Mars

8 - Magnétisme, météorites et eau

   Le magnétisme de Mars est un mystère, tandis que la météorite fut une surprise. Quant à l'eau, elle reste le but essentiel des futures missions

 


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  1. Gravité et passé martien

 

diverses régions de forte gravité martienne,

   Cette carte montre diverses régions de forte gravité martienne, obtenue à partir des déformations d'orbite. Le point noir indique le centre d'un grand cercle d'impacts et peut  représenter l'ancien pôle du Sud. American Geophysical Union (AGU) : http://www.agu.org/sci_soc/prrl/prrl0511.html

   Un nouveau regard sur les anciens cratères martiens, en trouve cinq qui sont alignés le long d'un arc qui fait partie d'un cercle géant autour de la planète. Le cercle pourrait avoir été l'ancien équateur. Les cratères pourraient tous avoir été formés quand un astéroïde géant se serait fracturé, ses fragments se dispersant sur la planète à différents instants et dans différents endroits autour de l'équateur d'alors, indique Jafar Arkani-Hamed de l'université de McGill à Montréal. Si l'analyse est exacte, elle a une implication sur la présence de l' eau sous la surface martienne, aujourd'hui. Il semble qu'autrefois Mars était plus chaude et plus humide, tout au moins selon plusieurs indices. Les scientifiques spéculent sur le fait qu'une grande partie de l'eau s'est évaporée dans l'espace et est restée dans le sous-sol. 

   Comme la Terre, les pôles de Mars n'ont pas toujours été là où ils sont aujourd'hui. En fait, Mars semble s'être très nettement transformée au cours de ses 4,5 milliards d'années. Selon des chercheurs, le dôme Tharsis, haut de 8 000 m, couvrant le 1/6 de la planète, illustre la manière dont la déformation aurait changé l'axe de rotation avec le temps.

  Les 5 bassins identifiés sont Argyre, Hellas, Isidis, Thaumasia et Utopia. Il est possible qu'ils furent déjà formés avant la naissance du dôme Tharsis. Les calculs de Arkani-Hamed  montre qu'ils pourraient avoir été formés par les fragments d'un astéroïde en orbite solaire.

   La plupart des astéroïdes, aussi bien que toutes les planètes sauf Pluton, balayent  la même région de l'espace et dans le même plan appelé écliptique. Il est possible que l'astéroïde ait pu avoir 800 km à 1 000 km de diamètre. Il est venu trop près de Mars, en deçà de la limite de Roche, ce qui l'aurait brisé et la pesanteur l'a attiré sur la surface. Plus tard, les morceaux ont percuté la planète. Les cratères forment un cercle dont les coordonnées du centre sont 30° S  175° W et qui serait, selon Arkani-Hamed, l'ancien pôle sud.
La zone proche de l'équateur actuel était au pôle quand l'eau coulait sur Mars. 

   Alors que l'eau diminuait en surface, les calottes polaires sont restées la source principale de l'eau qui a très probablement pénétrée dans des strates plus profondes comme pergélisol, à l'origine d'un réservoir important d'eaux souterraines. En contrepartie: les futures missions recherchant l'eau souterraine, et toute forme de vie possible qui pourrait y avoir existé, pourraient être stériles à l'équateur martien actuel, où l'eau d'autrefois pourrait néanmoins être présente.

   Cette idée vient d'être présentée dans l'édition de ce mois-ci (mai 2005) du Journal de la Recherche Géophysique (Journal of Geophysical Research)

 

  1. Contrastes magnétiques

   La carte de la rémanence magnétique de Mars est très contrastée. Dans la zone sud pourtant aimantée, il n'y  a plus de trace autour des deux cratères géants Hellas et Argyre. Les géophysiciens Pierre Rochette, du CEREGE 1 (CNRS et Université d'Aix Marseille 3) et Lon Hood de l'Université d'Arizona aux Etats-Unis, en association avec les physiciens Gérard Fillion et Rafik Ballou du Laboratoire CNRS Louis Néel et Bachir Ouladdiaf de l'Institut Laue-Langevin à Grenoble, expliquent cette particularité dans la revue EOS de décembre 2003. Lors de l'impact créant Argyre et Hellas, les minéraux soumis à de fortes pressions ont connu un phénomène physique de transition de phase qui leur a fait perdre leur magnétisme.

   Il y a quatre milliards d'années existait sur Mars un champ magnétique probablement similaire à celui de la Terre. Aujourd'hui, il n'en reste qu'une trace fossile. Les roches, grâce à des minéraux (magnétite entre autres) dotés de propriétés magnétiques, ont emprisonné en leur sein le champ magnétique qui prévalait à l'époque de leur formation. L'exploration récente du Système solaire a révélé la présence d'une structure cristalline magnétique complexe sur Mars. La carte, établie en 1997 d'après les mesures de la sonde américaine Mars Global Surveyor, montre que les champs magnétiques fossiles sont localisés dans certaines régions de la croûte martienne et sont très contrastés

   Ainsi, il existe une forte aimantation de la croûte martienne sud. Dans ce même hémisphère, une zone non aimantée entoure les deux bassins de l'Argyre et du Hellas, deux cratères d'impact géant. La dichotomie Nord-Sud du magnétisme peut être interprétée par l'arrêt de la dynamo martienne avant la formation de la jeune croûte (qui est aussi la plus fine) au Nord, comme l'illustre le dôme du Tharsis. D'autre part, il n'y a pas de différence apparente dans la plus vieille croûte, sur les terres profondément cratérisées du Noachian (il y a 4 milliards d'années) au Sud, entre la croûte magnétisée et celle qui ne lest pas. Est-ce en raison de l'influence de la proximité des bassins géants d'impact Hellas et Argyre, si ces impacts sont intervenus après l'arrêt de la dynamo? Dans ce cas, quel mécanisme peut démagnétiser la croûte à des distances de plusieurs rayons des cratères? Ce mécanisme ne peut être thermique, car le réchauffement induit par l'impact est trop limité à une telle distance ; il doit être lié à la pression.

