la surface.

 

  1. Valles marineris
 

 

Valles marineris
http://www.spaceman.ca/vm/figure4_big.jpg

 

   Sans conteste, la croûte martienne a "travaillé". Elle aurait subi une redistribution, à cause de mouvements convectifs à l'intérieur du manteau. Le plateau Tharsis en est une preuve, avec ses 8 000 m de hauteur. En se soulevant, il a entraîné une énorme fracture de la croûte, donnant naissance à Valles Marineris, qui est le plus beau site naturel de Mars. Ce canyon complexe doit son nom à la sonde américaine Mariner 9 qui a permit sa découverte en 1972. Pour mémoire, Mariner 9 pénétrera dans l'atmosphère martienne aux environs de 2022. Valles Marineris est un gigantesque système compliqué de longues fosses profondes, imbriquées les unes dans les autres, localisé juste au sud de l'équateur martien. Il mesure environ 5 000 km de long c'est-à-dire qu'il s'étend de part et d'autre des USA. A certains endroits, la largeur s'étale de 50 km jusqu'à largement la centaine de km pour une profondeur pouvant atteindre par endroits 8 000 m à 10 000 m. Au milieu, il y a une dépression de 600 km de large. Le Grand Canyon (Arizona) fait figure de fossé à côté. Valles Marineris est 6 à 7 fois plus profond.  

   Il s'est formé à l'est du dôme Tharsis, par suite du bombement de ce plateau. La croûte s'est d'abord fracturée sous l'énorme pression venue de l'intérieur. Cela rappelle l'effet produit par la cuisson d'un gâteau qui, sous l'action de la chaleur, gonfle et se craquelle. Valles Marineris a été ensuite remodelé par l'érosion éolienne et aquatique, quand l'eau existait sur Mars. Par endroits les scientifiques ont trouvé des traces de grands lacs qui furent recouverts de glace, par la suite, lorsque des ères glaciaires faisaient suite à des périodes plus favorables. 

 


http://antwrp.gsfc.nasa.gov/apod/image/0208/marsglobe_viking_big.jpg

 

  Aujourd'hui, il ne subsiste qu'une série de grands canyons, reliés les uns aux autres, et balayés par le vent. Il est si large qu'un astronaute aurait des difficultés à situer l'endroit dans lequel où il se trouve. N'oublions pas que les longueurs se situes sur des dizaines de kilomètres. Seules les parois gigantesques pourraient l'aider à se rendre compte du lieu, à condition qu'il soit au pied.

   L'histoire géologique du système central (ci-dessous) est complexe: d'abord la surface s'est effondrée en dépressions profondes qui plus tard se sont remplies peut-être de sédiments, comme les sédiments d'un lac. Les failles  formant des grabens  coupent certaines cuvettes plus anciennes, élargissant de ce fait les cuvettes existantes, les surmontant parfois de barrières et formant des cuvettes additionnelles. A partir de là, les dépôts intérieurs ont été localement pliés et courbés et peut-être que l'eau, si elle fut présente, s'est écoulée vers les canaux de sortie. 


Melas Chasma, Candor Chasma et Ophir Chasma. Bild: Copyright ESA/DLR/FU Berlin (G. Neukum).
http://www.dlr.de/mars-express/images/150205/Ophir_Chasma_3d-01_750h.jpg
 
 
 

     Les éboulements énormes sont tombés dans les vides créés par les nouveaux grabens. Les matériaux soufflés par le vent, la plupart du temps de couleur sombre, se déplacent apparemment toujours le long du plancher du canyon et forme localement les dunes remarquables. Le Mont-Blanc tiendrait sans difficulté dans cet effondrement, dont la paroi à une hauteur supérieure à 5 000 m.

http://www.dlr.de/mars-express/images/290405/tithonium_chasma_nd3_270h.jpg

http://www.dlr.de/mars-express/images/290405/hrsc_290405.html

  Sur l'image ci-dessus, le mur fait plus de 4 000 m de hauteur. Les débris se sont effondrés et ont coulé sur plus de 25 km. Le dégel, d'une terre gorgée de glace, serait responsable de tels effondrements.


