Mars
2 - Aventure spatiale

     Après des débuts hasardeux, le course vers Mars débuta, avec Mariner 4 et Zond 2, à la fin de 1964, guidée par l'étoile Canopus. A partir de Mariner 9 la grande aventure martienne débutait. Les américains avaient définitivement gagné la course.


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  1. L'aventure Mariner

Marsnik-1 (Photo : NASA)
http://nssdc.gsfc.nasa.gov/
thumbnail/spacecraft/
venera1_vsm.gif
  

     Tout commença avec les premières tentatives secrètes des soviétiques le 10 et 14 octobre 1960. La première sonde fut appelé Marsnik 1 (connu aussi sous le nom  Korabl 4 et Mars 1960A) et l'autre Marsnik 2 (connu aussi sous le nom  Korabl 5 et Mars 1960B). A la surprise générale les soviétiques se lançaient dans la conquête spatiale. Mais le manque de puissance des 2 lanceurs fait qu'ils n'atteignirent que 120 km d'altitude.

Mars-1 (photo : NASA)
http://www.space.gc.ca
/asc/img/mars-1.jpg

   Les soviétiques tentèrent à nouveau d'envoyer Spoutnik 22 (rebaptisé Spoutnik 29) le 24 octobre 1962 vers la Planète Rouge. Le dernier étage de la fusée se désintégra avant d'atteindre la vitesse nécessaire pour quitter le domaine terrestre. Cela a failli devenir un élément déclencheur d'une 3e guerre mondiale. Nous étions en pleine guerre froide avec l'affaire de Cuba. Les débris de la fusée furent repérés par le Norad, réseau de surveillance US. Les américains crurent à un départ des plusieurs missiles intercontinentaux.  Les soviétiques réessayèrent quelques mois plus tard et Mars 1 (à gauche) frôla peut-être la planète entre 1 000 et 10 000 km, en juin 1963. Je dis peut-être, car les communications furent perdues alors que la sonde était à 106.106 km de la Terre, depuis elle se trouve sur une orbite solaire de 138,2.106 km / 240.106 km parcourue en 519 jours. Le 4 novembre 1962, têtus, les soviétiques remettent le couvert avec Spoutnik 24 (rebaptisé Spoutnik 31). De nouveau, le dernier étage explosa. Le Norad repéra les débris lors de leur rentrée dans l'atmosphère.

   Pendant ce temps, les américains s'activaient avec le programme MARINER pour relever le défi. Ce programme multiplanète prévoyait l'envoi de sondes vers Vénus et vers Mars. Les premiers Mariner furent des sondes d'études destinées à Vénus, car pendant longtemps, elle avait la faveur des hommes. Puis les scientifiques se rendirent compte que la fougueuse planète serait probablement plus difficile à dompter que le vieux Mars. 

   C'est au cours de 1961 que les américains précisèrent leur programme d'exploration planétaire. Parallèlement à l'étude de Mariner A, qui devait donner naissance à la sonde vénusienne Mariner II, les techniciens du JPL (Jet Propulsion Laboratory) amorcèrent Mariner B destiné à la planète Mars. Un programme ambitieux avec une petite sonde de 500 kg les poussa à la miniaturisation. C'est l'électronique qui sortit vainqueur de ce challenge. Ceci leur permit des missions martiennes impliquant des voyages de 520 millions de km à parcourir en 7 mois avec l'émission et la réception de messages pouvant parcourir 240 millions de km. Pourtant, si les soviétiques semblaient maîtriser les lanceurs, les problèmes américains se compliquèrent. La fusée " Centaur ", utilisant la fusée "Atlas" comme premier étage ne pouvait pas être prête à temps. Pour pouvoir profiter des périodes vénusiennes de juillet/août 1962 et de la période martienne de novembre 1964, il fallait concevoir des sondes capables d'être emportées par une fusée moins puissante: l'Atlas - Agena. C'était un problème difficile à résoudre pour Mariner R (le nouveau modèle vénusien) et pour Mariner - Mars. Mais, la mission vers Vénus étant véritablement une course contre la montre, la sonde martienne fut momentanément oubliée. La sonde Mariner R fut réduite à 212,9 kg avec 23,6 kg d'instrumentation scientifique. Le 11 juin 1962 les 2 sondes étaient en ordre de marche. Mariner 1 (MR - 1) fut lancée le 22 juillet 1962 et ce fut un échec car elle fut détruite en vol lorsque l'officier de tir s'aperçut qu'elle déviait de sa trajectoire et allait s'écraser en survolant des zones habitées, dans l'Atlantique Nord. La déception fut grande, mais la sonde n'était pas en cause, car elle continua à émettre 1mn04s après l'explosion. Cela prouvait combien elle était résistante. Il restait alors MR - 2 qui deviendra Mariner 2. C'est le 27 août 1962 qu'elle partit vers l'Etoile du berger. Elle passa à 34 632km, 109 jours après le décollage, le 14 décembre 1962. Elle se trouva ensuite placée sur une orbite solaire 105,4.106 km / 183,8.106 km parcouru en 346,4 jours et inclinée à 1,664°.