Argyre Basin from MOLA

Mola bassin Argyre: http://ltpwww.gsfc.nasa.gov/tharsis/argyre.insight.jpg
Image de l'altimètre laser MOLA du bassin d'impact Argyre montrant la nature dégradée de cet ancien bassint. Les nuances du relief montre le chemin qui mène vers la plaine du nord Chryse Planitia, et qui semble être une voie d'écoulement d'anciennes inondations. En haut et à gauche nous devinons la sortie de Valles Marineris. L'image a été produite en combinant les données altimétriques de Mola avec les images des Orbiter Viking (Image Credit: MOLA Science Team and G. Shirah, NASA GSFC Scientific Visualization Studio).  L'image a fait la couverture de Nature  du 12 juillet 2001. Les membres de l'équipe du laser altimétrique MOLA Science Team ont rédigé plusieurs articles. 
Ce sont:
Carr, M.H., and J.B. Garvin, Mars exploration Nature, 412, 250-253, 2001.
Jakosky, B.M., and R.J. Phillips, Mars' volatile and climate history, Nature, 412, 237-244, 2001.
Zuber, M.T., The crust and mantle of Mars, Nature, 412, 220-227, 2001

   Un candidat minéral porteur du magnétisme résiduel cristallin de Mars est le sulfure de fer ferromagnétique Fe7S8, appelé pyrrhotite. Ce minéral présente une transition vers un état non magnétique à pression modérée entre 1 GPa (Giga Pascal 2) et 5 GPa, mais la pression de transition a été mal cernée par les précédentes études. Ainsi, pour tester quantitativement l'hypothèse d'une désaimantation par impact autour du Hellas et de l'Argyre, il a été nécessaire de déterminer précisément la pression à laquelle le magnétisme disparaît, d'obtenir des données sur la rémanence par rapport à la pression et enfin de calculer le pic de pression par rapport à la distance autour des deux bassins géants d'impact. Les scientifiques ont privilégié une nouvelle approche basée sur la diffraction de neutrons, qui permet de sonder non seulement les ordres cristallins comme la diffraction des rayons X mais aussi les ordres magnétiques. Cette expérience a été effectuée à Grenoble sur ces échantillons, analogue terrestre de la pyrrhotite martienne, auprès du réacteur à haut flux de neutrons de l'Institut Laue-Langevin (ILL). Ce très grand instrument européen, équipé de nombreux diffractomètres et spectromètres, bien connu des physiciens, n'était jusque-là pas utilisé par les sciences de l'Univers en France. Une désaimantation totale est obtenue entre 2,75 et 3 GPa tandis que les calculs des chercheurs montrent que la courbe isobare de 3 Gpa, dessinant la pression maximale de l'onde de choc de l'impact, correspond approximativement à la limite entre les zones magnétique et non magnétique de la croûte du Noachien.

   Ces premiers résultats (à poursuivre par le calcul des pressions de choc en fonction de la profondeur et de la distance radiale) confortent l'hypothèse de la pyrrhotite comme minéral responsable de la rémanence martienne. Le contraste entre le Noachian magnétique et non magnétique n'implique pas une histoire de l'avant impact différente, contrairement aux précédentes interprétations, invoquant la formation de croûte océanique dans les zones aimantées. La désaimantation par impact de la pyrrhotite supposée présente dans la croûte martienne, aide à comprendre la carte du magnétisme global, mais elle a aussi des implications dans les signaux paléomagnétiques des météorites martiennes. Toutes les météorites martiennes ont été marquées par des pressions au-dessus de 3 GPa et leur rémanence est le plus souvent portée par la pyrrhotite. C'est pourquoi l' absence de forte rémanence dans ces roches est la preuve du manque de champ magnétique au moment de l'impact et non pas au moment de la cristallisation des roches.

   Ces travaux ont reçu le soutien du programme national de planétologie (INSU-CNES).


1- CEREGE : Centre européen de recherche et d'enseignement de géosciences de l'environnement
: http://www.cerege.fr/doc/theses_cerege/theses/these_chevrier.pdf


2 -  La pression est exprimée en Pascal : un Pascal correspond à la pression exercée par une force de 1 newton sur une surface de 1 m2. 

 Source originale : http://www2.cnrs.fr/presse/communique/391.htm?&theme=2&debut=24

  1. Anomalies magnétiques des cratères

Source: http://www.insu.cnrs.fr/web/article/art.php?art=1419

 

Le cratère de Vredefort
http://www.otters.co.za/images/vredefort
%20dome%20-%20good_colour-satellite%20SMALL.jpg
  Le cratère de Vredefort serait un impact météoritique de 42 km de diamètre qui se serait produit il y a 250 millions d'années. Les parois forment des affleurements rocheux qui sont les collines visibles dans la zone. La concentration d'or à Gauteng aurait été causée par l'impact.

Le cratère de Vredefort
http://www.geotoursafrica.com/images/Vredefort%20
tilted%20Orangegrove%20quartzite_72.jpg

   Les relevés magnétiques de la surface martienne, effectués par la sonde orbitale Mars Global Surveyor à 400 km d'altitude au-dessus des cratères d'impacts géants d'Hellas et Argyre, avaient révélé des intensités du champ magnétique significativement plus faibles que pour les régions environnantes. Ces champs réduits ont été communément attribués à une désaimantation des roches, causée par les ondes de chocs au moment de l'impact de météorite. L'étude du cratère d'impact de météorite de Vredefort, situé en Afrique du Sud, permet à des chercheurs du laboratoire Géomagnétisme, paléomagnétisme et Géophysique de Surface de l'Institut de Physique du Globe de Paris (UMR7577 du CNRS) et de l'Université de Witwater (Schonland Research Center, Johannesburg) de proposer une autre explication dans un article qui vient de paraître dans la revue Nature du 12 mai 2005.

  Tout comme pour Mars, l'intensité du champ magnétique observée à 300 mètres au-dessus du cratère d'impact de Vredefort est plus faible que la moyenne du champ magnétique environnant. Pourtant, les chercheurs montrent que les roches de ce cratère possèdent des intensités magnétiques bien plus fortes que des roches de composition équivalentes. Ils ont également observé que les directions paléomagnétiques de ces roches fortement aimantées sont orientées aléatoirement, avec des directions changeantes à des échelles centimétriques. Durant l'impact, il y a 2 milliards d'années, des cristaux de magnétite ont cristallisé, ce sont eux qui contribuent à la rémanence magnétique dont les propriétés (l'orientation aléatoire et l'intensification) sont reliées à l'événement même de l'impact. L'orientation aléatoire et l'intensification du moment magnétique dans les roches choquées est attribué au champ magnétique chaotique généré pendant les premières secondes de l'impact. Les roches en gardent la mémoire. Une fois additionnés au-dessus du cratère dans son entier, les vecteurs magnétiques forts et orientés aléatoirement s'annulent, si bien que vu à haute altitude, le champ magnétique apparaît bien plus faible que celui des terrains avoisinants. Les chercheurs proposent qu'il en va de même pour les cratères géants de Mars. Ce résultat signifie que les anomalies magnétiques des cratères de météorites ne peuvent pas être utilisées comme preuve de l'absence d'un champ magnétique interne d'une planète à l'époque de l'impact. Le bombardement météoritique de Mars date d'il y a environ 3,5 à 4 milliards d'années.

http://www.insu.cnrs.fr/web/article/art.php?art=1419

Sources :
Paleomagnetism of the Vredefort meteorite crater and implications for craters on Mars, Laurent Carporzen, Stuart S. Gilder & Rodger J.Hart, Nature vol 435/12 mai 2005.