http://esamultimedia.esa.int/images/marsexpress/191-170505-0449-6-ctxt-01-Coprates_H.jpg

    Cette image montre une partie de la région centrale de Valles Marineris où nous apercevons Coprates Chasma et Coprates Catena. Le chenal de Coprates Chasma apparaît au second plan de l'image et s'étend d'approximativement sur 60 km à 100 km de large pour descendre à 8 000 m au-dessous des plaines environnantes. Le chenal de Coprates Catena au premier plan dont nous voyons ici 2 cuvettes, s'étend de quelques kilomètres à 22 kilomètres de large et jusqu'à 5 000 m de profondeur. Ces cuvettes ont été modifiées par érosion.

   Contrairement à l'aspect relativement tranché des bords supérieurs des parois des cuvettes, les pentes inférieures et les planchers ont un aspect plus affiné, qui est probablement le résultat de la poussière atmosphérique.

   Si pour certains scientifiques c'est la poussée du dôme Tharsis, localisé à l'ouest, qui aurait créé une tension entraînant la fracture géante de la croûte, pour d'autres ce serait l'eau qui aurait sapé le sous-sol, causant l'effondrement de la surface.

  Une théorie suggère que de grandes quantités de glace à fleur de terre ont fondu, entraînant l'effondrement de la surface. Il est possible, qu'au cours du temps, tous ces processus aient agi ensemble pour former le système.

  L'analyse des météorites martiennes, récupérées sur Terre, montrerait qu'une période de réchauffement climatique global serait apparue il y a 300 millions d'années, à cause d'une forte activité volcanique. 

   Des crues importantes se seraient produites dans le nord et le sud de Valles Marineris. Le volcanisme souterrain aurait réchauffé les terrains gelés d'Iani Chaos et de Hydaspis Chaos. Dans le sud, les crues émaneraient de vastes lacs formés au fond de Valles Marineris, au début de son histoire. L'atmosphère se refroidissant, par suite de modifications des paramètres orbitaux, les lacs se seraient couverts de glace. Mais les séismes, provoqués par le volcanisme, ont ébranlé les barrages naturels en libérant des quantités d'eau gigantesques en peu de temps, inondant les terrains en contrebas. Un déluge de boues et de roches entraîna tout sur son passage.

   Valles Marineris fournit aux scientifiques une fenêtre sur le sous-sol martien et leur permet d'étudier l'histoire géologique et climatique complexe de la Planète Rouge.

 http://www.dlr.de/mars-express/images/150205/

  Pour en savoir plus: A la conquête de Mars d'Olivier de Goursac chez Larousse.

Coprates

 

  Cette image, d'une partie de Coprates Catena, vue par la caméra stéréoscopique à haute résolution de Mars Express fut acquise lors de l'orbite 438. Elle montre une région de quelques kilomètres au sud de la zone Est de Valles Marineris avec une résolution de 43 m/pxl. Coprates Catena est une fracture parallèle à la faille principale. Elle est localisée par 14° S et 301° E.

   Coprates c'est l'ancien nom du fleuve persan Ab-I-Diz et Catena est une expression latine pour désigner une chaîne et dans la géologie martienne un alignement de fosses et de dépressions d'un massif montagneux qui s'enfoncent  brusquement vers les profondeurs. Ici, en bordure nord du haut-plateau Thaumasia, la surface de Valles Marineris s'est probablement fracturée à différents points appelés Coprates Chasma, avant que l'érosion progressante ne transforme les différents fossés en une vallée profonde.

   Coprates Catena se compose de nombreuses petites vallées d'effondrement, alignées en une chaîne formant plusieurs  vallée étroites, parallèles à la vallée principale Coprates Chasma. Les parois, sur l'image ci-dessus,  mesurent entre 2 500 et 3 000 mètres de profondeur. 

   En revanche, les parois de Coprates Chasma, la vallée principale à l'est de Valles Marineris (non visible sur l'image), mesure jusqu'à 8 000 mètres de profondeur. Quelques glissements de terrain sont visibles sur les parois. Dans le tiers supérieur des parois, nous apercevons des couches de roche.