   Après avoir perdu Mariner 3 (261 kg) lancée le 5/11/64 (vitesse finale insuffisante, pb de coiffe) et placée sur une orbite solaire 147.106 km / 196,1.106 km parcourue en 448,7 jours, ils lancèrent Mariner 4 (264 kg), le 28 novembre 1964. Le 30 novembre 1964, juste 2 jours après Mariner 4, la CIA informa la NASA que les soviétiques avaient lancé Zond 2. La première course pour la conquête de Mars était lancée. Mais Zond 2 tomba en panne à mi-chemin (209.106 km), juste comme la sonde précédente, Mars 1. Elle se trouva placée sur orbite solaire 148,1.106 km/206,4.106 km parcourue en 470 jours. Les ingénieurs de la NASA ont plaisanté au sujet d'un " grand esprit galactique " qui a aspiré le  vaisseau soviétique, ne voulant pas qu'il atteigne Mars. Mais ils ont cessé de plaisanter quand Mariner 4 a commencé à se comporter étrangement lorsqu'il traversa la zone où Zond 2 avait échoué. En fin de compte, les craintes se sont avérées infondées et Mariner 4 a continué son voyage. Mariner 4 arriva le 14 juillet 1965 et réussit à prendre 21 clichés. Ce furent les premières images et les premières mesures de l'atmosphère. La sonde passa à 9 846 km. Son trajet fut tracé à partir des cartes dessinées presque un siècle auparavant et améliorée par des observations récentes, où nous remarquons les canaux de Lowell (voir § ci-dessus). L'emplacement des zones à photographier fut déterminé sur cette représentation. 

   Sur la carte ci-dessus, les spécialistes de la Nasa ont reporté les différentes zones couvertes par la caméra de Mariner 4. La ligne noire supérieure représente l'horizon de la sonde au cours des 25 mn de prise de vues. Les zones situées à droite de l'autre ligne se trouvaient dans l'ombre du Soleil.


http://photojournal.jpl.nasa.gov/jpeg/PIA02979.jpg

   Mariner 4 emportait un télescope avec un miroir au béryllium d'une focale de 30 cm. Il était associé à une caméra de télévision qui avait une résolution de 200 points par lignes et 200 lignes par image. Une image de format carré comportait 40 000 pixels (200 x 200) sur 6 bits pour obtenir 64 teintes de gris permettant un rendu acceptable. Le champ est de 1,05° x 1,05°. Un filtre gris a été utilisé. Au total 240 000 informations par images doivent être stockées sur une bande magnétique de 100 m de long à la vitesse de 0,125 mm/s. En raison de la faible puissance de l'émetteur et de la distance séparant l'engin de la Terre soit 216.106 km, la vitesse de transmission fut de 500 bits par seconde. L'équipement de télécommunications consiste en un double émetteur en bande S de 7 W et d'un simple récepteur qui ne pouvaient émettre ou recevoir les données, qu'au rythme de 8,33 à 33,33 bits/s, avec une antenne à grand gain et une autre à faible gain. 

     L'alimentation électrique a été fournie par 28 224 cellules photoélectriques réparties sur 4 panneaux de 176 cm X 90 cm. La puissance fournie était de 310 W au voisinage de la planète Mars. Un accumulateur de 1 200 W/h en Argent/Zinc fut utilisé pour la sauvegarde et les manoeuvres. 