 

 

  1. La météorite ALH84001

   En 1996, la question de la vie sur Mars a été relancé par l'analyse de la météorite ALH84001, retrouvée sur Terre dans l'Antarctique, sur la base de Allan Hills, le 27 décembre 1984 (été austral). C'est la pierre la plus célèbre du monde. Sa renommée vient des déclarations de la Nasa, qui a identifié, par l'intermédiaire de ses chercheurs, des traces de vie fossile, des carbonates qui auraient synthétisés de la magnétite nécessaire à l'orientation en présence d'un champ magnétique. Pour certain, le champ magnétique martien n'existant pas, cette présence ne prouve pas une origine de microfossile. Or, Mars Global Surveyor a trouvé un champ magnétique faible ( 400 nanoteslas à certains endroits, 1,3% du champ terrestre) mais signifiant qu'autrefois, il devait être puissant.

    D'une masse de 1 940 g (c'est le gramme le plus cher du monde) l'analyse chimique indique qu'il s'agit d'un fragment de la croûte martienne (analyse isotopique identique à celle de l'atmosphère de Mars O17/O18) qui aurait été éjecté par l'impact d'une grosse météorite, il y a 15 millions d'années. ALH84001 serait tombée sur Terre, il y a peut-être 13 000 ans. Tout ceci est pratiquement certain. ALH84001 appartient chimiquement à la classe des SNC, dénommées ainsi en l'honneur des 3 premiers membres de cette famille: Shergotty, Nakhla et Chassigny (Haute-Marne). Elle est le 10e membre de cette classe. Les techniques de datation lui assigne un âge honorable de 4 à 4,5 milliards d'années. C'est une roche magmatique composée de pyroxène. Outre le pyroxène, qui est étrangement riche en calcium, elle contient un verre de feldspath riche en sodium et surtout des globules de carbonates, minéral extrêmement rare. Il y a aussi quelques grains de chromite (oxyde de fer et chrome). Dans les chromites d'ALH84001, il y a 3 atomes d'oxygène pour 2 atomes de fer, ce qui est typique des météorites martiennes.

ALH84001
http://www-curator.jsc.nasa.gov/curator/antmet/marsmets/ALH84001/images/ALH84001,0.jpg
 

    C'est la présence de carbonate qui fit la renommée de cette roche. Les carbonates sont des minéraux bien particuliers constitués de carbone associé à des métaux comme le calcium, le fer et le magnésium. Le carbonate de calcium abonde sur Terre. Les carbonates se forment principalement sous l'eau; l'eau de mer contient du gaz carbonique dissous, ainsi qu'une grande quantité d'ions métalliques. Lorsque l'eau de mer s'évapore la concentration de ces éléments augmente jusqu'à ce qu'ils se combinent pour former des sels et autres précipités solides, lesquels tombent au fond de l'eau. Les premiers sédiments à précipiter de la sorte sont les carbonates, suivis des sulfates et ensuite des chlorures (notamment le chlorure de sodium qui n'est autre que le sel de cuisine). Tous ces dépôts s'appellent des évaporites.

     Mais pour ALH84001, ce n'est pas au fond de l'eau que ce sont formés ces carbonates. C'est en effet une roche volcanique qui s'est cristallisée sous la surface (taille des grains de pyroxène). Plus tard des cristaux de carbonates se seraient déposés dans de fines fractures précipités à partir d'eau ou de carbone. Certains scientifiques pensent que cette incrustation se serait produite vers 3,5 milliards d'années. A cette époque, un climat tempéré devait peut-être exister à la surface martienne avec une atmosphère relativement dense de CO2 et d'eau.

    Aujourd'hui, les partisans n'ont pas réussi à convaincre les sceptiques. Les partisans sont convaincus d'être en présence d'un morceau de vie martienne et les sceptiques parlent d'une pollution terrestre soit sur le terrain, soit par les moyens de mesure. L'image ci-dessus montre ces formes, vues avec un microscope à balayage. Certains scientifiques prétendent que les structures observées constitueraient des vestiges d'une forme de vie martienne primitive qui se serait développée il y a 3,5 milliards d'années, à l'époque où les chercheurs pensent que l'eau coulé sur Mars. 

    Les bactéries appartiennent aux organismes procaryotes dont les cellules dépourvues de noyau ne contiennent pas, en général, d'organites (structures internes pour des fonctions spécifiques). Cependant, les bactéries magnétotactiques possèdent toutes une structure intracellulaire unique : les magnétosomes. Ils constituent des cristaux minéraux magnétiques enfermés dans des biomembranes, placés les uns à la suite des autres pour former une ou plusieurs chaînes. Chaque cristal, de 40 à 150 nm de longueur, peut être composé soit de magnétite (Fe3O4) soit de greigite (Fe3S4) et possède un domaine magnétique unique. Chaque espèce de bactérie magnétotactique possède des magnétosomes composés de cristaux identiques en taille, en forme et en composition chimique. Aussi parfaits qu'uniques, ces cristaux semblent réservés au monde vivant. L'observation de structures similaires dans la météorite martienne ALH84001 constituerait, pour les partisans, un indice en faveur de l'existence d'une éventuelle "vie extra-terrestre".

   Mais à la lecture de l'excellent livre "la vie sur Mars" de Charles Frankel (voir bibliographie), on se rend compte que le débat n'est pas clos. La controverse sur les carbonates ne permet pas de trancher. Les défenseurs de la vie fossile et les détracteurs, semblent avoir raison. Mais comme le dit Charles Frankel à la page 180: " La science est un mode de pensée qui repose sur la critique, c'est ce qui fait sa force. Lorsqu'une hypothèse est avancée, les scientifiques n'acceptent sa validité, que tant qu'elle n'a pas été rejetée par des observations contradictoires. Ce mode de travail est efficace, car il est plus facile de prouver qu'une assertion est fausse plutôt que son contraire."

    Or, pour l'instant la vérité est dans les 2 camps. Pourtant la découverte récente d'une météorite montre que sur quelques siècles de séjour sur notre planète, la pollution est possible. Ce qui fait dire qu'à plus forte raison, elle doit l'être sur 13 000 ans.

   Il faudra attendre des retours d'échantillons valables pour trancher sur ce débat qui opposent partisans et adversaires de la vie, si c'est le cas, trouvée dans ALH84001.

http://www.crmcn.univ-mrs.fr/seminr/automatique/2005/03/2005083_jeudi_24_mars.html

   Voici quelques sites proposés par Charles Frankel:

Météorites martiennes   

Plus d'infos   

Traces de vie 1   

Traces de vie 2   

Traces de vie 3     

Explications sur les résultats   

  1. La température de Mars et ALH84001

   
http://www.spacedaily.com/images/mars-mera-sol436-hills-desk-1024.jpg
A peine une roche déplacée en quatre milliards d'années

  La température moyenne à l'équateur est de -56°C. Pendant longtemps les scientifiques ont pensé que la température avait été, par le passé, suffisante pour que l'eau existe sur la surface avec une possibilité d'émergence de la vie. Mais une nouvelle étude menée par les scientifiques du MIT (Massachusetts Institut of Technology) et du Caltech (California Institute of Technology) va à l'encontre de cette idée.