   Les chaînes de Coprates n'ont pas - contrairement à celles de Valles Marineris - de sortie vers les plaine du nord, de sorte qu'elles devraient être nées, sans doute, par effondrement sur des "cavernes" par l'intermédiaire d'une extension, par exemple une fracture de la surface. Des couches plus brillantes ont été déposées au fond. Elles ont peut-être une composition chimique semblable comme au fond d'autres vallées de Valles Marineris. C'est là que du magnésium et du sulfate de calcium furent découverts grâce au spectromètre OMEGA de Mars Express.

 

  1. Plaques tectoniques

    Sur Terre, la surface est en mouvement constant avec un renouvellement tous les 200 millions d'années. Fragmenté en plaques géantes qui glissent sur le magma, l'aspect du globe change en permanence (voir le chapitre sur la tectonique). Lorsque les plaques se percutent il s'ensuit une activité violente dont les tremblements de Terre et la poussée des montagnes en sont la partie visible. Ce phénomène, découvert en 1912, mais confirmé dans les années 60, s'appelle: la tectonique des plaques. Dés lors, ce modèle a révolutionné la compréhension des forces qui gouvernent notre planète. 

  Aujourd'hui, les astronomes ont trouvé des preuves qu'une autre planète a pu subir une série semblable de tectonique. La carte magnétique révèle l'ancienne activité de la Planète Rouge. Les nouvelles mesures du champ magnétique martien suggèrent que la tectonique a régné sur la Planète Rouge au moins, au cours des 500 premiers millions d'années. 

   Depuis 30 ans, les scientifiques pensent au passé humide de Mars. Les images ont très tôt montré des chenaux à sec, marquant la surface, preuve que l'eau aurait coulé. Ce fait rend plus raisonnable une tectonique des plaques pour Gerald Schubert de l'Université de Californie, Los Angeles. Sur Terre, l'eau sert de lubrifiant  qui permet la subsistance des plaques en mouvement. Certains chercheurs suggèrent que l'eau ait pu joué le même rôle sur Mars autrefois. 

    Pendant que d'un côté, le mouvement des plaques martiennes poussait vers le haut la roche issue des profondeurs, de l'autre, il la renvoyé vers les profondeurs, pouvant aussi transporté l'eau et le gaz carbonique. Le gaz carbonique recyclé pourrait avoir généré, ou au moins aidé à entretenir, une atmosphère dense et riche en carbone assez tôt dans l'histoire de Mars. Cette atmosphère de gaz à effet de serre pourrait avoir échauffé la planète. La tectonique des plaques s'ajouterait à ce que les scientifiques entrevoyaient déjà: une planète plus chaude et plus humide avec un climat favorable à la vie.

    La fin de la tectonique sur Mars, il y a plusieurs milliards d'années, expliquerait peut-être le mystère de la disparition de l'eau. Le géologue H. Sleep Normand de l'université de Stanford argumente sur le fait que l'eau continuellement transportée vers et depuis la surface, en raison de la tectonique des plaques, aurait été emprisonnée dans la croûte après que l'activité tectonique ait cessé. Peu d'eau serait restée sur la surface. Il y a cinq ans, Sleep Normand proposa que la tectonique des plaques pourrait avoir créé de vastes plaines en contrebas sur la moitié nord de Mars, juste comme elle a formé des bassins océaniques sur Terre. 

   Si l'hypothèse de la tectonique des plaques est correcte, elle explique et unifie toute l'histoire géologique de Mars. De plus, ce sera un modèle pour mieux comprendre la tectonique terrestre. Pour Maria T. Zuber du MIT (Massachusetts Institute of Technology), cela expliquera davantage la façon dont le coeur de la planète a perdu sa chaleur. Pour elle, c'est essentiel, parce que la perte de chaleur pourrait expliquer pourquoi, autrefois, la planète était assez chaude et son atmosphère suffisamment épaisse pour que l'eau existe à sa surface. Les scientifiques veulent comprendre l'état thermique de l'intérieur de Mars. La tectonique semble être un morceau très critique du puzzle. 