      21 images furent enregistrées pendant le survol qui dura 26 mn. Le 15 juillet 1965 à 13h40 (heure française) les premiers signaux arrivent au JPL. A 14h débute la transmission de la première photo. Elle durera jusqu'à 22h30. Les images parviennent au rythme de 2 par jour. Le samedi 24 juillet 1965 à 17h30 (heure française)  les 21 images ont été transmises. La première photo fera le tour du monde. L'image ci-contre est la n° 10. Elle fut prise à 12 800 km d'altitude. Elle est centrée par 26,8 S et 167,1 W et elle montre la région de Memnonia Fossae. Le grand cratère à droite mesure 156 km de diamètre et fut baptisé Delnev. L'image couvre une zone de 251 km x 267 km.

    Mis à part la dégradation du compteur Geiger et de la sonde à plasma, la mission Mariner 4 fut un succès. Les images ont  montré une surface cratérisée comme la Lune, contrairement à ce que des estimations sur la topographie martienne laissaient espérer (on l'a appris plus tard que les images étaient focalisées sur une région géologiquement la plus ancienne de la planète). Les images ne couvraient que 1% de la surface et s'étendaient de 40° S, 96° W à 40° N, 187° W. Les mesures n'ont pas pu mettre en évidence la présence d'un champ magnétique. Un des grands résultats obtenus fut pour la première la modification du plan de vol au cours de la croisière pour tenir compte d'une expérience d'occultation radio. Pour la première fois, la pression atmosphérique au sol fut estimée entre 4,1 et 7 hP contre 1013 hP sur Terre. 

    Les 15 septembre et 10 décembre 1967 des impacts de météorites sont enregistrés. La mission de Mariner 4 s'acheva le 20 décembre 1967 où tout contact fut perdu. Mariner 4 avait été victime des poussières spatiales sur une orbite solaire 165,8.106 km / 253,3.106 km parcourue en 567,18 jours.

    Hélas l'orbite faisait  survoler les zones de hauts plateaux fortement cratérisés. Les images obtenues ont déçu les politiques et le public qui virent en la planète Mars une copie conforme de la Lune. D'un seul coup une bonne partie du charme s'envola. Plus d'eau, de paysages, de petits hommes verts et plus de crédits. En quelques heures, les rêves de l'humanité s'envolent. Les politiques ne voient plus l'intérêt de poursuivre l'aventure.

    Pourtant les scientifiques ne désarment pas. C'est ainsi que les sondes continuent de s'envoler au rythme des oppositions.  La sonde Mariner 5 (245 kg et 22,4 kg d'instruments) sera envoyée vers Vénus le 14 juin 1967. Elle passera le 19 octobre 1967 à 4 094 km et se trouva injectée sur une orbite solaire de 88,3.106 km/ 98,3.106 km parcourue en 194,63 jours. Le 24 février 1969 et  le 27 mars 1969, la Nasa envoie 2 sondes Mariner 6 et Mariner 7 très perfectionnées. Mariner 6 passa à 3 320 km le 31 juillet 1969 (juste 9 jours après Apollo 11), elle prit 76 images et Mariner 7 passa à 5 août 1969 à 3 518 km et prit 159 images. Elles avaient pour but d'étudier l'atmosphère, de nous faire découvrir le visage de la planète Mars et de relever des données pour étudier les possibilités de vie. Les images de qualité bien meilleure que celle de Mariner 4, donnent aux chercheurs la première occasion de voir le paysage martien et de découvrir que Mars est un monde géologiquement fabuleux. La découverte d'une activité géologique, avec des fractures et des volcans, laissent les scientifiques pantois. Ils étaient loin du paysage attendu, avant l'arrivée des sondes spatiales. Or, ces résultat sont ignorés de la presse et donc du grand public, trop captivés par les missions Apollo. Déjà 3 hommes préparent l'exploit de juillet. Mais le JPL était aussi sur la réserve par suite des résultats de Mariner 4 qui virent beaucoup de rêves anéantis.