  Dans l'édition de Science du 22 juillet 2005, Benjamin Weiss, professeur assistant au MIT et David Shuster, licencié au Caltech relate dans leur article sur les météorites martiennes, qu'elles démontrent qu'au moins plusieurs roches qui se trouvaient à la surface ont été gelées pendant 4 milliards d'années.

  En fait, les indices semblent suggérer que pendant  ces 4 milliards d'années, Mars n'a jamais été suffisamment chaude pour que l'eau liquide circule sur la surface pendant des périodes prolongées. Mars donc n'a probablement jamais eu un environnement hospitalier à l'évolution de la vie -- à moins que la vie ait commencé pendant les 500 premiers millions d'années de son existence, quand la planète était probablement plus chaude.

  Cette étude est basée sur 2 des 7 météorites "nakhlite" les plus connues (baptisées selon le lieu où fut trouvée la première météorite de cette catégorie: El Nakhla) et la célèbre ALH84001 dont certains scientifiques pensent qu'elle montre des signes évidents d'une ancienne activité microbiologique. En utilisant des techniques géochimiques, Shuster et Weiss ont reconstruit l'histoire thermique de chaque météorite pour estimer la température moyenne maximale à long terme auxquelles elles furent soumises.

   Les 2 chercheurs ont cherché sur 2 voies.  D'abord, ils ont évalué ce que les météorites pouvaient avoir éprouvé lors de l'éjection de Mars il y a 11 à 15 million d'années, afin de fixer la limite supérieure de température du plus mauvais cas, en cas de choc thermique.

   Ils en conclurent que AHL84001 ne pouvait pas avoir été chauffé à plus de 350°C au cours des 15 derniers millions d'années. Les nakhlites, lesquelles furent légèrement endommagées, n'ont sûrement pas dépassé le point d'ébullition de l'eau, pendant leur éjection, il y a 11 millions d'années.

   Ces températures sont plutôt élevées, mais les chercheurs ont également regardé leur histoire thermique à long terme. Pour cela, ils ont estimé le montant total d'argon  restant dans les échantillons en utilisant des données précédemment éditées par deux équipes à l'université d'Arizona et du centre spatial Johnson.

   L'argon est présent dans les météorites aussi bien que dans beaucoup de roches terrestres comme conséquence normale de la dégénérescence radioactive du potassium (en 1,251 milliards d'années). Comme gaz noble, l'argon n'est pas chimiquement très réactif, et puisque le taux de désintégration est connu avec précision, les géologues ont daté des roches en mesurant leur contenu d'argon, pendant des années.

   Le potassium (K40 - 19 protons et 21 neutrons), que l'on trouve à l'état de traces dans le potassium naturel, est responsable de plus de la moitié de la radioactivité du corps humain. Avec l'uranium et le thorium, le potassium contribue à la radioactivité naturelle des roches et à la chaleur de la Terre. Le potassium possède la particularité de se désintégrer en deux noyaux différents : dans 89 % des cas en calcium (Ca40 - 20 protons et 20 neutrons) et dans 11 % des cas en argon (Ar40 - 18 protons et 22 neutrons)

   La très lente désintégration du potassium en argon est précieuse pour dater des roches comme des laves dont l'âge se situe entre le million et 1 milliard d'années. La désintégration du potassium en argon produit un atome de gaz, qui est retenu dans le réseau cristallin d'une lave. Il peut s'en échapper quand la lave est encore liquide. Au moment où la roche se solidifie, elle contient une certaine quantité de potassium mais pas d'argon. Lors d'une désintégration, l'atome gazeux d'argon reste prisonnier dans le réseau cristallin auquel appartenait le potassium. L'argon s'accumule très lentement. Pour déterminer l'âge de la lave, on mesure la quantité d'argon accumulé depuis qu'elle s'est solidifiée.

   Cependant, l'argon est également connu pour s'évader des roches à un taux dépendant de la température. Ceci signifie que si on mesure l'argon restant dans les roches, une corrélation peut être faite sur la chaleur maximale à laquelle la roche a été soumise, depuis l'apparition de cet argon. Plus la roche fut froide, plus l'argon sera présent.

   L'analyse de Shuster et de Weiss a permis de constater que seulement une minuscule fraction de l'argon, qui a été produite à l'origine dans les échantillons de météorite, a été perdue au cours du temps. " La faible quantité d'argon perdue, qui a apparemment prit place dans ces météorites, est remarquable. Quoique nous fassions, ces roches ont été froides pendant un temps très long, " a déclaré Shuster. Leurs calculs suggèrent que la surface de Mars fut dans un gel permanent au cours des 4 derniers milliards d'années.

  L'histoire de nos 2 planètes est vraiment différente. Sur Terre, nous ne pouvons pas trouver une simple roche qui fut au-dessous de la température de son environnement pendant un temps très long. La météorite ALH84001, en fait, ne pouvait pas avoir été au-dessus du zéro plus d'un million d'années au cours des derniers 3,5 milliards d'années de son histoire.

   Cela ne signifie pas qu'il n'y avait pas de poches d'eau d'isolées aux printemps géothermiques, pendant de longues périodes, mais suggère à la place qu'il n'y a pas eu de grandes étendues d'eau indépendantes pendant 4 milliards d'années.

    Les résultats semblent impliquer que les structures de surface, indiquant la présence et l'écoulement de l'eau liquide, se formèrent sur des périodes de temps relativement courtes.

   Sur une note positive pour l'astrobiologie, cependant, Weiss dit que la nouvelle étude ne réfute pas la théorie de la " panspermie," qui soutient que la vie peut sauter d'une planète à l'autre à l'aide des météorites. Tandis qu'au Caltech alors qu'il était étudiant licencié depuis plusieurs années, Weiss et son tuteur, Joseph Kirschvink, montrèrent que les microbes pouvaient, en effet, avoir voyagé de Mars à la Terre dans les infractuosités d'ALH84001 sans être détruit par la chaleur. En particulier, le fait que les nakhlites n'ont jamais été chauffées au-dessus d'environ 90°C signifie qu'elles n'ont pas été thermostérilisées à l'éjection de Mars et au cours du transfert sur Terre.



 Source: MIT News Release

Pour ceux que la radioactivité intéresse: http://www.laradioactivite.com/pages/00_phenomene/02_potassium.htm

  1. Directions magnétiques dans ALH84001

  Joseph Kirschvink et ses collègues du Caltech (California Institute of Technology) ont décidé de mesurer les propriétés magnétiques d'un très petit échantillon de la météorite ALH84001 où des cristaux de pyroxène ont été rompus. Bien que leur échantillon ait une masse de 0,02 g, ils ont pu séparer les grains et mesurer la force et la
direction du magnétisme. Les fragments de pyroxène contenaient de petites inclusions de sulfure de fer (FeS), qui est probablement le principal agent du magnétisme. Les mesures furent effectuées dans un laboratoire spécialement protégé du champ magnétique terrestre par 6 tonnes d'acier plat noyés dans les murs de la salle de mesures. 