   Ces nouveaux résultats proviennent des mesures faites par le magnétomètre à bord de MGS (Mars Global Surveyor). A la différence des caméras, des détecteurs de rayonnement X et de rayons gamma, qui analysent sur ou juste au-dessous de la surface, un  magnétomètre en orbite détecte à plusieurs kilomètres au-dessous de lui. Peu de temps après être arrivé à proximité de Mars, la sonde rechercha l'activité magnétique le long d'une bande étroite près du pôle nord. MGS  a détecté plusieurs zones magnétisées, avec des champs de 400 nanoteslas soit 1,3 % du champ magnétique terrestre. Ces champs magnétiques seraient des reliques d'un champ global qui fut actif il y a bien longtemps. La sonde fut mise sur une orbite lui permettant de descendre jusqu'à 101 km, altitude à laquelle le magnétomètre cartographia Terra Sirenum. Ce terrain montagneux occupe environ un tiers de l'hémisphère sud.

   Acuna, chef de l'équipe scientifique internationale qui coordonne les études magnétiques de MGS, a déclaré qu'ils avaient gagné le gros lot avec cette découverte. Tout en passant au-dessus de plusieurs bandes de terrain, dans Terra Sirenum, MGS a détecté des champs magnétiques enterrés 4 fois plus forts que ceux qu'il avait enregistrés au pôle nord.

  1. Champ magnétique fossile et tectonique

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   Il y a quatre milliards d'années existait sur Mars un champ magnétique probablement similaire à celui de la Terre. Aujourd'hui, il n'en reste qu'une trace fossile. Les roches, grâce à des minéraux (magnétite entre autres) dotés de propriétés magnétiques, ont emprisonné en leur sein le champ magnétique qui prévalait à l'époque de leur formation. L'exploration récente du Système solaire a révélé la présence d'une structure cristalline magnétique complexe sur Mars. La carte, établie en 1997 d'après les mesures de la sonde américaine Mars Global Surveyor, montre que les champs magnétiques fossiles sont localisés dans certaines régions de la croûte martienne et sont très contrastés

   Ainsi, il existe une forte aimantation de la croûte martienne dans l'hémisphère sud. Dans ce même hémisphère, une zone non aimantée entoure les deux bassins de l'Argyre et du Hellas, deux cratères d'impact géant. La dichotomie Nord-Sud du magnétisme peut être interprétée par l'arrêt de la dynamo martienne avant la formation de la jeune croûte (qui est aussi la plus fine) au Nord, comme l'illustre le dôme du Tharsis. D'autre part, il n'y a pas de différence apparente dans la plus vieille croûte, sur les terres profondément cratérisées du Noachian (il y a 4 milliards d'années) au Sud, entre la croûte magnétisée et celle qui ne lest pas. Est-ce en raison de l'influence de la proximité des bassins géants d'impact Hellas et Argyre, si ces impacts sont intervenus après l'arrêt de la dynamo? Dans ce cas, quel mécanisme peut démagnétiser la croûte à des distances de plusieurs rayons des cratères ? Ce mécanisme ne peut être thermique, car le réchauffement induit par l'impact est trop limité à une telle distance ; il doit être lié à la pression.

   MGS n'a trouvé aucun signe d'un champ magnétique à proximité de plusieurs grands cratères anciens, y compris le cratère Hellas avec ses 8 000 m de profondeur pour  4 200 km de diamètre. Les scientifiques pensent que ces cratères d'impact furent formés lorsque le Système solaire subissait la "guerre des mondes", il y a 3,8 milliards d'années.

   Aussi vieux que sont ces cratères, le champ magnétique global, qui existait par le passé sur Mars, peut avoir disparu avant qu'ils aient été formés. Cependant, lors de l'impact, la roche est échauffée à plus de 600° C, c'est suffisamment élevé pour effacer tout champ magnétique. Si le champ magnétique martien était encore suffisamment fort lorsque les cratères se sont formés, il aurait immédiatement réaligné et  "remagnétisé" les particules dans les roches pendant qu'elles se refroidissaient.