    Les sondes Mariner 8 et 9 formaient la 3e et dernière paire des années 60. Elles étaient les premières sondes destinées à se mettre en orbite martienne. Elles marquent la transition entre l'étude éclair et l'étude permanente de la Planète Rouge. Construites à l'identique, leur masse est de 997,9 kg pour 63,1 kg d'instruments scientifiques dont une caméra sophistiquée. D'une hauteur de 2,28 m l'envergure est de 6,89 m (4 panneaux solaires de 2,15 x 0,90 m chacun). Mariner 8 fut lancée le 8 Mai 1971, mais une défaillance du 2e étage mit fin au suspense du lancement. La sonde s'abîme dans l'océan Atlantique, à 560 km au nord de Puerto Rico. Ce désastre précipita le départ de sa soeur jumelle, Mariner 9, le 30 mai 1971. 

   La sonde Mariner 10 (433 kg) décolla le 3 novembre 1973 de Cap Canaveral à destination de Mercure. La sonde américaine,  en utilisant la réaction de gravitation à proximité de Vénus, survola Mercure par 3 fois en 12 mois  1974/75 (1er survol le 29-3-74 à 756 km, 2ième le 21-9-74 à 48 069 km et enfin le 3ième à 327 km le 16-3-75 ). Elle recueillit 2 363 photos couvrant la moitié de la surface et dont la résolution varie de 100m à 5km; certains détails de 50 m furent visibles sur certaines images. La mission Mariner 10 requerra plus de corrections de trajectoire que n'importe quelle autre mission. Non seulement ce fut la première à utiliser la réaction de gravitation, mais elle fut aussi la première à utiliser les panneaux solaires pour se propulser. Les scientifiques jouèrent avec les panneaux comme avec des voiles pour assurer les corrections de trajectoire.

  Les soviétiques ont continué d'envoyer des sondes. Le 21 juillet 1973, ils lancent Mars 4. La mise en orbite échoue et Mars est survolé à 2 200 km le 10 février 1974. Le 25 juillet, c'est Mars 5 qui s'élance à la conquête de la Planète Rouge. La mise en orbite martienne s'effectue le 12 février 1974. Elle est décrite en 25 h et inclinée à 35° avec un périapse à 1 760 km et l'apoapse à  32 500 km. Ils essaient à nouveau, le 5 août 1973, avec Mars 6. L'atmosphère martienne est abordée le 12 mars 1974 par la capsule d'atterrissage. Elle devint muette peu de temps avant de toucher le sol, après avoir eu le temps de transmettre, entre autres, des données sur la température, la pression. Elle toucha le sol par 23,9° S et 19,5° W. Enfin, Mars 7, dont le lancement est survenu le 9 août 1973, va atteindre la planète Mars le 9 mars 1974. Hélas son moteur de manoeuvre refuse de fonctionner. La sonde passe à 1 300 km de Mars et se met en orbite solaire. 

   L'apothéose martienne sera atteinte par l'atterrissage des sondes américaines Viking 1 et Viking 2 en 1976.

  1. Mariner 9

Mariner 9
http://www.nasm.si.edu/research/ceps/etp/mars/marsimg/mariner9.jpg

   Mariner 9 combina les missions des 2 sondes. Mariner 8 devait procéder à la couverture totale de la planète et Mariner 9 était spécialisée dans les détails. Mariner 8 devait se mettre en orbite presque polaire à 1 250 km et Mariner 9 une orbite légèrement inclinée sur l'équateur pour une période orbitale de 20h30. Cette orbite devait permettre de visualiser les modifications saisonnière de l'atmosphère permettant une répétitivité de 5 jours entre 2 passages au même point. En outre Mariner 9 devait photographier Phobos et Deimos.

   Le voyage se déroula sans histoire est la mise en orbite s'effectua le 14 novembre 1971. C'était le premier engin en orbite autour d'une planète autre que la Terre. Pour palier à l'absence de Mariner 8, un compromis installa Mariner 9 sur une orbite  1 292 x 17 810 km de 11,98 h (synchronisée avec les observations de l'antenne de Goldstone) inclinée à 64,28°. A l'arrivée de la sonde, c'était l'été dans l'hémisphère sud et une violente tempête de poussières régnait, enveloppant toute la planète et rendant la mission photographique impossible. Cette tempête fut d'ailleurs fatale aux 2 sondes soviétiques Mars 2 et Mars 3 qui transportaient un orbiter et un lander. Mars 2 prend son départ le 16 mai 1971. Après 3 corrections de trajectoire, une capsule, est larguée le 27 novembre, avec un système moteur lui permettant d'aborder l'atmosphère martienne, tandis que l'orbiter se plaçait sur une orbite décrite en 18 h à 1 380 km / 25 000 km, inclinée à 48°54' . La capsule se pose, muette. Les soviétiques diront que c'est un drapeau. Lancé le 28 mai, Mars 3 se satellise le 2 décembre après avoir largué une capsule active. Elle se pose par 158° W et 45° S dans la mer de Simoïs à 13h49mn05s TU et 90 s après son arrivée elle commence à émettre des signaux vidéo pendant 20 s vers l'orbiter, qui gravite sur une orbite elliptique décrite en 12 j à 6 320 km / 124 000 km, qui les renvoie vers la Terre à 2 reprises les 2 et 5 décembre.