 

  Bien que les spécialistes aient mesuré seulement quelques grains, les résultats sont encourageants, et sont visibles sur le schéma de gauche. Ils ont constaté que les grains ont des sens de magnétisation différents. Au lieu d'être tous orientés dans le même sens, ils sont dirigés dans différentes directions.

   Lorsque la roche s'est cristallisée la première fois, tous les fragments furent alignés magnétiquement.  Quand elle fut endommagée par un impact, certains fragments ont pivoté, entraînant les grains  dans différentes directions. Les carbonates sont en orange et le pyroxène en gris.

   Le point important pour comprendre la température de  formation des carbonates est qu'ils remplissent les espaces entre les fragments de pyroxène, ainsi ils ont été déposés après la fragmentation. Le plus important, si les carbonates étaient venus du chaud, au-dessus du point de curie du sulfure de fer, alors la magnétisation originale aurait été effacée, et les minerais auraient enregistré le champ magnétique lorsqu'ils se sont refroidis, et ils tous auraient été alignés dans la même direction. Puisqu'ils sont alignés dans des directions différentes, les carbonates n'ont pas atteint la température de 325° qui est le point de Curie du FeS. C'est beaucoup trop chaud pour que la vie puisse exister, mais c'est une limite supérieure sur la façon dont  la roche pourrait avoir été chauffée, la température étant susceptible d'être beaucoup plus basse. L'analyse détaillée de leurs données mènent Kirschvink et ses collègues à conclure que les grains magnétiques n'ont pas été chauffés au-dessus de 110°C, dans la gamme de température où la vie peut exister. Ils soupçonnent que d'autres mesures puissent suggérer une température aussi basse que 40°C.

  1. La force du champ magnétique martien

   Les mesures magnétiques du Caltech démontrent l'importance de ALH84001 au-delà de la question de la vie sur Mars. Les lignes de force mesuré par Kirschvink et ses collègues sont étonnamment élevées évoquant que le champ magnétique martien devait être, il y a 4 à 4,5 milliards d'années, approximativement égal au champ magnétique terrestre actuel. Cela signifie qu'il est probable que Mars ait eu un noyau liquide et métallique très tôt dans son histoire (ou au moins électriquement conducteur). Et parce que les plus jeunes météorites SNC sont  faiblement magnétisées, le champ magnétique s'atténuant avec le temps, peut-être à cause de la cristallisation du noyau. Il est possible qu'en raison de sa petite taille, le noyau de la planète Mars fut modérément chaud (2 000°K contre 6 000°K pour la Terre) l'empêchant de rester liquide suffisamment longtemps afin d'entretenir la dynamo jusqu'à aujourd'hui.

   Il faut beaucoup plus de mesures avant d'obtenir un schéma précis sur l'évolution du noyau martien, afin de connaître le champ magnétique avec certitude, mais ce premier aperçu est encourageant.

http://www.psrd.hawaii.edu/May97/LowTempCarb.html

http://www.psrd.hawaii.edu/May97/ShockedCarb.html

 

  1. Une météorite de fer                                                             

 

   Au-dessus de Mars, la pression atmosphérique diminue de moitié chaque fois que l'on s'élève de 12 km contre 5 km sur Terre. C'est dire que l'atmosphère est très étirée. Elle devient plus dense au fur et à mesure que l'on s'élève, sa densité étant comparable à celle de la Terre à 60 000 m, tandis qu'à 120 km, elle est 10 fois plus dense que celle de la Terre. Une conséquence de cette dilatation est la faible décélération subie par un objet en provenance de l'espace, qui pénètrent dans l'atmosphère martienne: 20 g contre 400 g pour la Terre. Cela à une conséquence sur la chute des météorites qui tombent sur Mars sans connaître le processus de décélération destructive.  Au-dessus de Mars, la pression atmosphérique diminue de moitié chaque fois que l'on s'élève de 12 km contre 5 km sur Terre. C'est dire que l'atmosphère est très étirée. Elle devient plus dense au fur et à mesure que l'on s'élève, sa densité étant comparable à celle de la Terre à 60 000 m, tandis qu'à 120 km, elle est 10 fois plus dense que celle de la Terre. Une conséquence de cette dilatation est la faible décélération subie par un objet en provenance de l'espace, qui pénètrent dans l'atmosphère martienne: 20 g contre 400 g pour la Terre. Cela à une conséquence sur la chute des météorites qui tombent sur Mars sans connaître le processus de décélération destructive.  Au-dessus de Mars, la pression atmosphérique diminue de moitié chaque fois que l'on s'élève de 12 km contre 5 km sur Terre. C'est dire que l'atmosphère est très étirée. Elle devient plus dense au fur et à mesure que l'on s'élève, sa densité étant comparable à celle de la Terre à 60 000 m, tandis qu'à 120 km, elle est 10 fois plus dense que celle de la Terre. Une conséquence de cette dilatation est la faible décélération subie par un objet en provenance de l'espace, qui pénètrent dans l'atmosphère martienne: 20 g contre 400 g pour la Terre. Cela à une conséquence sur la chute des météorites qui tombent sur Mars sans connaître le processus de décélération destructive.

 

 

Opportunity a trouvé une météorite  de fer
http://www.nasa.gov/images/content/
106160main_mer-meteorite-011905-330.jpg

Opportunity a trouvé une météorite de fer, baptisée "Heat Shield Rock", située à proximité des débris du bouclier thermique.

    Opportunity a trouvé une météorite métallique, c'est la première météorite  de ce type, jamais identifiée sur une autre planète. Cet objet plein de trous, de la taille d'un ballon de basket, n'a jamais été recuit par la traversée d'une atmosphère. Il contient du fer et du nickel. Les spectromètres Mössbauer et  X, du rover,  ont confirmé la nature de la météorite au cours du week-end dernier.

    Seule, une très petite fraction de ce type de météorite est trouvée sur Terre. Les autres sont constituées de roche. Comme exemple, les chercheurs citent la météorite qui forma Meteor Crater en Arizona, dont la composition est similaire. Le Dr Steve Squyres de l'université Cornell, principal responsable des instruments scientifiques des rover a déclaré que c'est une des plus grandes surprises à laquelle il ne s'attendait pas. 

    La météorite baptisée "Heat Shield Rock" est située à proximité des débris du bouclier thermique de Opportunity, sur la surface de Meridiani Planum, une plaine plate, cratérisée, qui est le refuge du rover depuis son atterrissage, il y a déjà un an. Squyres ajouta que jamais il n'avait songé à étudier une telle roche sur Mars. Il était inimaginable qu'une météorite métallique, provenant du manteau d'un planétoïde en formation, capable de différencier le métal et la roche, puisse, un jour, être étudiée sur une planète autre que la Terre. C'est une chance incroyable, surtout qu'elle n'a pas été polluée. 