    Les observations sur Terra Sirenum  suggèrent ainsi que le champ magnétique -- aussi bien que les conditions turbulentes requises pour en produire un -- ne dura sur Mars que seulement quelques cent millions d'années. 

   Pour Acuna, chef de l'équipe scientifique internationale qui coordonne les études magnétiques de MGS, la planète a commencé par devenir très chaude, puis se refroidit très rapidement, comme on s'attend le trouver sur un petit objet. Pourtant Mars est suffisamment grosse, la moitié du diamètre terrestre. Les scientifiques pensent que le champ magnétique martien a surgi de la même manière que le champ magnétique terrestre, encore actif, par l'action d'une dynamo produite par les turbulences qui existent au sein du coeur en fusion d'une planète qui tourne sur son axe. La connaissance de la durée et de la force de la dynamo peut finalement indiquer la composition du noyau martien, en particulier les quantités relatives de fer et de soufre qu'il contient. Trop peu de soufre et le fluide pourraient se figer trop rapidement pour produire un champ magnétique durant quelques cent millions d'années. Trop de soufre et le matériau fondu produisant  la dynamo maintiendrait le champ magnétique, même aujourd'hui. La dynamo nous raconte ce qui se passe à l'intérieur de la planète.

   Les mesures datent également la croûte martienne. Les zones dans lesquels MGS a détecté les champs magnétiques, devaient être essentiellement intacts depuis les premiers instants de la planète, il y a 4 milliards d'années, quand le champ magnétique était en activité. Acuna indique que dans les montagnes australes,  nous voyons la croûte martienne la plus ancienne et non modifiée.

    Dater l'âge de la croûte et déterminer combien de temps le champ magnétique a duré sur la Planète Rouge sont  deux des exploits accomplis par le magnétomètre. Pendant son passage au-dessus de Terra Sirenum, le détecteur a enregistré un modèle intrigant qui pourrait changer pour toujours la manière dont les planétologues regardent l'histoire de Mars.

magnetic field

    Pendant que MGS survolait  Terra Sirenum, le magnétomètre a agi comme une aiguille de boussole indiquant alternativement le nord et le sud. L'instrument a indiqué que Terra Sirenum est divisé en plusieurs zones, chacune faisant environ 200 kilomètres de large, dont les champs magnétiques résiduels se dirigent dans des directions opposées.  Le même modèle, connu sous le nom d'alternance magnétique, a conduit les géologues, dans les années 60, à conclure que la tectonique des plaques remodèle continuellement la surface de la Terre.

   L'interprétation de l'alternance se fonde sur l'observation d'une dynamo qui inverse périodiquement la direction de son champ magnétique. Le champ magnétique terrestre, par exemple, s'inverse en moyenne tous les 250 000 ans. Or, voici 780 000 années qu'il ne s'est pas inversé. Une inversion est-elle en cours ?

  
Les bandes de roches riches en fer ont différentes orientations magnétiques, car elles se sont solidifiées à différents moments. Chaque bande représente un instantané du champ magnétique à diverses époques.

   Mais pourquoi la surface devrait-elle montrer une alternance plutôt que de se composer d'un mélange de champs magnétiques aléatoirement orientés ?

   Pour expliquer le modèle  découvert par MGS, Jack E.P. Connerney du NASA's Goddard Space Flight Center, comme Acuna, pense à la tectonique des plaques. Il propose que l'alternance ait surgi aux anciens emplacements martiens où les plaques voisines se sont lentement séparées, permettant à la matière fondue au dessous de monter vers la surface et de former la nouvelle croûte. Si le champ magnétique de la planète s'était inversé avant que la nouvelle croûte se soit solidifiée, la croûte fraîchement produite porterait une bande magnétique exactement en face de celle des plaques de chaque côté d'elle. Pour Jack E.P. Connerney, cette bande magnétique est similaire à celle que nous voyons sur Terre où la tectonique des plaques recrée une nouvelle croûte océanique et ce serait une explication de ce que nous voyons sur Mars. Il ajoute que les données magnétiques rassemblées par MGS sont plus nettes que des mesures comparables faites sur Terre. Au cours des nombreuses mesures magnétiques terrestres faites au cours des siècles passés , aucune carte aussi précise n'a été produite.