   Les capsules furent larguées au coeur de la tempête. Les soviétiques n'ont pas pu reprogrammer les sondes en fonction du changement des conditions atmosphériques, ce que l'électronique américaine a pu faire. Quant aux 2 orbiters soviétiques, ils ne prirent que des images du sol au travers les nuages de poussières recouvrant Mars. Les nuages de poussières avaient 5 000 m d'épaisseur et la poussière avait la consistance du talc. Mariner 9 attendit patiemment la fin de la tempête pour entreprendre sa mission. A la fin de celle-ci, le 27 octobre 1972, elle avait pris 7 329 images en 698 orbites et 349 jours de mission. Elle restera environ une cinquantaine d'années sur son orbite. Elle pénétrera dans l'atmosphère martienne aux environs de 2022. Une incertitude existe car nous ne connaissons pas l'influence des perturbations des divers objets célestes.

    La mission commença au début janvier 1972, après la fin de la tempête. La totalité de la surface fut photographiée avec une résolution de 100 m et 1 km. La découverte du volcanisme et surtout de la grande faille furent une agréable surprise et l'enthousiasme fut à son comble au fur et à mesure de l'arrivée des images des volcans, des failles et des calottes polaires. Une puissante force intérieure, qui avait été insoupçonnée, a provoqué la grande fracture qui fut baptisée la Vallée de Mariner " Valles Marineris ". La géologie était plus variée que le laisser supposer les images de Mariner 4.  Surtout, la différence des hémisphère australe et boréale fut une véritable révélation. Et la surprise fut totale lorsque certaines images faisaient penser à des rivières ou des fleuves. Des études de l'atmosphère  complétèrent celles des 3 missions précédentes. De plus des vues rapprochées des satellites Phobos et Deimos anéantirent à tout jamais la nature artificielle de ces objets. Pour la première fois nous voyions des objets de forme patatoïde. A la fin de la mission la totalité de la planète Mars avait été photographiée.

   Les sondes Mariner 8 et Mariner 9 furent construites dans un châssis à base de magnésium de forme octogonal et mesurant 45,7 cm de profondeur pour 138,4 cm de diagonale. Elles étaient équipées de 4 panneaux solaires de 2,15 x 0,90 m déployés autour du châssis, sur lesquels étaient fixées 14 742  cellules photoélectriques formant une surface de 7,7 m2 et fournissant 500 W électrique au voisinage de Mars. L'énergie électrique fut stockée dans une batterie cadmium - nickel de 20 Ah. Deux réservoirs de propulsion pour les manoeuvres étaient montés au sommet du châssis, ainsi qu'un mât de 1,44 m de longueur pour l'antenne à faible gain et l'antenne parabolique à grand gain.

    Une plate-forme à balayage était installée au-dessus du châssis, sur laquelle était fixée le bloc scientifique de 63,1 kg comprenant une caméra de télévision équipée d'objectif à courte et longue focale, d'un radiomètre infrarouge, un spectromètre ultraviolet et un interféromètre infrarouge. L'électronique était enfermée à l'intérieur du châssis.

    La propulsion était assurée par des moteurs suspendus capable de fournir 1,34kN de poussée et de subir 5 ré-allumages. Le carburant était constitué de monométhyle d'hydrazine et de tétroxyde d'azote. Deux ensembles de contrôle d'attitude 6 axes à jets d'azote étaient montés aux extrémités des panneaux solaires. Le contrôle du positionnement dans l'espace était assuré par un senseur solaire et un senseur stellaire fixant l'étoile Canopus (voir §7) et une unité de référence inertielle composée d'un gyroscope et d'un accéléromètre. La commande thermique passive a été réalisée par l'utilisation des auvents sur les 8 côtés du châssis et des résistances thermiques.