 

 

 


http://www.marsunearthed.com/CrossEyed_3D/Opportunity316_X3D.JPG
En louchant, vous ferez apparaître une 3e image centrale qui sera en relief

 

   Maintenant, les scientifiques du rover se demandent si certaines roches, aperçues par Opportunity sur la surface, sont bien des météorites rocheuses. Normalement, la planète Mars devrait avoir été percutée par beaucoup plus de météorites rocheuses que métalliques. Pour Squyres, beaucoup de "galets" furent aperçus sur la plaine, augmentant les possibilités que certains soient des météorites. Les semaines à venir vont être mises à profit pour en savoir plus sur ces objets. Le but n'est pas de connaître les météorites, il y en a suffisamment sur Terre, mais d'en apprendre plus sur Meridiani Planum. La quantité est déjà une information sur la manière dont s'érode la plaine ou bien si elle est en train de se constituer.

   L'étude des météorites fait partie des plans scientifiques vitaux de la Nasa et leurs découvertes sur Mars ouvrent de nouvelles possibilités qui incitent à utiliser des robots pour effectuer ce travail. Spirit et Opportunity en montre un exemple éclatant. Avec les missions de retour d'échantillons, ce sera une nouvelle orientation des recherches complémentaires.

   Opportunity et Spirit ont rempli largement leur contrat. Les missions furent étendues de trimestre en trimestre compte tenu de l'excellent état dans lequel ils se trouvent. C'est nettement plus que ce que le trimestre contractuel  prévu. C'est ainsi, qu' à peu de frais, sinon le maintien en place du personnel scientifique, une mission supplémentaire a pu être envisagée, pour arriver à une année d'activité sur le sol martien. Les chercheurs ont ainsi trouvé assez d'éléments pour penser que Mars a eu un passé humide, il y a très longtemps et que les conditions ont peut-être été favorables à l'apparition des premières molécules du vivant.

   Opportunity en route vers le cratère Victoria avait parcouru  5 350 mètres au sol 446 (26 avril 2005). Mais au sol 463 les pilotes luttaient toujours contre un problème bien connu des pilotes du Dakar: l'enlisement dans la région "Etched Terrain". Cela dura jusqu'au 5 juin 2005, où il sortit enfin du piège.

 

Opportunity dans le sable
http://marsrovers.jpl.nasa.gov/gallery/all/1/f/463/1F169294630EFF55E3P1214L0M1.JPG

 

  Quant à Spirit au sol 484, il totalise au compteur 4 310 mètres. Il progresse lentement, au sommet de Husband Hills, à l'intérieur du cratère Gusev. Nous le voyons ci-dessous en train d'étudier un affleurement rocheux.

 

http://www.nasa.gov/vision/universe/solarsystem/mer-011905.html

Spirit étudie un affleurement rocheux
http://marsrovers.jpl.nasa.gov/gallery/all/2/f/484/2F169331154EFFAAB2P1110L0M1.JPG

 
  1. Eaux de ruissellement identifiées

    Mars est aujourd'hui un désert froid et sec mais les satellites et les rovers ont trouvé que par le passé, il y a 3,5 milliards d'années, le climat était chaud et humide et il est possible que les conditions furent favorables à l'installation de la vie.

   Les géologues du Smithsonian National Air and Space Museum's Center for Earth and Planetary Studies ont découvert 21 chenaux dans des vallées martiennes, qui accréditent une nouvelle fois un climat passé favorable.

    Les chercheurs ont déterminé que les fleuves martiens étaient à peu près de la même taille que leurs homologues terrestres, suggérant des quantités de ruissellement semblables lors des orages ou du fonte des neiges rapides. Les résultats apparaîtront dans l'édition de juin 2005 du mensuel Geology.

   Avant la découverte des canaux, les scientifiques ne pouvaient pas déterminer la quantité d'eau qui avait traversé ces vallées.

   L'auteur de l'article, Ross Irwin, géologue au musée, explique: " nous avons pensé qu'il a probablement plu ou neigé, au début et pendant un certain temps, sur Mars, mais jusqu'à ce que nous ayons trouvé des chenaux fluviaux nous n'avions aucune idée sur le fait de savoir si ce fut de la bruine ou des orages ".

   De grandes inondations périodiques découpent des chenaux plus larges, ainsi en mesurant la largeur d'un chenal, les géologues peuvent estimer la taille de l'inondation qui l'a creusé.

   Pour expliquer la largeur des canaux martiens, quelques bassins hydrographiques ont probablement reçu 20 mm ou plus de pluie par jour pendant les orages ou plus de  250 mm de neige fondue lors de journées particulièrement chaudes.

    De plus grands bassins ont provoqué de plus grands chenaux, comme cela se produit sur Terre. Même en restant prudent dans l'estimation de la quantité d'eau véhiculée par les fleuves, cela concorde toujours avec leurs contreparties terrestres en  volume d'eau par seconde au cours de ces anciens épisodes de ruissellement.

    Auparavant, seulement huit chenaux  avaient été trouvés dans des vallées martiennes, deux de ces derniers par Irwin et Howard en 2002. Les nouvelles découvertes ont été faites en utilisant la caméra THEMIS  (Thermal Emission Imaging System) sur la sonde Mars Odyssey qui est actuellement en orbite autour de Mars.

    Durant 3,5 milliards d'années, depuis que l'eau s'est écoulée dans ces chenaux, le fond des vallées fut en partie comblé par le sable soufflé par le vent et les débris d'impacts météoritiques, ainsi le fond des chenaux fut seulement en partie exposé.

   Pour Irwin les chenaux martiens ne semblent pas avoir été actifs presque aussi longtemps que les fleuves terrestres. S' il avait  beaucoup plu chaque jour au cours des nombreux millions d'années, Mars devrait être bien plus érodé. Il semble plus probable que Mars ait été parfois humide avec des intervalles plus secs. Mars pourrait avoir été en permanence un désert, comme celui de l'ouest américain, où l'eau semble avoir coulé abondamment au moins pendant un certain temps.


National Air and Space Museum
University of Virginia
Center for Earth and Planetary Studies
SpaceDaily

  1. Olivine et absence d'eau

   La découverte d’une vaste région martienne riche en olivine renforce les arguments de ceux qui ne pensent pas que l’eau ait un jour coulé en abondance à la surface de Mars. Or l’olivine est un silicate de fer et de magnésium de couleur verte, qui se dégrade en présence d’eau.