   N'importe quelle carte magnétique de la croûte terrestre, note Connerney, est influencée par le champ magnétique  global encore actif. Ainsi, il est difficile de déterminer si un signal magnétique de la croûte représente un champ permanent -- apparenté à un barreau aimanté incorporé dans la roche induite pour toujours -- ou un champ magnétique actif global. Sur Mars aujourd'hui, il n'y a plus aucun champ magnétique global. En conséquence, les mesures reflètent vraiment un champ fossile plutôt qu'induit. Il ajoute que les plaines en contrebas, plus jeunes, de l'hémisphère nord ne montre aucune bande magnétique détectable par les moyens actuels et beaucoup moins de zones semblent magnétisées. Ces observations suggèrent que le champ magnétique martien et la tectonique des plaques ont disparu bien avant que l'activité volcanique ne recouvre cette vaste région. Il est possible que l'atténuation du champ magnétique et la tectonique soient intimement liées.

    Par suite d'une taille insuffisante, le noyau s'est  refroidi en limitant le rôle de la dynamo et le manque d'énergie aurait empêché la tectonique des plaques.

   Gerald Schubert du Département des sciences de la Terre et de l'espace à l'Université de Californie, Los Angeles met en doute la relation entre le champ magnétique et les plaques tectonique. Il ajoute que Connerney et ses collègues doivent considérer d'autres modèles avant de conclure que Terra Sirenum est constitué de plaques avec des polarités opposées.

    D'ailleurs, Acuna soutient qu'un processus complètement indépendant de la tectonique pourrait expliquer l'alternance magnétique. Il propose que les efforts ou les ruptures de la croûte puissent expliquer le modèle. Les fractures dans la croûte pourraient brouiller la signature magnétique originale et créer un champ nouveau en opposition. Pour lui le processus est similaire à la fragmentation d'un barreau aimanté, dont les extrémités produisent un pôle nord et un pôle sud opposés dans la direction au champ de l'aimant non fragmenté.

   Ces hypothèses demandent beaucoup de tests, commente Zuber qui projette de rechercher des signes d'activité tectonique dans des cartes de gravité compilées à partir des données de MGS.  Il pense que la dynamo a réellement été active très tôt, mais elle a cessé d'agir rapidement.


References and Sources for this Article
References:
Connerney, J.E.P., M.H. Acuna, et al. 1999. Magnetic lineations in the ancient crust of Mars. Science 284(April 30):794.

Further Readings:
Cowen, R. 1997. Unlocking secrets of the Martian interior. Science News 152(Oct. 18):246.
Sleep, N.H. 1994. Martian plate tectonics. Journal of Geophysical Research 99(March 25):5639.

Mario H. Acuna NASA's Goddard Space Flight Center Greenbelt, MD 20771
Jack E.P. Connerney NASA's Goddard Space Flight Center Greenbelt, MD 20771
Gerald Schubert University of California, Los Angeles Department of Earth and Space Sciences 
595 East Circle Drive Los Angeles, CA 90095-1567
Norman H. Sleep Stanford University Department of Geophysics Stanford, CA 94305-4060

From Science News, Vol. 155, No. 18, May 1, 1999, p. 284. Copyright © 1999, Science Service.

Champs magnétiques martiens: http://mgs-mager.gsfc.nasa.gov/

 

 

  1.  Comment fonctionne la dynamo ?

http://www.lbl.gov/Science-Articles/Archive/assets
/images/2003/May-09-2003/Glatzmaier_field._small.jpg
Gary Glatzmaier de Los Alamos à UC Santa Cruz a utilisé un superordinateur pour modéliser les lignes de force  issues du noyau liquide de la Terre, source de la géodynamo. Des champs complexes dans le noyau contribue à la création d'un dipôle. Les lignes de forces entrant dans la Terre sont en bleu et celles sortant en jaune.
Image courtesy: Gary Glatzmaier, University of California, Santa Cruz and NASA/JPL.