   Le cerveau était constitué d'un ordinateur central équipée d'une mémoire de 512 mots. Le système de commande a été programmé avec 86 commandes directes, 4 commandes quantitatives et 5 commandes de contrôle. Des données ont été stockées sur un magnétophone à bandes. La bande de 168 m, à 8 pistes, peut stocker 180 Mbits au rythme de 132 kbits/s. La lecture peut être faite à la cadence de 16, 8, 4, 2 et 1 kbits/s sur 2 pistes en même temps. Les transmissions furent exécutées à l'aide de 2 émetteurs en bande S de 10 W et 20 W et d'un simple récepteur avec l'antenne parabolique à grand gain
, l'antenne cornet de gain intermédiaire ou l'antenne omnidirectionnelle à faible gain.

organisation autour de Mariner 9

http://cmex-www.arc.nasa.gov/CMEX/Mariner%209.gif

   Le succès de cette mission ouvrit la voie à l'étape suivante: les Viking, en construction lors de la mission de Mariner 9, pourront débarquer sur Mars en 1976. Les USA auront définitivement gagné la course vers Mars, les soviétiques se focalisant sur l'étude de Vénus.

images Mariner 4:   http://nssdc.gsfc.nasa.gov/imgcat/html/mission_page/MR_Mariner_4_page1.html

marsnik: http://nssdc.gsfc.nasa.gov/database/MasterCatalog?sc=MARSNK1

  1. Chassis en magnésium

   La sonde Mariner 3 fut lancée le 5 novembre 1964. Hélas, l'étage "Agena" ne fonctionna que 92s au lieu des 96s prévues. Or, les dernières secondes sont les plus importantes. Très allégé, puisque débarrassé de la majeure partie des propergols, l'étage doit alors enregistrer un gain de vitesse considérable. Par ailleurs, les signaux de Mariner 3 sont anormaux et prouvent que les panneaux solaires ne se sont pas déployés. Des tentatives effectuées pour les débloquer, échouent. C'est la condamnation à mort de la sonde, désormais incapable de recharger ses batteries. Le 6 novembre à 6h (heure française) c'est le silence définitif.

   Après des recherches, l'explication fut trouvée. Le carénage aérodynamique, qui protégeait la sonde lors de la traversée des couches denses de l'atmosphère, devait être largué au bout de 5mn30s. L'éjection ne put se faire correctement. Ainsi s'explique le fait que l'étage finale, alourdi, n'ait pu atteindre la vitesse requise et que les panneaux solaires, bloqués par le dôme, n'aient pu se développer.

   Les ingénieurs trouvèrent donc sage de mettre à profit les 4 semaines que durerait encore la fenêtre martienne pour soumettre la 2e sonde, Mariner 4, à de nouveaux essais et, surtout, étudier un nouveau carénage de magnésium, plus classique que la fibre de verre adoptée pour Mariner 3. Après le lancement de Mariner 4, lorsque les scientifiques apprirent que l'étage Agena s'était débarrassé de son carénage, permettant aux panneaux de se déployer normalement, l'inquiétude fit place à l'espoir. Ils avaient raison et nous avons vu que la mission fut un succès.

     

  1. Tableau des missions martiennes

   Si les soviétiques étaient bons en moteur fusée, grâce à Korolev, l'électronique américaine était très performante permettant une programmation en cours de route. La bureaucratie soviétique a eu raison du programme martien soviétique.