Image by: NASA's Mars Odyssey Thermal Emission Imaging System, NASA/JPL/ASU.
http://www.marsdaily.com/images/mars-odyssey-themis-nili-fossae-olivine-desk-1024.jpg

http://www.gsajournals.org/images/0091-7613-33-6i.jpg

   La minéralogie de Mars entourant  Nili Fossae (283° W et 22° N ), a été observée par la sonde américaine Mars Odyssey. Cela a permis d'obtenir cette mosaïque dans diverses bande fréquences: bandes 5 (9,35 µm soit 1070 cm-1), 7 (11,04 µm soit 906 cm-1), et 9 (12,57 µm soit 796 cm-1) . Elles apparaissent respectivement  en bleu, vert et rouge. Dans cette région en grande partie basaltique, les expositions riches en olivine vont du magenta à violet - bleu

 

   C'est sur les images de Mars Global Surveyor (ci-dessous) que fut repéré les traces d'olivine. Quelques concentrations à haute teneur en olivine sont associées  à de petites zones dominées par des sédiments. Les chercheurs favorisent les basaltes riches en olivine comme origine de l'enrichissement observé, bien que plusieurs hypothèses soient viables.  Le rectangle fait 3,03 km sur 37,38 km.


http://www.msss.com/moc_gallery/e01_e06/full_jpg_ctx_map/E05/E0500783.jpg

   En utilisant des nouvelles données  infrarouges en haute résolution de la sonde Mars Odyssey, Victoria Hamilton de l'université de Manoa à Hawaï et Philip Christensen de l'université d'état d'Arizona ont conclu qu'une région connue pour contenir des roches riches d'un minéral commun aux roches éruptives l' olivine (Mg,Fe)2SiO (Volume molaire: 43,67 cm3/mol  voir la structure),  est actuellement 4 fois plus grande que les estimations précédentes. Sur Terre  l' olivine se trouve dans les nodules de péridotites remontés par les volcans. Quand elle est comprimée, elle se transforme en wadsleyite, plus dense, et dont volume molaire est moins élevé.

 Magnésium   25,37 %  Mg       42,06 % MgO
  Fer                14,57 %  Fe        18,75 % FeO
 Silicium         18,32 %  Si        39,19 % SiO2
 Oxygène        41,74 %  O
           ______     ______ 
             100 %             100 % = OXYDE TOTAL

   


http://webmineral.com/specimens/Forsterite.jpg
Copyright © Francesc Fabre / Fabre Minerals

   .Olivine est le nom commun pour une suite de minerais de silicate de fer et de magnésium connus pour se cristalliser d'abord à partir d'un magma et pour survivre en présence d'eau dans des argiles ou des oxydes de fer. Le fait que de l'olivine se trouve sur la surface de Mars et sa sensibilité à l'érosion chimique  intéresse les géochimistes étudiant le temps passé à cet endroit  et ce que cela signifie pour l'histoire du climat  global de Mars.

  Le socle en question est adjacent à Syrtis Major. Cette région présente un intérêt pour les scientifiques parce qu'elle se situe dans une région martienne relativement vieille, contenant des quantités significatives d'olivine, un minerai qui peut s'éroder rapidement en présence de l'eau.

  Ces résultats sont rapportés dans l'édition de juin du journal Geology publié par la Geological Society of America,.

  Basé sur ses signatures infrarouges, cette région avait été précédemment identifiée par le spectromètre thermique de Mars Global Surveyor (MGS TES) (lancé en 1996) comme ayant un enrichissement en olivine (le composant minéral dominant de plusieurs météorites martiennes) par rapport aux basaltes typiques de Mars.

  Le sceptre infrarouge des roches est équivalent à une empreinte digitale qui permet aux scientifiques de déterminer leur composition. En utilisant des données de résolution plus élevée, fournies par le système thermique de formation image de Mars Odyssey (THEMIS) (lancé dans 2001), les chercheurs sont capables d'élargir la limite des régions possédant un fort taux d'olivine  en comparant les spectres infrarouges et les mesures de température, acquises par THEMIS, avec des images de structures géologiques prises dans le visible  par THEMIS et Mars Global Surveyor. La région, au Nord Est de Syrtis Major, fut auparavant estimée à 30 000 km2. Dans la nouvelle étude, les dépôts en question couvre 113 000 km2, soit 4 fois plus grand. En comparaison, la Grande Ile hawaïenne (Big Island) avec ces 5 volcans couvre une surface de 10 500 km2, soit 11 fois plus petite.
 
  Ces basaltes riches en olivine semblent être présents sous forme blocs de roches disposées en couches, exposées par soulèvement tectonique et l'érosion des plus jeunes. Un des résultats de l'étude est qu'au moins certaines de ces roches ont été éclatées sur la surface de Mars, où elles pourraient avoir été exposées à beaucoup plus d'eau et d'érosion que si elles avaient été enterrées, comme ce fut suggéré précédemment.


   Quelle quantité d'eau fut présente sur la surface et pendant combien de temps ? Ce sont de grandes questions qui sont pour l'instant sans réponse. Dans de nombreuses conditions, l'olivine se transforme très rapidement en présence d'eau, ainsi la conservation de tout cette olivine dans une région très vieille est intrigant. Une hypothèse est que ce secteur de Mars n'aurait pas vu beaucoup d'eau. Maintenant que les chercheurs connaissent la distribution détaillée de ces roches riches en olivine, ils vont rechercher plus de données sur les minéraux qui pourraient s'être formés si l'olivine avait été exposée à l'eau à un certain moment de son passé martien. 

   Dans un article publié dans la revue Science en 2003, Philip Christensen et ses collègues soulignaient déjà l’absence de grandes étendues de carbonates, des sédiments qui auraient témoigné de la présence passée d’océans. Sur Terre, les carbonates sont très répandus. L'exemple le plus connu n'est autre que le calcaire, un carbonate de calcium. 

    L'importance des carbonates est multiple. Ces minéraux ne se forment qu'en présence d'eau et ils constituent donc des indicateurs précieux pour la recherche de régions dans lesquelles l'eau liquide a pu séjourner. Les carbonates peuvent précipiter (c'est-à-dire se transformer en petite particules solides) par simple réaction chimique, mais des microorganismes peuvent également intervenir dans le processus. Enfin, lors de leur formation, les roches carbonatées emprisonnent bien souvent des êtres vivants. Elles sont donc très prometteuses pour la chasse aux fossiles martiens. Mais pourquoi y aurait-il des carbonates sur Mars ? 

Evidence for extensive, olivine-rich bedrock on Mars
Issn: 0091-7613 Journal: Geology Volume: 33 Issue: 6 Pages: 433-436
Authors: Hamilton, Victoria E., Christensen, Philip R.
Article ID: 10.1130/G21258.1

http://www.gsajournals.org

Hawaii Institute of Geophysics and Planetology

http://www.msss.com/moc_gallery/e01_e06/images/E05/E0500782.html

 

  1. La structure de l'olivine

Si votre navigateur supporte Java, vous devriez être capable de faire tourner la structure avec votre souris.
atome d'oxygène O
atome de fer Fe ou de magnésium Mg
atome de silicium Si
Système cristallographique: orthorombique.
Volume molaire: 43,67 cm3/mol
La maille du cristal est tracée en rouge.
En noir, on distingue des liaisons entre atomes.