  A l'heure actuelle, nous ne savons rien de la dynamo martienne.  Il est donc intéressant de savoir comment fonctionne celle de la Terre. Aujourd'hui les satellites fournissent des cartes précises du champ magnétique terrestre que des expériences en laboratoire et des simulations sur ordinateurs aident à interpréter.

  Dans son principe, cela fonctionne comme toute dynamo: des matériaux conducteurs de l'électricité sont en mouvement dans un champ magnétique, ce qui engendre des courants électriques, lesquels créent le champ magnétique, etc... Les parties mobiles dans un dynamo sont les bobines de fil de cuivre. Dans une planète ou une étoile, les mouvements concernent un fluide conducteur, au sein duquel circulent des courants électriques. Dans le cas de la Terre, ces courants agitent une immense masse de fer liquide, le noyau, dont le volume équivaut à plus de 6 fois celui de la Lune.

  Dans les années 60, les géophysiciens ont identifié 3 conditions nécessaires pour qu'un champ magnétique planétaire s'établisse. La 1ère est la présence au centre de la planète d'un d'un grand volume de fluide conducteur: le noyau de fer liquide dans le cas de la Terre. Situé sous 2 900 m de roche solide formant le manteau, cette couche fluide enveloppe un noyau interne solide constitué de fer quasi pur. Le poids de la croûte terrestre impose au noyau des pressions de 2 millions de fois supérieures à la pression atmosphère. Proches de 5 000°K, les températures sont proches de celle régnant à "la surface" du Soleil. Pour Mars, les chercheurs estiment,  la température centrale à 2 000° K.


http://www.lbl.gov/Science-Articles/Archive/assets
/images/2003/May-09-2003/Earth_cutaway.jpg

  Cette énorme énergie thermique, contribue à remplir la 2e condition de l'existence de la dynamo: la présence d'une source d'énergie qui met le fluide conducteur en mouvement. La température du noyau est plus élevée à la base (plus proche du centre), à la frontière avec le noyau interne, que près du manteau (plus éloigné du centre). Le fer liquide est ainsi moins dense, car plus chaud, près du noyau interne et tend à remonter vers le manteau, sous l'effet de la poussée d'Archimède. Au contact du manteau, ces masses de fer chaud perdent une partie de leur chaleur, et, redevenant plus dense, entament une plongée vers le noyau interne. Cette forme de convection thermique transfère en permanence de la chaleur du bas vers le haut. Cette perte de chaleur entraîne une expansion progressive du noyau interne solide. Ainsi, au fur et à mesure que du fer se cristallise à la surface du noyau interne, de la chaleur de fusion est libérée, ce qui renforce la convection thermique. En outre, le noyau interne élimine en permanence des composés chimiques moins denses que le fer, tels le soufre et l'oxyde de fer, lesquels, emportés vers le haut, amplifient encore les mouvements qui animent le noyau externe.

  La 3e condition nécessaire pour qu'un champ magnétique durable apparaisse dans une planète est qu'elle tourne sur elle-même. La rotation de la Terre, par effet Coriolis, dévie les mouvements ascendants, de la même façon que la rotation imprime un mouvant tournant aux courants marins, anticyclone et dépressions. Pour cette raison les mouvements des fluides décrivent des trajectoires hélicoïdales.

Gary Glatzmaier et Peter Olson: Pour la Science - édition de mai 2005.

Le noyau terrestre:  http://www.lbl.gov/Science-Articles/Archive/Phys-earth-core.html

Géodynamo: http://www.lbl.gov/Science-Articles/Archive/Avalanches.pdf

Inversion du champ magnétique: http://www.physlink.com/News/040804EarthMagneticField.cfm

Histoire de la géodynamo: http://www.npaci.edu/envision/v16.1/geo.html

champs magnétiques:  http://mgs-mager.gsfc.nasa.gov/Kids/magfield.html

magnétosphère terrestre:   http://www.agu.org/sci_soc/cowley.html

pour se localiser sur Mars - carte dynamique: http://themis.la.asu.edu/mars-bin2/webmap.pl

 

 

 

 

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