Sondes Pays

Lancement

Arrivée Bilan Remarques
01 Marsnik 1 (Korabl 4) URSS 10 Oct 1960 Echec explosion du 3e étage
02 Marsnik 2 (Korabl 5) URSS 14 Oct 1960 Echec explosion du 3e étage
03 Spoutnik 29 (Korabl 11) URSS 24Oct 1962 Echec explosion du 3e étage
04 Mars 1 URSS 1 Nov 1962   Echec perte des télécommunications
05 Spoutnik 31 ( Korabl 13 URSS 4 Nov 1962 Echec explosion du 3e étage
06 Mariner 3  USA  5 Nov 1964 Echec vitesse finale insuffisante
07 Mariner 4   USA  26 Nov 1964 14 Juil 1965 Succès
08 Zond 2 URSS 30 Nov 1964 Echec panne des panneaux solaires
09 Zond 3 URSS 18 Juil 1965 ½ Echec atteint l'orbite de Mars muette
10 Mars - 69 (521) URSS 27 Mars 1969   Echec explosion au décollage
11 Mars - 69 (522) URSS 2 Avr 1969   Echec explosion au décollage
12 Mariner 6 USA  24 Fév 1969 31 Juil 1969 Succès
13 Mariner 7 USA  27 Mar 1969 5 Août 1969 Succès
15 non communiqué URSS 27 Mar 1969 Echec Pb au décollage ?
16 non communiqué USA  14 Avr 1969 Echec Pb au survol
17 Mariner 8 USA  8 Mai 1971 Echec défaillance du 2e étage
18 Kosmos 419 URSS 10 Mai 1971 Echec Pb 3e étage
19 Mars 2 URSS 19 Mai 1971 27 Nov 1971 Echec le lander s'écrase
20 Mars 3 URSS 28 Mai 1971 2 Dec 1971 Echec Pb à la descente
21 Mariner 9 USA 30 Mai 1971 14 Nov 1971 Succès
22 Mars 4 URSS 21 Juil 1973 10 Fev 1974 Echec Pb en orbite
23 Mars 5 URSS 25 Juil 1973 12 Fev 1974 ½ Echec Pb en orbite
24 Mars 6  URSS 5 Août 1973 12 mar 1974 Echec Pb à la descente
25 Mars 7 URSS 9 Août 1973 9 Mar 1974 Echec Pb à l'atterrissage
26 Viking 1 USA 20 Août 1975 20 juil 1976 Succès Atterrissage
27 Viking 2 USA 9 Sep 1975   3 Sept 1976 Succès Atterrissage
28 Phobos 1 URSS 5 Août 1988 Echec contact perdu 15 j plus tard
29 Phobos 2 URSS 9 Août 1988 29 Jan 1989 Echec contact perdu le 27 mars
30 Mars Observer USA 15 Sept 1993 Echec contact perdu au bout de 2 mois
31 Mars Global Surveyor USA 7 Nov 1996 11 Sept 1997 Succès Toujours en activité (avr 2000)
32 Mars 96 Russie 16 Nov 1996 Echec Pb de booster
33 Mars Pathfinder USA 4 Dec 1996 4 Juil 1997 Succès Atterrissage
34 Nozomi Japon 3 Juil 1998 14 dec 2003 ½ Echec survol aveugle
35 Mars Climate Orbiter USA 11 Dec 1998 23 Sept 1999 Echec Pb entre inch et cm
36 Mars Polar Lander USA 3 Jan 1999  3 Dec 1999 Echec Moteur de descente arrêté trop tôt
37 Mars Odyssey USA 7 Avril 2001 23 Oct 2001 Succès Toujours en activité (avr 2000)
38 Spirit USA 10 juin 2003

3 Janv 2004

Succès Atterrissage
39 Opportunity USA 7 Juil 2003

24 Janv 2004

Succès Atterrissage
40 Mars Reconnais. Orbiter USA 10 août 2005      
41 Phoenix USA 2007      
42 Mars Science Laboratory USA 2009      

  1. Canopus ou Alpha Carinae

   Située dans l'hémisphère australe, la Carène ressemble à un losange couché et étiré vers la Poupe. A un cet endroit, se trouve l'étoile Canopus qui sert de phare aux sondes interplanétaires. 

    Canopus ou Alpha Carinae est l'étoile la plus brillante de la Carène. C'est aussi la 2e étoile la plus brillante du ciel de magnitude visuel 0,62. C'est une super géante de couleur blanc jaunâtre. Sa déclinaison est de −52° 42' (2000) et l'ascension droite de 06h24mn. Elle devient visible sur l'horizon sud des côtes africaine de la mer méditerranéenne.

    Canopus est à 310 al (96 parsecs) de nous, selon les mesures d'Hipparcos et elle est 14 000 fois plus lumineuse que le Soleil.

 

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