 
Applets disponibles: http://www.le.ac.uk/eg/spg3/atomic.html
Copyright © 2001 Sébastien Merkel: http://merkel.zoneo.net/Structures/olivine.html
http://merkel.zoneo.net/index.php?lang=fr

Laboratoire Sciences de la Terre, ENS Lyon:
http://www.ens-lyon.fr/Planet-Terre/Infosciences/Geodynamique/Chimie-enveloppes/Applets/Images/olivineS2.gif 
Structures minérales:
http://www.ens-lyon.fr/Planet-Terre/Infosciences/Geodynamique/Chimie-enveloppes/Applets/mineral-profond.htm

 

Intérieur de Mars
Schematic of Mars Interior

http://photojournal.jpl.nasa.gov/browse/PIA00974.jpg

 Le modèle courant de l'intérieur de Mars suggère une croûte mince similaire à celle de la Terre, un manteau et un noyau. La croûte fait environ 80 km d'épaisseur dans l'hémisphère sud et seulement 35 km dans l'hémisphère nord. L'intérieur de Mars est connu seulement par déduction des données sur la surface et d'autres valeurs. En utilisant comme paramètres, la taille du noyau et sa masse alors, la taille du manteau et sa masse peuvent être déduits. Cependant, seulement 3 des 4 sont connus et incluent la masse totale et la taille de Mars ainsi que le moment d'inertie. Masse et taille furent déterminées précisément à partir des résultats des missions. Le moment d'inertie fut déterminé à partir des données des Viking et Pathfinder en mesurant le taux de précession de Mars. Ceci a pu être réalisé par le tracking Doppler, puisque la présence d'un noyau liquide peut être discernable par son effet sur le nutation (oscillation de l'axe de rotation). Or, l'absence d'un champ magnétique global indique que le noyau de Mars serait probablement solide, mais tout le monde n'est pas d'accord. La détermination du moment d'inertie est une contrainte importante sur les modèles possibles des profondeurs martiennes. Si le noyau est très dense (c-à-d complètement en fer) et le manteau similaire au manteau terrestre (ou similaire aux météorites SNC originaires de Mars § 4), alors le rayon minimum est d'environ 1 300 km. Mais la densité relativement faible de Mars, comparée aux autres planètes telluriques, indique que son noyau contient probablement une mixture relativement grande de soufre et de fer avec du nickel. Cela conduit à un noyau de 2 000 km de rayon.
Coupe de l'intérieur de Mars

http://www.psrd.hawaii.edu/WebImg/MarsGuts.gif

   Une des choses les plus importantes pour tout savoir sur les planètes est la nature de leurs entrailles parce qu'une grande partie de l'histoire de leur formation et de leur évolution géologique est enregistrée dans la composition chimique et les minéraux à l'intérieur des planètes telluriques. Des évaluations de la composition chimique de l'intérieur de Mars ont été faites sur la base des compositions des météorites martiennes SNC, de raisonnement sur la chimie et d'hypothèses judicieuses. Cependant, jusque récemment, les minéraux à différentes profondeurs pouvaient seulement être devinés parce qu'aucune expérience complète n'avait été entreprise à haute pression et aux températures appropriées à l'intérieur de Mars. Ces expériences ont maintenant été réalisées par les Drs. Constance M. Bertka et Yingwei Fei du Geophysical Laboratory of the Carnegie Institution à Washington. , de raisonnement sur la chimie et d'hypothèses judicieuses. Cependant, jusque récemment, les minéraux à différentes profondeurs pouvaient seulement être devinés parce qu'aucune expérience complète n'avait été entreprise à haute pression et aux températures appropriées à l'intérieur de Mars. Ces expériences ont maintenant été réalisées par les Drs. Constance M. Bertka et Yingwei Fei du Geophysical Laboratory of the Carnegie Institution à Washington. Bien que l'application de leurs expériences à Mars exige toujours quelques hypothèses sur la façon dont la température change avec la profondeur et la composition et la taille du noyau métallique à son centre, Bertka et Fei suggèrent que le manteau martien à deux couches principales une s'étendant sur une largeur de 50 km jusqu'à environ 1 100 km et la seconde de 1 100 km jusqu'à environ 1 800 km et une troisième couche occupant une zone de 100 à 200 km au-dessus du noyau.

   Les expériences de Bertka et de Fei nous donnent une image possible de l'intérieur de Mars. Dans cette image, le manteau le plus élevé se compose d'olivine (voir ci-dessus) et de pyroxène, avec un peu de grenat (un silicate comme l’émeraude ou la topaze) (vert). Ce sont les minéraux assez communs sur Terre, les autres planètes, la Lune, et des astéroïdes. Cependant, à une profondeur  de 1 100 km l'olivine commence à se convertir en une forme plus dense appelée olivine gamma (gamma-spinel) (Fe,Mg)2SiO4, sans changer de composition chimique. La conversion est complète à 1 300 km. Avec la conversion de l'olivine en structure cristalline, le grenat et le pyroxène sont convertis en un minéral appelé majorite, qui possède une structure cristalline comme le grenat, mais est proche du pyroxène par sa composition chimique (jaune). A plus hautes pressions, par conséquent plus profond, il y a une transition relativement brusque à 1 850 km (noir) en une mixture de pérovskite (lui-même une mixture chimique de MgSiO3 et FeSiO3) et magnésiowustite (une mixture de FeO et de MgO) (olivine n pérovskite + magnésiowustite). Le noyau métallique (gris) débute vers 2 000 km et va jusqu'au centre à 3 390 km.

   Une difficulté pour obtenir le schéma ci-dessus est une grande incertitude dans le taux auquel la température augmente avec la pression interne. Bertka et Fei ont employé un profil de température qui suppose que le noyau est encore fondu. Différents profils ont été supposés par d'autres scientifiques, qui peuvent conduire à de légères différences dans les profondeurs impliquées auxquelles les changements minéralogiques principaux interviennent.

   De toutes les structures dans le schéma de Bertka et de Fei, la présence de la couche mince la plus basse du manteau est la plus incertaine. Si le noyau est plus froid que Bertka et Fei le supposent, alors la couche peut ne pas exister. C'est sa présence qui peut affecter la formation des zones éruptives du manteau qui pourraient avoir créé le volcanisme répandu sur Mars. La dynamique de la formation des éruptions dépend de la nature du manteau inférieur, ainsi c'est une interrogation importante à résoudre.

http://www.psrd.hawaii.edu/Aug97/InsideMars.html

Pour en savoir plus sur la structure interne de Mars: http://www.geokhi.ru/~planetology/theses/81_gudkova_and_zharkov.pdf

et aussi: http://photojournal.jpl.nasa.gov/catalog/PIA00974

Reference:

Bertka, Constance M. and Yingwei Fei, 1997, Mineralogy of the martian interior up to core-mantle boundary pressures.
Journal of Geophysical Research, vol. 102, p. 5251-5264.

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